Professionnalisme, où es-tu ?

«Le club de foot professionnel n’est-il pas une seconde famille avec ses passions et ses amours, ses querelles, ses brouilles et ses haines ?» Il ne s’agit plus d’espérer mais de passer à l’action, sortir de l’amateurisme marron et d’appliquer une logique économique et financière, en référence à ce qui a était l’arme référence du professionnalisme comme l’avez soutenu, voulu, il y a des années, soit près de vingt années par l’ex-gestionnaire de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, tant de fois rappeler, à juste titre, par Mohammed Mechrara tant dans les interviews accordées à notre journal que lors de ses passages sur les plateaux télés ?

La CAF ne fermera plus les yeux
Une ouverture que l’on qualifierait de «professionnelle» ? Oui, cela est possible, il suffit de défoncer les portes des clubs qui ne jouent pas le jeu du professionnalisme. Bon nombre de clubs. L’objectif premier est d’éviter de présenter une image contraire à celle qu’affiche l’équipe nationale aux yeux des grandes équipes et des instances internationales du football. Être professionnels ne suffit pas à conjuguer à tous les temps «la CAF a mis en place une réglementation sur l’octroi des licences aux clubs, très rigoureuse en matière de gestion, de gouvernance, de finances et d’infrastructures. Si un club n’a pas le droit d’avoir sa licence, c’est à la Fédération de le sanctionner. C’est à partir de cette donnée qu’on pourra fixer à l’avenir le nombre d’équipes qui vont composer l’élite professionnelle, qui pourra être réduite à 14, voire 12 clubs s’il le faut», a lancé le premier responsable de la FAF, Charaf Eddine Amara avant d’ajouter : «Je ne peux pas octroyer une licence à un club qui ne remplit pas les conditions requises, la FAF sera intransigeante là-dessus, sinon on risque des sanctions de la CAF, et les conséquences pourraient même toucher l’Equipe d’Algérie». L’avertissement est lâché ! Peut-être avec énormément de retard mais l’étau se resserre et il est temps de rectifier et de tirer vers le bon côté. Avec les changements qui devraient intervenir en fonction des injonctions de la CAF reprises par la FAF, on devrait assister à la fin d’un cycle et à la naissance d’un nouveau cycle, ayant comme but l’émergence et la mise en ordre des clubs professionnels. Que va-t-il se passer maintenant ? C’est l’éternelle question qui se professionnalise, elle, par la force des choses, comment vont ils se comporter. Sauront-ils enfin se détacher de l’ancien mode de vie du foot amateur ? sauront-ils adopter un nouveau mode d’organisation et de gestion, rationaliser les entraînements et les compétitions, élire une pédagogie de l’excellence où les notions d’effort, d’émulation, de progrès, de limites à dépasser en sont le langage ? Pour le rédacteur de Foot Afrique «la mise en place, par la FAF, d’un cahier des charges strict pour l’octroi de licence professionnelle, a été bien reçue, adoptée au Caire et répercutée au niveau des 54 associations membres. Son application est obligatoire dès cette nouvelle saison. Une grande victoire pour l’ancien bureau de la FAF. Finis les litiges, les paiements étalés, les bons de sortie des joueurs contre l’abandon d’une partie des salaires dus. Les clubs devront justifier d’une gestion saine et s’acquitter de leurs charges vis-à-vis de leurs employés».

La FAF, le garant…
La Fédération algérienne de football, interlocutrice exclusive des instances internationales, dont la CAF, sera le garant du strict respect du cahier des charges exigé par l’instance panafricaine. Bref, il y a lieu de croire à un premier pas vers l’éclatement de la bulle spéculative et de la fièvre dépensière. Mais une grande vigilance s’impose, car il y a le risque de voir les réfractaires tourner le dos à ces compétitions, pour continuer à gérer à la petite semaine.
C’est dire que les mots ne servent en effet pas simplement à décrire la réalité, ils la construisent, et dire ce qu’il en est du football revient à pouvoir le gérer. Une lutte symbolique oppose ceux qui défendent le principe d’une spécificité du football et ceux qui y voient un espace économique comme les autres et ceux qui l’attestent comme un moyen de s’enrichir et à un expert européen de déclarer «c’est du sport, ce n’est pas un produit. C’est une part de notre vie, je serai très confiant [quant à l’avenir du football]. S’ils disent que c’est un produit, c’est la fin de notre sport». Est-il vrai, comme le soulignait un formateur en économie, «les clubs, ils n’ont pas une longue vue. Les clubs, ils doivent gagner. Ils doivent gagner chaque match, c’est ça leur intérêt. Ils n’ont pas la vision pour les structures du football qui sont nécessaires pour sauvegarder l’équilibre, l’équité du sport. Donc, alors, il ne faut pas trop se baser sur les clubs. Et c’est compréhensible. Moi j’ai toujours dit : ‘les clubs, ils ont le droit d’être égoïstes parce qu’ils doivent gagner’».
H. Hichem