Le secteur informel échappe toujours au radar de l’Etat

SECTEUR INFORMEL Le marché parallèle représente 50% de l’économie

Une grande partie des actifs surtout des jeunes, travaille dans le secteur de l’informel. Dans un dernier rapport de la Banque mondiale (BM), la contribution de ce secteur à l’économie nationale avoisine les 50%, et représente 30% du Produit intérieur brut (PIB), alors qu’en Tunisie le taux s’élève entre 30 à 40% et touche particulièrement les jeunes. La situation s’est aggravée depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19 qui a eu des répercussions visibles sur les jours de travail, le rendement des entreprises et surtout l’emploi. Plusieurs entreprises, travailleurs et jeunes diplômés se sont tournés vers les activités informelles. Le niveau d’informalité commerciale et financière a augmenté depuis le début de la crise sanitaire, en Algérie. Ce qui n’est pas nouveau. Le secteur informel s’est enraciné dans les pratiques économiques et financières algériennes depuis des décennies et continuent de proliférer à cause du manque de contrôle, de rigueur réglementaire et juridique. Le e-commerce en Algérie prospère illégalement, faute de surveillance et de vide juridique, encourageant ainsi un grand nombre de micro, petite et moyenne entreprises (PME) à travailler clandestinement. Cette clandestinité fait coûter des dizaines de milliards de dollars à l’Etat qui peine à capter l’argent qui dort depuis des années.
Dans un entretien accordé aux médias nationaux récemment, le président de la République a cité un montant de 10.000 milliards de dinars qui circulent hors du circuit bancaire. Un chiffre estimatif, selon les experts et les institutions financières nationales et internationales à l’instar du Fonds monétaire international (FMI) et la BM qui appellent l’Algérie a sévir davantage pour légaliser cet argent et accélérer les réformes bancaires et financières pour plus de transparence et de contrôle des flux financiers. Encourager la modernisation du commerce et doter les commerçants de TPE. Un avis que partagent les experts qui insiste sur l’intensification de la concurrence économique et l’accélération des réformes économiques. Ces actions aideraient mieux l’Etat à contrôler les flux financiers et à bancariser l’argent informel qui représente «50% du marché national». Un objectif très complexe car le secteur informel ne cesse d’évoluer et connaît un grand succès en Algérie. L’informel financier est d’autant plus important qu’auparavant avec la dévaluation de la valeur de la monnaie nationale. L’informel attire particulièrement les jeunes demandeurs d’emploi, les mineurs en perdition scolaire et les travailleurs à faible revenu, notamment, dans les villes. Aujourd’hui, le nombre d’entreprises opérant hors les radars des pouvoirs publics a explosé. Certaines n’hésitent pas à employer même des réfugiés ou des migrants clandestins. Cette situation n’est pas nouvelle, mais avec la crise budgétaire que traverse le pays ces dernières années, l’informel ne fait qu’enfoncer davantage dans le rouge l’économie nationale qui souffre de plusieurs dysfonctionnements structurels, dont les inégalités, la corruption, la désindustrialisation…
Samira Tk