Rencontre sur la Révolution et la pensée de Frantz Fanon

Bibliothèque nationale d’El Hamma

Une rencontre scientifique sur le thème de «La Révolution pour l’Indépendance de l’Algérie et la pensée de Frantz Fanon» a été animée, jeudi à Alger par des universitaires et écrivains, qui ont mis en valeur la pluri-dimensionnalité de la pensée du psychiatre penseur, en commémoration des manifestations du 11 décembre 1960.
Organisée et accueillie à la Bibliothèque nationale d’El Hamma, la thématique de cette rencontre a été décryptée par, les professeurs d’université, Noureddine Zemmam de Biskra, Wahid Benbouaziz d’Alger II, Toufik Chabou de Blida II et l’écrivain, journaliste H’Mida Layachi. Communiquant sur les aspects pouvant mieux cerner la pensée «universelle et encore d’actualité» de Fanon, les quatre intervenants ont développé autour de différents intitulés, en lien respectivement avec, «les violences révolutionnaires et le complexe de la gauche», «lectures autour de l’œuvre de Frantz Fanon» du regretté Abdelkader Djeghloul, et «la reconnaissance et l’aliénation chez Frantz Fanon».
L’ensemble des intervenants ont d’entrée mis en valeur la pluri-dimensionnalité de la pensée fanonienne, déclinée en plusieurs volets, humain, psychologique, philosophique, politique, social et anthropologique, entre autre, précisant qu’en plus de ses études sur le comportement du colonisé noir africain, Frantz Fanon n’aurait pas ainsi développée sa pensée s’il n’était pas, au contact de l’Algérien avec un regard d’analyste, de psychiatre et d’éclaireur.
Passant en revue quelques étapes dans la réflexion progressiste de l’auteur de «Peau noire, masques blancs», les conférenciers ont évoqué le développement de la pensée collectiviste chez Fanon qui aboutira à des adaptations idéologiques contextuelles, à l’instar de l’idée d’un socialisme particulier à l’Afrique.
La relation dialectique entre la pensée de Frantz Fanon (1925-1961) et la révolution, dont il a fait, au-delà de son militantisme, son objet d’étude, répondait à son intention d’aboutir à l’instauration d’une «théorie sur le Tiers monde», ce qui l’a conduit à étudier, entre autres préoccupations intellectuelles, les comportements du colonisateur et du colonisé.
«Les damnés de la terre», «An 5 de la révolution algérienne» et plusieurs autres ouvrages encore ont permis à la pensée humaniste de Frantz Fanon, d’accéder à l’universalité et, est perçue par nombre d’académiciens dans le monde comme «La pensée post-coloniale».
L’orientation morale de la «violence révolutionnaire», comme une sorte de «paix positive» a également fait l’objet de plusieurs études chez le psychiatre penseur qui lie étroitement l’idée de la reconnaissance à celle de la nécessité du conflit par la violence, en vue d’imposer son existence et être reconnu comme entité libre et souveraine.
En marge de la conférence, deux expositions visibles jusqu’au 14 décembre, dédiées aux manifestations de la Journée historique du 11 décembre 1960, ont été inaugurées dans le hall de la Bibliothèque nationale d’El Hamma, dont l’une, organisée par l’association «Art et Mémoire» d’Alger.
Des titres de presse francophone et arabophone, datés des années 1960 à 2015, tous frappés de unes sur les manifestations du 11 décembre 1960, ont été exposés, aux côtés d’ouvrages traitant de témoignages, de mémoire et de biographies des héros de la Révolution, ainsi que des livres d’histoire, de différents formats littéraires.
Un peu plus loin, dans un autre espace du hall de la bibliothèque, l’association «Art et Mémoire» d’Alger, présidée par Azzeddine Boumala, a placardé une dizaine de photos authentiques agrandies sur les événements du 11 décembre et exposé plusieurs objets évoquant l’ancien Alger.
Un atelier réunissant une vingtaine d’enfants suivi d’un concours, a été lancé, invitant chacun à reproduire par le dessin, ce qu’il aura retenu de la projection d’un montage documentaire sur cette journée historique et des explications pédagogiques fournies par les responsables de l’association «Art et Mémoire» d’Alger.
R.C.