Le caractère social, un principe solidement ancré dans la politique de l’Etat

Les transferts sociaux représentent près de 20% du budget et 8,4% du PIB

Une séance plénière sera consacrée aujourd’hui par le Conseil de la Nation au vote du Projet de loi de Finances 2022 pour l’année 2022 dont plusieurs parties du budget et des mesures fiscales ont été mises en discussion. Ces débats étaient cristallisés autour de l’équité fiscale et les subventions publiques. Le Premier ministre et ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a répondu en détail à ces deux questions auxquelles s’attache l’Etat algérien qui a toujours défendu sa politique de soutien aux ménages, garante de la stabilité sociale. L’objectif affiché, et auquel les Algériens doivent consentir est que l’Etat n’abandonne personne, affirmant que «le texte de loi de finances 2022 consacrait la préservation du caractère sociale de l’Etat, notamment à travers la rationalisation de l’appui en ciblant exclusivement les catégories démunies», regrettant l’interprétation erronée de certains médias de cette réforme.
«Le renoncement à la subvention sociale doit être banni du langage en Algérie, ce sont des inexactitudes et des surenchères populistes ayant caractérisé le débat autour de cette réforme, via certains médias», a-t-il souligné.
Cette décision de remplacer les subventions publiques généralisées des produits de base (pain, huile, lait…) n’est pas fortuite. Après avoir dressé l’état des lieux de la politique des subventions de l’Etat qui profitent à 80% aux riches, selon de nombreux experts, l’Etat décide de réformer ce système d’aide financier, comme recommandé par le Fonds monétaire international (FMI), et de les conditionner pour atteindre des objectifs spécifiques ciblés sur les ménages nécessiteux. Le chef du Gouvernement a tenu à clarifier cette question et faire taire la polémique «populiste «en affirmant «le maintien de l’appui aux catégories démunies et la rationalisation de cet appui d’une manière permettant de garantir la préservation du caractère social de l’Etat énoncé dans la Proclamation du 1er Novembre que nous devons tout mettre en œuvre et respecter», a-t-il indiqué dans une déclaration devant les membres de la Chambre haute du Parlement, récemment.
Ce système d’aide financier général alloué aux ménages ne sera pas abandonné par les pouvoirs publics, mais plutôt remplacé par un dispositif national de compensation monétaire au profit des ménages. Les conditions de sa mise en œuvre sont déjà fixées quant aux montants des subventions et le fichier des personnes ciblées sera connu dans un avenir proche. La politique des subventions généralisées des produits de base est l’un des héritages auquel tient l’Etat algérien pour garantir la cohésion sociale et économique, mais qui, avec le temps, devient un véritable fardeau au Trésor public et nécessite d’importants fonds. C’est l’une des plus importantes enveloppes financières du budget de l’Etat.
Pour l’exercice 2022, le Gouvernement consacrerait près de 1.942 milliards de DA, soit 17 milliards USD aux transferts sociaux qui représentent presque «20% du budget de l’Etat et 8,4% du Produit intérieur brut», a précisé
M. Benabderrahmane réitérant l’attachement de l’Etat à la préservation de son caractère social. C’est une tradition à laquelle tient l’Etat algérien qui n’hésite pas à débourser plus pour soutenir les ménages par la subvention des produits de base qui connaissent depuis le début de la pandémie des cours très élevés à l’échelle internationale et le soutien direct des personnes démunies. «Les coûts de couverture des salaires des employés mis au chômage forcé pendant une durée de cinq mois en raison de la pandémie du Covid-19, s’élèvent à 674 milliards de DA», a indiqué le Premier ministre. Il est aussi à rappeler que le Gouvernement prévoit dans le PLF, conformément aux directives du président de la République de créer une allocation chômage pour aider financièrement les jeunes chômeurs jusqu’à leur recrutement. Une décision phare, saluée par la classe politique et sociale.
Revenant sur les autres mesures prises dans cette perspective,
M. Benabderrahmane affirmé que le «Gouvernement accorde une attention et un intérêt particulier à leur insertion dans des postes qui répondent aux normes de recrutement», de toutes les catégories professionnelles.
Par ailleurs, en contrepartie de ces aides financières colossales, les citoyens sont appelés à s’impliquer davantage dans le développement de l’économie nationale. Les pouvoirs publics, de leur côté, confirment leurs engagements d’accompagner les investisseurs, de simplifier les procédures administratives et de faciliter l’accès au foncier.
Concernant le dernier point,
M. Benabderrahmane a affirmé que «le Gouvernement finalisait les dernières retouches pour la récupération du foncier industriel, agricole et touristique inexploité en vue de sa redistribution aux véritables investisseurs», dans l’objectif d’encourager l’investissement qui augmentera la croissance, les emplois et la consommation. Des objectifs de long terme pour aider l’Etat à réduire les déficits et garantir la soutenabilité budgétaire. Malgré le déséquilibre budgétaire, l’Etat assume à ses dépens toutes charges sociales.
Samira Takharboucht