L’Algérie opère une réforme «exhaustive»

La suppression des subventions publiques approuvée

L’Algérie s’apprête à mettre fin à une pratique traditionnelle de son économie. Après des années d’hésitation et sous la pression du Fonds monétaire international (FMI), l’Etat décide d’arrêter les subventions générales accordées de manière unilatérale, sans aucune contrepartie. Ces aides financières profitaient aux pauvres comme aux riches, ce qui a creusé les inégalités sociales.
La réforme du système de subventions généralisées ne signifie pas l’abandon des pouvoirs publics de l’Algérie, mais plutôt soutenir les personnes les plus pauvres et qui ont le plus besoin de ce soutien financier.
La réforme de la politique des subventions publiques a été introduite cette année dans le texte du Projet de loi de Finances 2022, adopté avant-hier, à l’unanimité à l’Assemblée Populaire nationale (APN). «Les mesures prévues par le PLF 2022 liées à la réforme de la politique de subvention sociale «consacrent l’orientation sociale de l’Etat, une orientation traduisant les principes du 1er Novembre», a indiqué, le Premier ministre et ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, lors d’un point de presse animé en marge de la séance de vote.
La suppression des subventions généralisées des produits de bases, du pain, de l’huile, du lait a été votée par les députés dans le cadre du PLF 2022 et seront remplacées par un autre programme ou dispositif de compensation, ciblant précisément aux plus nécessiteux et réponde, entre autres aux injonctions du FMI, tant attendu. La politique de subventions publiques adoptées depuis des décennies pour garantir la paix sociale a pour longtemps été un sujet de discorde et qui divise. Ces aides financières allouées unilatéralement par l’Etat «représenteront encore pour 2022 un total de 17 milliards de dollars, contre 30 à 41 milliards de dollars pour le système de subventions en vigueur jusqu’à présent», a indiqué le chef du Gouvernement. La situation économique du pays aujourd’hui ne peut supporter des dépenses supplémentaires de l’Etat qui a déjà largement ouvert son portefeuille pour couvrir les dépenses et les imprévus de l’année 2022. La levée controversée des subventions généralisées est approuvée par les députés sous certaines conditions. Arrêter les subventions des produits de base (lait, pain, huile…) aux ménages aisés qui profitent jusqu’à 80% de ces aides financières et les consacrer aux ménages les plus faibles. L’Algérie est déterminée à mettre fin à ce système d’aide budgétivore qui coûte des milliards à l’Etat. Désormais, les pouvoirs publics ciblent uniquement les plus nécessiteux. Le chef du Gouvernement a affirmé, la semaine dernière, devant les parlementaires et la Commission ad hoc la mise en place d’un «dispositif national de compensation monétaire au profit des ménages qui y sont éligibles», précisant que «ce dispositif sera mis en oeuvre suite à la révision et l’ajustement des prix des produits soutenus, sera concrétisé à travers un programme de transfert monétaire direct au profit des ménages qui y sont éligibles ». Cette nouvelle politique ou philosophie permettra à l’Algérie d’épargner et financer les infrastructures de la santé et de l’éducation, stimuler la croissance et générer de l’emploi.
L’Algérie franchit ainsi un pas important vers la promotion d’un nouveau modèle économique qui sera accompagné par d’autres réformes structurelles. Plusieurs autres rajouts ont également concerné «la condition de définir les mécanismes et procédures nécessaires par le dispositif susmentionné avant de procéder à la révision des prix soutenus et la définition des compensations monétaires directes destinées aux ménages éligibles», a souligné le chef du Gouvernement. La composition du dispositif national d’indemnisation en numéraire pour les familles qui «y sont éligibles a été fixée au titre d’amendements apportés à l’article 187 du Projet de loi de Finances (PLF 2022)», selon le communiqué de l’APN. Cet article amendé précise la composition dudit dispositif qui est «constitué notamment des départements ministériels concernés, de membres des deux chambres du Parlement, des experts économiques concernés, ainsi que des organisations professionnelles». Il déterminera, également l’amendement des prix des produits subventionnés, qui se fait après la détermination des mécanismes et des procédures par le dispositif mentionné, dans le but de fixer les indemnisations destinées aux familles nécessiteuses de transferts directs en numéraire, pour peu que les modalités de l’application de cet article soient fixés par des textes réglementaires, notamment, la liste des produits subventionnés et concernés par la révision des prix, les catégories des familles ciblées, les critères d’éligibilité, en vue de bénéficier de cette indemnisation, ainsi que les modalités du transfert monétaire», a précisé un communiqué de l’APN. Malgré les heurts, l’Algérie supprime enfin les subventions publiques et les remplace par un système de ciblage .
Samira Takharboucht