Un mode de financement spécifique au soutien des femmes entrepreneures
Investissement féminin

Des modes de financement spécifiques dédiés au soutien des femmes entrepreneures doivent être mis en place, ont recommandé dimanche dernier plusieurs femmes cheffes d’entreprises. Et ce, à travers, poursuivent-elles, des fonds d’investissement et des prêts à des taux bonifiés. Lors d’un panel dédié à la réforme du financement pour encourager l’investissement féminin, organisé à l’occasion du Forum international de la femme (FIF), la présidente du Conseil international des femmes entrepreneures, Lamia Louati, a recommandé la création d’un fonds spécial pour le financement des PME féminines. Elle a souligné, dans ce sens, l’intérêt d’impliquer le secteur des assurances pour faciliter les prêts bancaires aux entreprises féminines.
Mme. Louati a noté, en outre, la nécessité de former les femmes entrepreneurs à la recherche de financement et à soutenir le déploiement de la femme entrepreneure à l’international. «Il est également de notre devoir de joindre nos efforts à ceux de l’Etat et constituer une force de proposition afin de relever les défis actuels», a-t-elle estimé.
Pour sa part, la directrice tunisienne d’un cabinet de consulting, Nejiba Chouk, a proposé d’aider les jeunes femmes entrepreneures à augmenter leur capital via des dotations généralement sans intérêts ou à des taux bonifiés ou bien à travers des fonds d’investissement dédiés aux PME féminines.
«La recherche de financement est plus compliquée surtout pour la femme, notamment du fait d’une stigmatisation de la femme concernant la réussite de son projet», a déploré de son côté, la consultante dans le secteur bancaire, Meriem Kouissi.
«Il s’agit de mettre à disposition des porteuses de projets un réseau porté par une plate-forme de mise en relation des femmes entrepreneures entre elles et avec leurs partenaires», a-t-elle soutenu.
Intervenant lors de ce panel, la chercheuse au sein du Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le Développement (Cread), El Kaina Hammache, a souligné qu’il s’agissait de réfléchir au concept de «budgétisation sensible au genre». Ce concept doit réserver des budgets spécifiques pour soutenir la femme au niveau des différentes institutions. Ce qui va permettre, a-t-elle expliqué, de passer de l’égalité de droit de fait à l’égalité de droits «réellement mise en œuvre» grâce aux orientations budgétaires ciblées dans tous les secteurs. «La budgétisation sensible au genre est une composante essentielle de l’approche intégrée de l’égalité homme-femme», estime-elle. «L’égalité homme-femme n’est pas une question sociale mineure mais un paramètre de réussite macro-économique», a tranché Mme. Hammache, précisant que le budget sensible au genre concerne aussi bien les ministères, les associations, les collectivités locales et les entreprises.
Soulignant qu’il n’est pas possible d’envisager un développement socio-économique sans les femmes, elles ont ajouté qu’une plus grande inclusion de la femme dans l’économie nationale peut constituer de nouvelles opportunités de développement, notamment avec la promotion des compétences comme levier principal. Plusieurs cheffes d’entreprises ont recommandé d’exploiter le potentiel de la femme en tant qu’acteur de développement au sein des économies africaines tout en misant sur les jeunes et en intégrant la diaspora africaine pour le développement du continent grâce au transfert technologique et à la mobilité académique.
Manel Z.