Rien n’est encore joué La CAN-2021 fait débat

On n’est toujours pas d’accord sur l’interprétation qu’il va falloir donner aux déclarations du président de la FIFA, «recommandations ou ordres ?». Dans une émission de RFI diffusée en février 2020, on évoquait déjà le report de la Coupe d’Afrique des nations 2022.
Samuel Eto’o, non encore président de la Fédération camerounaise de football, revenait dans une émission de RFI, sur le contenu des discours de Gianni «il connaît mes positions depuis son interview qu’il avait accordée au journal L’Equipe ou à France football, je ne m’en souvient pas». Il évoquait «un partenariat gagnant-gagnant entre la Fifa et la CAF… Mais la CAF reste la Confédération africaine de football et je suis assez proche de Gianni comme je suis assez proche du président de la CAF, et je sais que le président de la FIFA aurait pu faire autre chose pour le football africain…»

Le manque de tact de la FIFA
«Il a, pour moi, manqué de tact. Il a les portes de la CAF grandement ouvertes… Mais cela ne donne pas droit de nous imposer des choses, nous avons nos réalités en Afrique. Il aurait pu faire autrement de ce qu’il veut faire aujourd’hui».
Pour Habib Beye, ancien joueur de l’OM, et du Sénégal consultant Radio foot Internationale, et sur Canal+, «l’image est symbolique, mais aussi dure de voir Gianni prendre la parole et de l’autre côté vous avez le président de la CAF qui écoutait comme un écolier qui fait ses premiers en classes… Nous l’avons vu à Rabat, or la CAF doit être indépendante et gérer son football même si au besoin elle doit travailler avec la FIFA».

L’intérêt des clubs européens n’est pas celui des clubs africains
«Il faut savoir que l’intérêt des clubs européens n’est pas celui des clubs africain», dixit Samuel Eto’o. Herve Penot, qui est journaliste au quotidien sportif L’Equipe, déclare «il faut savoir que la dernière CAN a eu lieu au moment où les clubs européens n’ont pas besoin de leurs joueurs.
On ne déplace pas une compétition aussi prestigieuse que la Coupe d’Afrique, comme on déplace un rendez-vous sur un emploi du temps… Il est important de la déprogrammer, sachant que vous passez de 16 à 24 équipes (soit à 4 semaines de compétitions) et qu’en janvier, le calendrier des matches européens est chargé beaucoup de matches de coupe et si un joueur rate un match…»
Que vient faire la FIFA au Qatar ?
La réaction de Eto’o ne s’est pas faite attendre, «que vient faire la FIFA au Qatar, la Coupe du monde se joue à quelle période ? Décembre, pourquoi on change d’un côté et pas de l’autre ? Le Cameroun a fait un investissement d’un peu plus d’un milliard de dollars, pour un pays qui manque de salles de classe, qui manque d’hôpitaux, qui manque de routes… On a bien joué en juillet en Egypte, le gouvernement camerounais a écrit à la CAF pour lui faire part de l’envie d’accueillir en janvier la CAN. C’est vous dire que l’intérêt de la FIFA n’est pas l’intérêt de l’Afrique, mais l’intérêt des clubs européens, vous nous demandez de jouer la CAN tous les quatre ans, comment financer le football africain ?»

Il faut déprogrammer la période…
Les invités réagissent pour confirmer que les droits télévisuels seraient la solution, «la CAN jouée en juin est mieux vendue qu’en janvier (un exemple, en janvier vous avez un Sénégal -Afrique du sud au Cameroun et ailleurs vous avez Liverpool qui affronte une autre grande équipe européenne, par contre en juin vous n’aurez pas de grands matches, il faut comparer les audiences». «La réponse de Samuel est sèche, nos matches ne se jouent pas à 3h du matin, de quelle audience parlez-vous ? Nous voulons faire évoluer notre football». Un peu plus loin dans ses déclarations, on retiendra ce qui marque la flamme africaine «vous savez, ce n’est que l’intérêt des Africains qui nous intéresse et même si Gianni aime beaucoup l’Afrique et qu’il a beaucoup fait pour l’Afrique, il n’aime pas plus que nous l’Afrique, il faudrait que Gianni et les autres sachent qu’il y a une nouvelle génération qui n’est plus complexée. Elle connaît les mêmes universités que leurs enfants mais lorsqu’il nous demande de jouer la CAN tous les quatre ans, il faudrait qu’il nous explique tout ça devant tout le monde parce qu’il ya un président de la CAF, et si tu veux avoir un discours pareil, discutons d’abord en off, parce que la CAF, c’est 54 fédérations».
Alors, cette CAN sera-t-elle au Cameroun en janvier ou pas ? La question est encore d’actualité. L’impatience gagne du terrain, et la CAF devrait s’imposer.
Synthèse de H. Hichem