La coopération entre Alger et Abuja est au beau fixe

Constructions du gazoduc transsaharien, de ports et d’autoroutes…

Le gazoduc transsaharien, appelé également le gazoduc Nigal représente un enjeu de taille pour l’Algérie et le Nigeria. Ce méga projet génère de nombreux défis pour le secteur énergétique et les deux partenaires. Il importe aussi d’apporter des réponses concrètes aux principaux clients européens et au marché africain qui traverse depuis des années une grave crise énergétique. Ce gazoduc a été conçu, initialement, pour enrayer cette crise et redynamiser par conséquent les relations économiques entre les deux pays partenaires et les autres pays africains, en profitant de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Une opportunité aussi pour le Nigeria pour valoriser son gaz.
Revenant sur l’importance du gazoduc Nigal dont la réalisation est à la traîne depuis plus de dix ans à cause du manque de financement, l’ambassadeur du Nigeria à Alger, Mohammed Mabdul a affirmé, avant-hier, que «c’est un projet très important qui générerait beaucoup d’argent à la fois pour le Nigeria et les autres pays qui y participent».
Concernant le niveau de mise en œuvre du projet TSGP, l’ambassadeur a indiqué que «la réalisation du tronçon traversant le Nigeria avance très vite et dès qu’il atteindra Kano (région frontalière avec le Niger) il sera connecté à la frontière nigérienne et de là passera vers l’Algérie». Le choix de l’Algérie comme partenaire n’est pas fortuit a fait savoir substantiellement le diplomate nigérian qui a mis en avant l’expérience algérienne dans le secteur et sa connaissance du marché européen, étant l’un des fournisseurs majeurs en gaz naturel des pays européens.
En effet, l’Algérie exporte le gaz naturel vers plusieurs pays européens via trois gazoducs avant d’annoncer la fermeture officielle du Gazoduc Gaz Maghreb Europe (GME), traversant le Maroc pour alimenter la péninsule ibérique (Espagne, Portugal).
L’Italie est actuellement approvisionnée via le gazoduc TransMed (trans-méditerranéen), tandis que le Medgaz assure depuis la fermeture du GME la totalité de l’approvisionnement en GN de l’Espagne. Pour renforcer ses exportations du gaz vers l’Europe, l’Algérie a insisté sur la réalisation accélérée du Gazoduc transsaharien et préserver sa position de fournisseur de gaz de l’Europe. Maintenir un certain pôle position, en dépit des critiques et des attaques récurrentes de ses détracteurs. Le Nigeria, de son côté, espère profiter de cette opportunité pour renforcer ses exportations de GN et surtout pour générer de la devise. Idem pour l’Algérie. Certes, la question des droits de passage ou de royalties n’est pas à l’ordre du jour. L’urgence pour les deux pays actuellement est de montrer concrètement ce projet, à la traîne depuis des années.
Dans sa déclaration au quotidien nigérian ‘’Punch’’, l’ambassadeur a assuré que «l’avantage économique du projet de Gazoduc Trans-Saharan Gas-Pipline (TSGP), reliant le Nigeria à l’Europe via l’Algérie, sera énorme pour toutes les parties concernées», mettant en perspective les capacités de production de gaz et les réserves «inexploitées» qui s’élèvent à des dizaines de milliards de mètre cubes. «Le Nigeria pourrait fournir à travers ce Gazoduc 30 milliards m3 de gaz par an et les réserves de gaz au Nigeria sont quasi-illimitées», a-t-il indiqué.
Pour M. Mabdul, l’expérience algérienne dans ce secteur ne sera que bénéfique, évoquant «les capacités dont dispose l’Algérie en matière de transport et de liquéfaction du gaz». Ce qui permettrait de valoriser le gaz nigérian.
«A l’heure actuelle, l’Algérie fournit une bonne partie des besoins en gaz de la plupart des pays européens. Elle dispose d’un réseau de gazoducs de plus de 2.000 km. Son principal gisement de gaz, Hassi R’mel, possède la quatrième plus grande réserve de gaz au monde», a-t-il souligné, ajoutant que «grâce à son infrastructure gazière et son réseau de Gazoduc, l’Algérie est en mesure de connecter le champ gazier de Hassi R’mel à celui du Nigeria en passant par le Niger».
Les deux pays entendent aussi relever les défis sécuritaires pour sécuriser les exportations de gaz d’ici 2027. Pour rappel, le gazoduc Nigal figurait parmi les projets majeurs envisagés par l’Algérie au côté de celui de Galsi. Dans son entretien, M. Mabdul a souligné le rôle important de l’Algérie dans le développement du commerce intra-africain, exprimant son souhait de voir «la concrétisation de lignes aériennes reliant Alger à Abuja et Lagos, pour faciliter les déplacements des communautés d’affaires des deux pays». Plusieurs autres projets sont au programme de la coopération bilatérale entre les deux pays dont celui «de câbles à fibre optique qui vise à renforcer la connectivité internet entre l’Afrique et l’Europe ainsi que le projet de la route transsaharienne de 9.900 km qui traverse également le Tchad et le Mali, a atteint un taux d’achèvement d’environ 90 %», a-t-il fait savoir, précisant que «la partie algérienne a terminé la sienne et n’attend que l’inauguration». Trois ports seront construits pour soutenir ce projet. «Il s’agit du port en eau profonde à Lagos, d’un port qui serait construit dans une ville côtière en Algérie et un troisième prévu à Gabès, en Tunisie».
Samira Takharboucht