Relance économique ou régression sociale et diplomatique

Suite au rapport mitigé du gouverneur de la Banque d’Algérie, les défis de l’année 2022, pour l’Algérie

La sécurité nationale est posée imposant un discours de vérité, devant éviter ces discours d’autosatisfaction, la fuite en avant selon l’adage «après moi, le déluge», et donc de gérer l’économie au gré de la conjoncture sans vision stratégique, comme une épicerie. Cependant, évitons tout sinistrose, malgré une situation difficile, l’Algérie n’est pas en faillite, a les moyens de surmonter la crise actuelle sous réserve d’une nouvelle gouvernance et d’éviter la vison monétariste restrictive, devant concilier la dynamique économique et la dynamique sociale au sein d’une économie ouverte. L’année 2022 est une année charnière, c’est la dernière chance pour redresser l’économie, devant éviter l’illusion d’un miracle d’un baril de pétrole à plus de 100 dollars et un volume physique de production d’hydrocarbures au même niveau des années 2007/2008. Sinon ce sera la régression sociale et l’isolement de l’Algérie sur la scène internationale.

L’Algérie doit profiter cette modeste manne des réserves de change, richesse virtuelle qu’il s’agit de transformer en richesses réelle, où selon le gouverneur de la banque d’Algérie en date du 21/12/2021, les réserves de change, ont atteint 44,724 milliards de dollars à fin septembre 2021 et y compris les réserves d’or (173 tonnes) estimées à environ 11 milliards de dollars sont de 55 milliards de dollars au 30/09/2021. Attention à l’euphorie, c’est comme un ménage s’il restreint sa consommation, il fait des économies mais avec des risques de maladies dont l’inflation et le chômage sont les signes apparents du corps social, la banque d’Algérie donnant en octobre 2021, un taux d’inflation de 9,2% et avec cette trajectoire pouvant avoir un taux à deux chiffres en 2022. Comme conséquence outre la baisse du pouvoir d’achat, l’extension des rentes spéculatives avec l’amplification de la sphère informelle et la nécessité de relever d’au point deux à trois points le taux directeur des banques afin d’éviter leur faillite, freinant par ricochet l’investisseur productif dont la rentabilité est maturation lente.

1.-Selon la banque d’Algérie dans son rapport de décembre 2021, le déficit de la balance commerciale est passé de 10,504 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 1,571 milliard de dollars à fin septembre 2021, ce qui donnerait à la même tendance fin 2021, environ 2,1 milliard de dollars. Ce recul du déficit est dû principalement à la forte hausse du prix du pétrole où au cours des neuf premiers mois de 2021, le prix moyen a enregistré une hausse de 66,6 %, passant de 41,365 dollars/baril, au cours de la même période de l’année écoulée, à 68,917 dollars/baril, (les quantités d’hydrocarbures exportées exprimées en Tonne Equivalent Pétrole (TEP), ayant augmenté de 20,9%) permettant de dynamiser les exportations qui sont passées de 16,240 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 26,402 milliards de dollars à fin septembre 2021 donnant en tendance fin 2021 35,02 milliards de dollars.
La valeur totale des exportations des hydrocarbures a enregistré une forte hausse de 57,3 %, passant de 14,868 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 23,387 milliards à fin septembre 2021, ce qui donnerait avec la même tendance fin 2021 31,1888 milliards de dollars y compris les dérivées d’hydrocarbures. Les exportations de biens hors hydrocarbures ont atteint 3,015 milliards soit en tendance fin 2021, environ 4 milliards de dollars. Les dérivées d’hydrocarbures sont inclus dans la rubrique hors hydrocarbures qui dépassent en 2021 les 2,5 milliards de dollars laissant aux autres rubriques environ 1,5 milliard de dollars, soit 3/4%, le taux étant encore plus faible, environ 2%, si on enlève les semi produits exportés à très faible valeur ajoutée. Cependant la balance commerciale a une signification limitée devant prendre en compte la balance des paiements qui inclut les services et les mouvements de capitaux. Ainsi les exportations de services ont connu une stagnation relative à fin septembre 2021, passant de 2,273 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 2,300 milliards de dollars à fin septembre 2021 et les importations de services ont enregistré une baisse de 630 millions de dollars, de 5,644 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 5,015 milliards de dollars à fin septembre 2021, ce qui donnerait avec la même tendance fin 2021, 6,696 milliards de dollars accusant une forte baisse par rapport aux années 2010/2019 où les transferts de devises fluctuant entre 10/11 milliards de dollars. Le déficit du solde du compte courant est passé de 14,491 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 5,543 milliards de dollars à fin septembre 2021 donnant en tendance, 7 392 milliards de dollars, avec un le solde du compte capital et des opérations financières affiche, à fin septembre 2021, un excédent de 3,104 milliards de dollars soit en tendance annuelle 4,4140 milliards de dollars ayant un impact sur le solde de la balance des paiements. Le solde du compte capital et des opérations financières affiche, à fin septembre 2021, nous avons un excédent de 3,104 milliards de dollars contre 2,493 milliards de dollars à fin septembre 2020. Au total, les exportations de biens et services ont atteint 28,702 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2021 contre 18,513 milliards de dollars à la même période de 2020 ce qui donnerait en tendance annuelle 38,280 milliards de dollars. Quant aux importations de biens, elles sont estimées à 4,6% entre septembre 2020 et septembre 2021, passant ainsi de 26,744 milliards de dollars à 27,973 milliards de dollars, soit en tendance annuelle fin 2021, 37,208 milliards de dollars. En incluant les services, le total des importations de biens et de services, sont passées de 32,388 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 32,988 milliards de dollars au cours de la période, ce qui donnerait en tendance annuelle 43,992 milliards de dollars de sorties de devises pour 2021. Les réserves de change, dans l’hypothèse du même scénario que les neuf premiers mois de 2021 diminuerait de 6,784 milliards de dollars par rapport à 2020 (48 milliards de dollars) donc fin 2021, nous aurons entre 41/42 milliards de dollars non compris l’or. Cependant évitons la vision purement monétaire. Pour plus d’objectivité, l’on ne doit pas donner que la valeur, certains produits comme les engrais ayant connu une hausse entre 30/40% sur le marché mondial en 2021, mais également le volume exporté (kg, tonne, etc.) afin de voir s’il y a eu une réelle dynamique d’exportation de certaines entreprises, dresser la balance devises en soustrayant les matières importées en devises, ainsi que les exonérations fiscales et certaines subventions comme le prix de cession du gaz cédé à 10/20% de la cotation sur le marché international pour certaines unités exportatrices fortes consommatrices de gaz. Par ailleurs, les analyses purement monétaires ont une signification limitée, avec le nombre de projets bloqués dont la réalisation aurait donné un déficit de la balance commerciale fin 2021 plus important.
Le président de la République a annoncé la levée du gel de 57 projets sur les 402 projets d’investissement suspendus pour des raisons administratives. Il ne faut jamais en économie raisonner en statique mais toujours en dynamique devant prendre en compte la restriction drastique des importations des entreprises dont le taux d’intégration en 2021 ne dépasse pas 15%, ayant assisté à une paralysie de l’appareil de production en 2021, uniquement dans le BTPH plus de 150 000 licenciements. Si on avait mis en œuvre les 402 projets bloqués, et en prenant en moyenne une sortie de devises pour des projets PMI/PME concurrentiels au niveau du marché mondial, le premier ministère parle d’un montant d’environ 90 milliards de dollars dont une partie importante en devises avec seulement de 50/70 millions de dollars pour la partie devises, sans compter la partie dinars, et les projets hautement capitalistiques qui fluctuent entre les 2/4 milliards de dollars, auraient été pour les 402 projets entre 20 milliards et 28 milliards de dollars entre 2020/2021.
Professeur des universités, expert
international, Dr Abderrahmane Mebtoul