Face à l’équation du renouvelable et du fossile, l’APPO tient le même langage !

Arkab a présidé la 41ème session du Conseil des ministres de l’APPO

Renoncer à l’ensemble des énergies fossiles en faveur des renouvelables est actuellement le dernier «impensé» des pays africains producteurs du pétrole et du gaz, bien qu’ils n’ignorent rien des changements climatiques qui les touchent durement ces deux dernières décennies. Dans une déclaration récente, le secrétaire général de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO), Omar Farouk Ibrahim est revenu sur l’impossible équation de l’énergie verte et du pétrole, estimant qu’«avec plus de 600 millions d’Africains qui n’ont pas accès à l’électricité et quelque 900 millions qui n’ont accès à aucune forme d’énergie moderne, l’Afrique ne peut se permettre de renoncer aux combustibles fossiles».
Il réaffirme ainsi la difficile remise en question du pétrole et du gaz en pleine pandémie (Covid-19) et de crise économique, évoquant, par ailleurs, la disposition des pays, notamment producteurs du pétrole et du gaz de mettre en place une stratégie commune de lutte contre le réchauffement climatique et en vue d’accélérer la transition énergétique.
Les pays africains producteurs du pétrole et du gaz ont, depuis des décennies, mis la priorité sur leurs développements gaziers et comptent bien augmenter leur production d’or noir pour soutenir leur population, mais ils ambitionnent en parallèle de mettre à profit leurs potentiels naturels pour se positionner dans certains secteurs «verts».
C’est l’intérêt manifeste des pays membres de l’APPO qui ont pris part hier par visioconférence à la 41ème édition de son Conseil des ministres, présidé par le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab. Ce dernier a mis en avant les efforts entrepris par l’Algérie en vue d’accélérer la transition énergétique, mais pas au mépris des énergies fossiles.
«L’Algérie considère que les principes d’équité, de responsabilité commune mais différenciée, de capacité respective et de circonstances nationales doivent être pleinement respectés dans les actions climatiques et dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat. Le soutien financier climatique est indispensable pour aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique», a plaidé M. Arkab, lors de la précédente session du Conseil des ministres de l’APPO.
Les pays producteurs du pétrole africains se réunissent à nouveau, dans un contexte pandémique et économique incertain pour discuter du vaste défi de la transition énergétique, insistant sur l’importance de tenir le même langage pour éviter l’aggravation de la crise énergétique dans les pays africains les plus vulnérables. «Les énergies fossiles restent d’une importance capitale pour répondre aux besoins économiques et énergétiques de l’Afrique qui sont plus grands que jamais à l’heure de la reprise économique», a indiqué le communiqué du ministère de l’Energie, hier.
Les pays membres de l’APPO oeuvrent pour trouver des solutions pratiques et mettre en place une stratégie efficace pour relever le double défi de la transition énergétique à leur rythme, sans renoncer aux énergies fossiles, fustigeant en parallèle les appels à se détourner des hydrocarbures, ce qui peut compromettre le développement des pays africains.
C’est unanime. Les pays producteurs du pétrole africains refusent explicitement de participer à la nouvelle configuration de chasse aux barils mise en place par les Occidentaux qui traversent leur pire crise énergétique depuis des mois. Depuis le mois de novembre passé, «le prix du gaz naturel négocié pour décembre a grimpé de 15,2% pour s’établir à 94 euros le mégawatt-heure (MWh), tandis que le coût à la consommation du gaz a augmenté de plus de 40% depuis le début du mois de novembre.
Pour sortir de leur impasse énergétique, les pays européens font pression sur les pays producteurs de l’or noir. Les pays membres de l’APPO peuvent s’inspirer dans leur stratégie de l’Arabie saoudite qui s’oppose à l’abandon des énergies fossiles, tout en s’engageant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, profitant de l’incapacité des pays occidentaux à diminuer leur consommation d’énergie.
Il est utile de rappeler que l’APPO a été créée en 1987 et regroupe 15 pays membres (l’Algérie, l’Angola, le Bénin, le Cameroun, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Niger, le Nigeria, le Tchad, la République Démocratique du Congo, l’Egypte, la Guinée Equatoriale, la Libye, l’Afrique du Sud, et deux pays observateurs à savoir le Sénégal et le Ghana). L’Algérie est à la tête de cette organisation depuis 2021.
Samira Takharboucht