Pour un bénéfice mutuel, l’Afrique ouvre «ses bras» à la Chine

Lamamra participe au Forum sur la coopération sino-africaine au Sénégal

La Chine redouble d’efforts en Afrique depuis la fondation du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) en 2000 et veut désormais étendre davantage son influence sur ce continent qui est potentiellement riche, et aussi faible à la fois. Ce continent est aujourd’hui plus que jamais plus vulnérable à cause de la crise sanitaire du Covid-19 et de la crise économique qui a fortement touché les pays africains, déjà en crise. La Chine veut surfer sur l’effet Covid pour renforcer les liens de coopération et façonner de nouvelles formes de gouvernances dans ces pays en détresse. Ces points ou objectifs représentent des axes majeurs de sa grande stratégie et politique en Afrique. «La huitième Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) devrait produire des résultats fructueux et tracer la feuille de route pour la prochaine étape de la coopération globale sino-africaine, afin de construire conjointement une Communauté de destin Chine-Afrique dans la nouvelle ère», a déclaré avant-hier, le conseiller d’Etat chinois et ministre des Affaires étrangères Wang Yi, en marge de l’ouverture de cette nouvelle édition du Focac à Dakar, capitale du Sénégal.
Avant d’aborder les grandes lignes de la nouvelle stratégie de coopération multilatérale sino-africaine et tracer les objectifs mutuels à atteindre par les deux parties d’ici dix ans, les 55 membres du Focac ont procédé, durant la première journée de ce Forum, à l’évaluation de la coopération sino-africaine en matière de lutte contre la pandémie pour amortir le choc de cette crise d’ampleur sur les secteurs économiques et financiers du continent. Un programme chargé pour les deux parties qui se sont focalisées particulièrement sur «les voies et moyens de renforcer la coopération dans des domaines clés tels que la santé, l’investissement, le commerce, l’industrie, l’agriculture, le changement climatique et l’économie numérique, entre autres», avant de déterminer les «contours d’un plan pour le lancement d’un nouveau chapitre de coopération entre l’Afrique et la Chine, notamment, pour la période post-Covid19», selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien.
La Chine passe devant en Afrique et veut étendre sa politique d’investissements vers tous les pays africains, sans aucune exception et les aider à relever les défis sécuritaires, sanitaires, politiques et socio-économiques. La Chine et l’Afrique s’engagent conjointement pour un avenir meilleur.

Pour des bénéfices mutuels
Dans sa nouvelle stratégie, Pékin, dont la grande partie des investissements africains est concentrée sur six pays (Afrique du Sud, Nigeria, Egypte, Algérie, Ghana). L’empire du milieu a réussi à se positionner sur les marchés africains, notamment du Nord, alors qu’il n’a commencé réellement ses investissements qu’à partir de 2010. L’Algérie figure parmi les principaux clients et alliés de la Chine. Cette dernière manifeste un intérêt particulier pour l’Algérie.
Des intérêts portés par les enjeux énergétiques, miniers et commerciaux, mais aussi manufacturiers. «Le Forum sur la coopération sino-africaine est une occasion pour évaluer la mise en œuvre des programmes de coopération avec la République de Chine, mais aussi de les adapter, pour pallier aux conséquences de la pandémie de Coronavirus», a indiqué dans un Tweet Ramtane Lamamra, qui a pris part à ce Sommet. Une occasion pour évoquer avec le partenaire chinois les voies à suivre pour renforcer les échanges commerciaux et les investissements directs chinois en Algérie. Remettre à niveau les échanges économiques, notamment, dans le secteur des hydrocarbures qui a connu durant la période 2014 et 2016 la baisse de la valeur des exportations du pétrole vers la Chine de «2/3».
Ce forum constitue, également, sur le plan inter-régional une aubaine pour l’Algérie pour discuter avec les autres membres du Focac sur la stratégie de coopération intercontinentale et le renforcement des échanges commerciaux via le bloc commercial (ZLECAf). Une opportunité aussi pour la Chine, premier partenaire commercial de l’Afrique depuis 12 ans, dépassant ainsi les partenaires historiques européens et américains. «Plus de 3.800 entreprises chinoises sont déjà installées dans plusieurs pays africains avec 56 milliards de dollars d’investissements directs», selon les médias étrangers qui ont mis en avant la nouvelle vision de la coopération sino-africaine qui est très dynamique.
Les pays africains souffrent et crient depuis deux ans à la marginalisation et craignent une résurgence de la Covid-19 qui risque d’aggraver la crise alimentaire, sanitaire et économique qui menace plusieurs pays africains, notamment, subsahariens et sahéliens. La Chine veut intervenir dans cet objectif pour soutenir «le développement agricole de l’Afrique et la sécurité alimentaire comme souligné lors du sommet de Beijing du Forum sur la coopération Chine-Afrique tenu en septembre 2018». Pékin a déclaré qu’elle «travaillerait pour construire une communauté de destin Chine-Afrique, mener huit initiatives majeures, mettre en œuvre 50 projets d’assistance agricole et envoyer 500 agronomes de haut niveau, afin d’aider l’Afrique dans ses efforts visant à réaliser pour l’essentiel la sécurité alimentaire d’ici 2030».
La question du développement durable, la lutte contre la pauvreté, l’insécurité et la croissance économique ont été discutées lors de ce Forum. De nouvelles lignes et objectifs sont fixés par les deux parties à long terme.
Samira Takharboucht