Un bilan économique au goût de l’espoir !

Abdelmadjid Tebboune, deux ans après

Deux années après son élection, le 12 décembre 2019, le président de la République Abdelmadjid Tebboune, dit continuer de croire que la nature ambitieuse de son programme du renouveau économique est extraordinaire, malgré le contexte sanitaire et économique complexe.

Une situation qui occupe depuis mars 2020, une bonne partie de ses discours qu’il prononçait «avec franchise» pour alerter la population sur les ravages de la pandémie sur le plan économique, sans pour autant l’inquiéter. Le dispositif de confinement, la fermeture des frontières et le couvre-feu ont bloqué pendant des mois des pans entiers de l’économie nationale et privant des travailleurs de leurs emplois et des familles de leurs revenus. C’est dans ce contexte de forte inflation, de grogne sociale et de perspectives de croissance plus ou moins sombres que le Président Tebboune décide de mener une nouvelle politique de rigueur pour sauver l’économie nationale d’un naufrage certain.
De grands chantiers de réformes économiques et réglementaires qui font partie du train des actions à mener conformément au Plan de la relance économique sont lancés. Un premier pas bénéfique, toutefois insuffisant, pour rompre avec les arcanes d’une gestion financière et économique calamiteuse.
En effet, plusieurs évènements ont cadencés ses deux premières années à la tête du pays et marqueront probablement les années à venir.
Durant ces deux années de lutte contre la Covid-19, le chef de l’Etat a pris des décisions «audacieuses» en faveur du pouvoir d’achat, des entreprises et de l’économie. Des décisions qui n’étaient pas, selon certains experts, «visionnaires» en raison de la vulnérabilité financière du pays depuis quelques années.
Aujourd’hui, le Président Tebboune souffle sa deuxième bougie à la tête du pays, mais il n’a sûrement pas la tête à la fête, avec en ligne de mire la concrétisation du projet de reconstruire une nouvelle République et de réinventer un modèle économique contributif et résilient. Ce qui est sûr, un Président ne peut «satisfaire tout le monde» et faire seul face au remous du monde.
Depuis deux, il n’a cessé d’appeler à «travailler ensemble pour reconstruire l’Etat», et mener des réformes compatibles entre les pouvoirs publics et l’entreprise. Il a pris en main le processus de gestion de la crise sanitaire et des crises en cascades qui ont marqué l’Algérie ces deux dernières années.
Son exemple le plus remarquable du chef de l’Etat étant la décision de réformer le système des subventions publiques généralisées et l’institution d’une allocation chômage en faveur des primo-demandeurs d’emplois. C’est un saut qualitatif et surtout nécessaire pour instaurer la justice sociale dans le pays. Il a tracé les grandes lignes de sa réforme économique et financière et dressé les perspectives du futur en misant sur la bonne gouvernance pour éradiquer la corruption et la fraude, solidement enracinées dans tout le pays. Ainsi affronter en première ligne certains lobbyings qui font la loi sur le marché économique et commercial depuis des années. Il a promis de mener une véritable offensive pour assainir le secteur financier à commencer par la modernisation du secteur bancaire et douanier pour plus de transparence, de traçabilité, mais surtout pour restaurer la confiance des clients. Convaincre les acteurs de l’informel à intégrer le circuit formel.
Le Président Tebboune a fait état de plus de 10.000 milliards de dinars circulant hors circuits bancaires, regrettant l’implication de certaines parties dans la dégradation des indicateurs financiers et économiques du pays, paralysant toutes les initiatives d’assainissement de l’écosystème des affaires du marché national. Il a évoqué la bureaucratie associée, la spéculation, les rentiers et les faux investisseurs. Les «ennemis du progrès».
Il est temps de «d’aller de l’avant», dit-il dans un message clair lors d’une rencontre avec les médias locaux, affirmant que «tous nous incite à agir de rigueur». Il a pris des choix difficiles, mais porteurs, selon de nombreux experts financiers qui ont salué son refus catégorique de recourir à l’endettement extérieur et à la planche à billet pour financer l’économie et couvrir les déficits.

Pour un nouveau cap économique et financier
Pour le chef de l’Etat, il n’y a pas de meilleur moment pour engager la réforme globale du secteur financier, malgré la situation financière difficile. Son objectif est de sortir de la politique de la rente (des hydrocarbures) et œuvrer pour rééquilibrer les comptes publics à travers la mise en place d’un nouveau recadrage macro-économique.
Grâce à sa détermination et son implication, il a réussi avec son Gouvernement à réduire la facture des importations qui a continué à baisser pour «atteindre 30,4 milliards de dollars à la fin de l’année en cours», insistant sur l’urgence d’impulser l’investissement pour soutenir la croissance économique du pays, devant atteindre «3,3% en 2022 avant de se stabiliser en 2023 et 2024 à près de 3%».
«L’année prochaine connaîtra une amélioration des indicateurs de la performance de l’économie nationale à la faveur des réformes opérées et des mesures incitatives prises», a-t-il souligné lors de l’un des Conseil des ministres. Parmi les décisions pour améliorer les indicateurs macro-économiques, le chef de l’Etat a ordonné la réforme de certains indicateurs financiers (IRG, IBS, TVA et IFU) pour venir en renfort aux ménages nécessiteux, mais aussi aux entreprises déficitaires.
En plus du soutien financier estimé à des milliards de dinars, le Président Tebboune a enjoint la libération de l’acte d’investir et venir à bout des obstacles administratifs, réglementaires et financiers auxquels sont confrontées les entreprises publiques ou privées.
Il veut forger un climat des affaires idéal où le secteur public et privé marche en duo et en même temps s’affronter en duel pour stimuler la production nationale, générer de l’emploi et de la devise.
Le Magistrat suprême du pays a dû amender plusieurs textes de loi pour les adapter au contexte actuel, mais surtout pour répondre aux doléances des opérateurs économiques qui se plaignent de la bureaucratie.
Il mise aussi sur la compétence algérienne visionnaire pour faire émerger l’économie nationale.
Le Code de l’investissement, la réglementation des changes, la réglementation douanière, une nouvelle loi sur la spéculation, projet de loi sur le partenariat public-privé… Il a réinventé en seulement deux ans un nouvel arsenal juridique pour accompagner et encadrer l’activité économique. Tout en restant vigilant quant aux facteurs exogènes qui peuvent faire échouer ses efforts.

Remettre les pendules à l’heure des défis économiques internationaux
Après seize ans d’application, le Président Tebboune reconsidère la relation économique entre l’Algérie et l’Union européenne et décide de mettre sur la table le dossier des Accords d’association avec l’UE. Des pactes qui sont en défaveur de l’économie nationale et qui ont creusé le déficit de la balance des paiements. Sans détour, il a appelé à revoir les Accords d’associations et les adapter aux intérêts communs des deux parties.
«L’Accord d’Association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) doit être révisé clause par clause et en fonction d’une vision souveraine et d’une approche gagnant-gagnant», a-t-il affirmé.
Sans équivoque. Un autre pas important franchi par le chef de l’Etat qui ne veut plus se contenter de la bilatéralité des relations économiques avec la Rive Sud, il se tourne vers le Sud du pays et les pays africain.
Il a signé l’Accord de la Zone de libre-échange intercontinentale africaine (ZLECAf) dans le but de renforcer la coopération régionale et surtout se repositionner sur le continent.
Cette opportunité a ouvert l’appétit du président qui a décidé aussi d’ouvrir, malgré la menace sécuritaire, les frontières avec la Libye, le Niger pour encourager les échanges commerciaux.
Il a aussi ordonné l’accélération de la route transsaharienne et du Gazoduc Transsaharien. Ainsi le Président Tebboune imprime les marques de sa nouvelle politique régionale et même internationale.

Samira Takharboucht