Les services des douanes en ligne de mire

La fermeture des ports secs causent 2,2 milliards DA de pertes pour le Trésor public

Fluidifier l’échange de marchandises, réduire les délais de déchargement et chargement des ports et moderniser les  matériels de manutention sont au préalable les problèmes majeurs à résoudre par les services de douanes qui sont aujourd’hui mis en cause dans les pertes causées au Trésor publics et aux opérateurs économiques. La décongestion des ports  devrait, pourtant, faire l’objet d’une prise en charge particulière, notamment, depuis la fermeture des ports secs qui a eu des conséquences désastreuses sur l’économie nationale, particulièrement, sur les caisses de l’Etat qui sont déjà soumises à de rude épreuve. «La décision de fermeture des ports secs avait infligé de lourdes pertes financières aux opérateurs, soit 4.090 emplois perdus, en sus d’une perte annuelle du chiffre d’affaires de 7,7 milliards DA, une perte annuelle de 9 milliards DA au titre des investissements gelés ainsi qu’une perte annuelle de 2,2 milliards DA pour le Trésor public», ont indiqué les opérateurs économiques, avant-hier, lors de l’intervention des gestionnaires des ports secs devant la Commission des affaires économiques, du développement, de l’industrie, du commerce et de la planification à l’Assemblée populaire nationale (APN).
La fermeture définitive des ports secs annoncée par les Douanes, il y a six mois,  n’a fait que perturber l’activité portuaire, réduit le flux des marchandises au niveau des ports maritimes (baisse des recettes en devises) et augmenter les surestaries.  Un coût exorbitant supporté par le Trésor public et les opérateurs économiques contraints de payer les frais de location et le retard de déchargement ou de rechargement des marchandises. Le problème risque de s’aggraver et de provoquer la grogne des entreprises qui ont appelé les autorités concernées à intervenir afin de mettre fin à cette situation. Sollicitant particulièrement les services de douanes à réagir et à prendre les mesures nécessaires afin de réduire les pertes de l’Etat et des opérateurs économiques.
Au mois d’août dernier, le ministre des Transport a épinglé les douanes et a ordonné l’accélération de la décongestion des ports maritimes, appelant «les entreprises portuaires du pays à créer des zones et des espaces de stockage des marchandises (conteneurs) hors portuaires pour éviter la congestion et alléger la pression sur les ports», rappelle-t-on. Le Directeur général des Douanes algériennes Noureddine Khaldi, a reconnu, durant la même période, que la lenteur de traitement des délais de déchargement et de chargement des marchandises (conteneurs) qui restent de «longues périodes générant des surcoûts à l’Etat en raison des surestaries où les marchandises restent une période sur les quais des ports pour leur chargement ou leur déchargement», avait-il souligné.
Il a promis de mettre en place les moyens nécessaires pour fluidifier les échanges de marchandise, insistant sur l’importance de la modernisation des systèmes douaniers afin de simplifier les procédures dans les ports. Ce qui tarde à venir, malgré l’insistance du ministre des Transports, Aïssa Bekkaï, pour la mise en œuvre de «mesures opérationnelles susceptibles de résoudre le problème de surcharge enregistré au niveau de certains ports, notamment le port d’Alger».
Trois mois plus tard, les gestionnaires des ports secs et les opérateurs économiques pointent la lenteur administrative dans le traitement des délais, réduit préalablement entre 3 et 5 jours.
Ce qui n’est pas vrai, selon les exportateurs qui se plaignent aussi du «danger de stocker certains produits périssables, au niveau des ports humides, et nécessitant une norme spéciale pour éviter tout éventuel décomposition ou pourrissement, étant donné que le port d’Alger est destiné uniquement au transit», ajoutant qu’à cet effet, «l’impératif de relancer leurs activités afin de contribuer directement au développement de l’économie nationale», ont indiqué les gestionnaires des ports secs, évoquant les coûts exorbitants que cette lenteur cause à l’Etat et à l’économie nationale. Ils ont appelé à revoir ou à examiner «les raisons derrière cette décision qui a mis fin à la source de subsistance de milliers de familles algériennes et privé le commerce extérieur d’une source de financement efficace pour le développement économique».
Pour rappel, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune avait ordonné la fermeture immédiate des ports secs non conformes au mois de juin dernier.  Cette décision répondait à une politique de rigueur, mais surtout d’assainissement des ports et de l’activité import-export qui a longtemps encouragé l’usage de la sous-facturation et de la surfacturation, impactant négativement les réserves de changes.
Il est toutefois du rôle des douanes d’engager plus de rigueur et de sérieux dans les ports afin d’éviter les pertes colossales que connaît l’activité portuaire depuis quelques mois.
Samira Takharboucht