«Je me suis mordue la langue», dernière oeuvre de Nina Khada

cinéma

La jeune cinéaste franco-algérienne Nina Khada fait de nouveau parler de son travail depuis Ouagadougou (Burkina-Faso) où elle a décroché récemment le Poulain d’argent du court métrage documentaire du 27e le Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco) pour son dernier film «Je me suis mordue la langue». Sorti en 2020, ce documentaire d’une durée de 25 mn a déjà pris part à une quinzaine d’événements cinématographiques en Tunisie, en Egypte, en Suisse, au Liban, en France, au Canada, ou encore au Brésil.
Véritable quête identitaire entreprise par une franco-algérienne qui a vécu toute sa vie en France, ce court métrage relate l’histoire d’une algérienne, qui dit avoir perdu la langue de sa grand-mère et n’arrive pas à s’exprimer en arabe dialectal. S’accrochant à de lointains souvenirs de ses grands-parents et de leur langue dialectale, elle prend les rues de Tunis comme substitue du pays de ses ancêtres pour tenter d’y retrouver une part de son identité. A Tunis, elle parle de son problème aux passant qu’elle filme, une vielle dame lui recommande de retourner en Algérie et qu’une langue ça ne s’oublie pas, des enfants lui conseillent de parler aux gens dans la rue pour réapprendre, alors que d’autres lui suggèrent plus simplement de chanter.
A tout âge les intervenants estiment que perdre sa langue c’est perdre la mémoire et ne comprennent pas vraiment qu’on puisse réellement perdre l’usage d’une langue et être à ce point coupé des siens.
Au détour de chacune de ses rencontres, Nina Khada propose des plans urbains nocturnes intéressants des quartiers populaires de la capitale tunisienne et pose parfois sa voix pour se confier le long d’un voyage en train de nuit dans la banlieue ou en bord de mer.
Réalisatrice et monteuse, Nina Khada a travaillé sur le montage de nombreuses œuvres avec des réalisateurs comme Hassan Ferhani et Karim Moussaoui, elle réalise son premier court métrage documentaire, «Fatima», qui parle de sa grand-mère sur la base d’archives coloniales françaises.
Après «Je me suis mordue la langue», Nina Khadda travaille actuellement sur le développement de son premier court métrage de fiction intitulé «La veillée».
R.C.