Dernier hommage au Palais de la Culture «Moufdi Zakaria»

Décès de la grande artiste Seloua

Un dernier hommage a été rendu vendredi matin au Palais de la Culture «Moufdi Zakaria» à Alger à la défunte Saloua, décédée jeudi à Blida à l’âge de 86 ans, en présence d’artistes, de nombre de ses fans et des membres de sa famille.Les présents, en tête desquels la ministre de la Culture et des Arts, Wafaa Chaalal ont défilé autour de la dépouille de la défunte dont le départ a endeuillé la scène culturelle algérienne, elle qui a illuminé l’art algérien de sa présence et de créativité des années durant.
Plusieurs artistes pour ne citer que Narjess et Nadia Benyoucef ont été à l’accueil de la dépouille de la défunte et lui ont rendu un ultime hommage dans un climat chargé d’émotions.
S’exprimant à l’occasion, la ministre a fait part de sa tristesse quant à la disparition d’une sommité artistique qui a grandement contribué dans la culture algérienne en Algérie et l’étranger.
Ambassadrice de l’art et de la culture algérienne, l’artiste a laissé derrière elle un actif riche en œuvres immortelles, a poursuivi Mme Chaalal.
Pour sa part, l’artiste Narjess a relevé que l’Algérie avait perdu en la personne de Feu Saloua une sommité de l’art algérien, une icône, une ambassadrice et une école artistique, rappelant son parcours à l’émission «Alhan wa Chabab» dans les années 70.
Pour sa part, l’artiste Nadia Benyoucef, a fait savoir que la chanteuse Seloua était comme «sa deuxième maman», qualifiant la défunte de «diva de l’art algérien authentique et une personne cultivée, que ce soit dans sa manière de parler, son style vestimentaire ou sa présence sur la scène..».
De son côté, l’artiste Sadek Djemaaoui, leader de la troupe «El Bahara (les marins)», a soutenu que la défunte Seloua était «une sommité artistique algérienne, arabe et mondiale qui a dignement représenté l’Algérie à travers sa présence incroyable sur la scène, sa politesse, sa splendeur, la beauté de sa voix et son élégance», ajoutant que «la défunte était une algérienne jusqu’à la moelle épinière et une vraie ambassadrice de l’art algérien». Il a rappelé, dans ce sens, que la chanteuse Seloua l’avait encouragé lors de ses débuts dans les années 1970 et l’a accompagné, à l’instar de nombreux autres artistes, en l’invitant à une tournée artistique en Libye après la fin du programme «Alhan wa Chabab».
Cette cérémonie s’est déroulée également en présence du directeur de la Culture de la wilaya de Blida, Meshoub Elhadj, qui a estimé que la défunte Seloua était «une grande artiste algérienne authentique et une icône de la chanson moderne», ajoutant que «la scène artistique algérienne avait perdu suite à sa disparition l’une de ses plus belles voix uniques».
Pour sa part, l’artiste et chercheur en musique, Abdelkader Bendaamache, a estimé que Seloua était «une femme exceptionnelle et une grande star. Elle était également une personnalité artistique complète, nationaliste et une école ayant formé plusieurs artistes connus, dont Youcef Boukhantach et Nadia Benyoucef».
Concernant son absence durant deux décennies sur la scène artistique, M. Bendaamache, également directeur général de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), a fait savoir que la chanteuse Seloua était «touchée par la situation sociale et politique qu’a connu l’Algérie», ajoutant qu’elle était «très sensible aux évènements qui se sont déroulés dans le pays». Le président de l’Association «Les Amis de la Rampe Louni Arezki», Lounis Ait Aoudia a déploré le peu d’artistes présents pour rendre un dernier hommage à la défunte qui reste «le symbole de la culture algérienne et son ambassadeur dans le monde».
Avant la chanson, la voix de Fettouma Lemitti se fait d’abord connaître sur les ondes où elle a commencé une carrière d’animatrice de Radio-Alger en 1952 sous la direction de Réda Falaki qui lui confie une émission pour enfants.
Sa maîtrise et sa voix la conduiront très vite dans les studios de l’ORTF (Office de la radiodiffusion- télévision française) où elle deviendra animatrice de la première émission féminine destinée au monde arabe.
En 1960, elle rencontre le compositeur Lamraoui Missoum, qui venait de lancer un nouveau genre de chanson rénovant complètement la chanson algérienne et qui cherchait des interprètes.
Cette rencontre va impulser sa nouvelle carrière de chanteuse qu’elle a menée avec une grande passion après avoir abandonné l’animation radio pour s’y consacrer entièrement.
En 1962, elle entre dans la cour des grands avec l’enregistrement de «Lalla Amina», classé troisième des ventes de la prestigieuse maison de disques «Pathé Marconi» après Edith Piaf et Enrico Macias.
Sa voix d’exception et sa culture musicale lui permettront de se perfectionner et percer dans la chanson, pour collaborer, au lendemain de l’indépendance, avec Mahboub Bati et Boudjemia Merzak qui deviendra son époux.
En 1964, elle effectue une longue tournée dans les pays arabes où elle a été accueillie comme l’ambassadrice de la chanson algérienne, prenant part à toutes les semaines culturelles dans tous les pays amis de l’Algérie nouvellement indépendante.
En dépit de ces débuts fulgurants dans la chanson, Saloua revient à son premier métier et anime à la télévision la première version de l’émission «Alhan oua Chabab», pour la promotion de jeunes talents, avec Maâti Bachir.
Dans les années 1970, elle tente une incursion dans l’univers de la musique andalouse avec les encouragements de Merzak Boudjemia, un jeune compositeur doué qui dirigeait, au Conservatoire municipal d’Alger, avant d’avoir sous sa baguette de maestro l’Orchestre de la télévision algérienne.
Souhaitant perpétuer le legs de Cheikha Yamna Bent El Hadj Mehdi et Fadéla Dziria, Saloua subit une véritable mutation et assure avec brio la relève de ces divas du hawzi, devenant une grande dame de la chanson algérienne.
Elle est également célèbre pour son duo avec le regretté Rabah Deriassa, pour son apparition remarqué au cinéma dans «Hassan Taxi» avec Rouiched ou encore pour ces titres comme «Kif Rayi Hamelni» et «Mazalni maâk».
Après une longue absence de la scène de nombreux hommage lui ont été rendus par le ministère de la Culture et par sa ville natale de Blida en plus d’avoir reçu la médaille de l’ordre du mérite national en 2017. La dépouille de la défunte a été inhumée vendredi au cimetière d’El Alia à Alger.
R.C.