La révision du mode de gestion de Cnan-Nord s’impose, selon Bekkai

Retards de salaires et gestion catastrophique de la compagnie maritime

En 2014, les autorités ont mis en place un programme de développement de sa flotte nationale de transport maritime des marchandises pour réduire le transfert de devises à l’étranger et lutter contre la corruption qui causent des pertes sèches au Trésor public. Et, désormais, elles veulent initier un plan d’urgence de restructuration des compagnies nationales maritimes pour une bonne gouvernance et une meilleure performance. C’est ce qu’a indiqué, avant-hier, le ministre des Transports Aissa Bekkai, insistant sur l’impératif de « revoir le mode de gestion de ces entreprises vitales, à moderniser leurs systèmes et à les rendre plus rentables, loin des aides du Trésor public, à travers la rationalisation des dépenses et l’exploitation des moyens disponibles ». Il a appelé à se pencher davantage sur la problématique du « manque de la main-d’œuvre spécialisée en la matière, de la maintenance des navires et du problème des conteneurs ».
Dans un communiqué posté sur sa page officielle « Facebook », le ministère des Transports a affirmé « œuvre à restructurer la Compagnie nationale algérienne de navigations (CNAN-Nord), en changeant son mode de gestion et en activant son rôle dans le domaine du transport maritime des marchandises, à l’effet de relancer son activité », précisant que, dans le même sillage, que « le ministre des Transports, Aïssa Bekkaï a mis en avant les efforts continus de la tutelle en vue de restructurer cette compagnie vitale, en procédant au changement de son mode de gestion, en promouvant sa performance et en activant son rôle dans le domaine du transport maritime des marchandises ». Le ministre tente d’apaiser la colère des travailleurs qui réclament depuis des mois leurs salaires et le départ de leur responsable, mis en cause dans la situation catastrophique dont se trouve actuellement l’entreprise Cnan-Nord.
Quelques jours précédant cette annonce faite via le réseau social « Facebook », le ministre de tutelle s’est réuni avec des représentants du syndicat de la Cnan-Nord et avec un nombre de ses travailleurs, en présence de cadres du ministère pour écouter et évaluer les effets de la crise sur la situation financière préoccupantes de la compagnie et sur la gestion « inefficace » de son portefeuille de projet. Autres préoccupations soulevées par les représentants de l’entreprise maritime « le retard accusé dans le versement des salaires, de plus de 4 mois, au vu de la crise financière dans laquelle cette entreprise se débat, de la situation générale et des difficultés qu’elle connait depuis des années, exigeant de trouver des solutions pratiques pour la sauver et la relancer, dans les meilleurs délais », a indiqué un communiqué du ministère.
La crise sanitaire, la fermeture des frontières et l’arrêt quasi-total des pans entiers de l’économie mondiale, notamment, provoquant le ralentissement de l’activité commerciale n’ont fait qu’aggraver la situation financière de la compagnie qui faisait déjà face depuis plusieurs années à d’importants problèmes de gestion qui ont fait échouer toutes les initiatives de développement de la compagnie et provoqué des « scandales ».
Prenant en compte les doléances des travailleurs de l’entreprise, M. Bekkai a promis de « prendre toutes les mesures possibles et d’examiner les voies, en vue de prendre en charge et traiter l’affaire du retard des salaires, avec un dialogue serein entre tous », selon le même document.
Il a mis l’accent sur l’importance du partenaire social pour discuter des issues de sorties de crise en vue redynamiser l’entreprise.
« Le partenaire social est une partie importante et un acteur essentiel dans le processus de réforme de l’entreprise et dans la relance de son activité et de son dynamisme », a-t-il souligné, réitérant sa volonté de restructurer Cnan-Nord qui se fera, selon lui, «en drainant une part plus grande du marché, à travers l’encouragement des opérateurs économiques nationaux à exploiter les capacités de cette entreprise en matière d’exportation, soit à travers des contrats de partenariat ou en affrétant des navires, ce qui contribuera à relancer son activité et à améliorer sa situation».
Il a donné des instructions en direction des directeurs et gestionnaires des sociétés nationales du transport maritime afin de « revoir globalement le mode de gestion de ces compagnies, à moderniser leurs systèmes et à les rendre plus rentables, loin des aides du Trésor public, à travers la rationalisation des dépenses et l’exploitation des moyens disponibles ».
Samira Takharboucht