La Banque mondiale appelée à revoir sa copie

Un rapport mensonger sur l’Algérie

Examiné par des économistes algériens, le dernier rapport de la Banque Mondiale sur l’Algérie s’est avéré mensonger. On attend que cette institution financière internationale, au service des intérêts des puissances occidentales prédatrices et néocoloniales, tout comme le Fonds monétaire international (FMI), fasse son mea culpa à propos des chiffres erronés que comporte son rapport sur l’économie algérienne. On sait qu’il lui a fallu beaucoup de temps pour reconnaître que son classement des pays pour le «climat des affaires», le fameux «Doing Business», était du «bidon». Oui, la Banque Mondiale elle-même admet que le «Doing Business» dont certains «experts» algériens répétaient comme des perroquets le contenu, ne valait rien. La perte de crédibilité du rapport «Doing Business» a obligé la direction de la Banque Mondiale a suspendre son édition puis à mettre un terme à sa publication en septembre 2021, à cause d’«irrégularités dans les données des éditions 2018 et 2020». Et le reste des éditions du «Doing Business», pas d’irrégularités ? Qu’est-ce qui le prouve ? Et le rapport sur l’économie algérienne, correct ? Qu’est-ce qui le prouve ? Dans sa déclaration annonçant la fin du «Doing Business», le Groupe de la Banque Mondiale a promis qu’«à l’avenir, nous allons élaborer une nouvelle approche pour évaluer le climat des affaires et de l’investissement». Si le dernier rapport sur l’Algérie découle de cette «nouvelle approche», la Banque mondiale n’est pas sortie de l’auberge. Elle doit encore revoir ses copies avant de les publier. Pendant un moment, la Banque Mondiale a eu la partie facile en Algérie. De hauts responsables algériens étaient pratiquement dans une posture de supplication pour arracher un petit point dans le classement au «Doing Business». En mars 2016, les membres d’une délégation algérienne à Washington se plaignaient- naïvement ?- que «plusieurs réformes mises en œuvre par l’Algérie en matière d’incitations à l’investissement n’ont pas été prises en compte dans l’élaboration du rapport 2015, alors qu’elles ont été menées avec l’assistance des équipes d’experts de la Banque Mondiale». A l’époque, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui se trouvait lui aussi à Washington, tenait à rappeler à la vice-présidente de la Banque Mondiale, Mme Sri Mulyani Indrawati, que « l’Algérie a réalisé des progrès importants en matière d’amélioration du climat des affaires qu’elle souhaite voir apparaître dans le prochain rapport Doing Business 2016 de la Banque mondiale ». « Nous sommes disponibles à soutenir l’Algérie dans l’amélioration de son climat des affaires, y compris sa législation régissant le secteur privé en vue de créer la croissance et l’emploi », avait déclaré, en retour, Mulyani Indrawati. En 2018, la Banque Mondiale excluait de ses prévisions pour l’Algérie, le «scénario de crise financière qui pourrait secouer l’économie du pays », corrigeant ainsi ce qu’elle avait prédit dans sa première version du même rapport comportant l’évaluation de la situation économique dans notre pays. Son évaluation (en 2018) avait été fondée sur un rapport intitulé «Algérie : vision 2035 ». A l’époque, celle de la «issaba» et de la corruption, il n’y avait que des éloges de la part de la Banque Mondiale ! C’était en 2018. Pourquoi ce changement de traitement ? Pourtant, le gouvernement algérien, en annonçant la fin des subventions des prix des produits et tarifs des services de première nécessité, a fait le geste tant attendu par la Banque Mondiale pour des raisons idéologiques et pas du tout économiques. Certes, la démarche a été heureusement bloquée par des députés qui ont fait en sorte de retarder l’application de cette mesure impopulaire, puis il y a eu l’intervention du Président Tebboune qui a montré des réticences face à la précipitation à satisfaire les volontés de la Banque Mondiale et du FMI. Alors, qu’est-ce qui, dans l’Algérie de 2021, ne plaît pas à la Banque mondiale ? Sans doute, le refus de recourir à l’endettement extérieur. Depuis que la Banque Mondiale a remis les pieds en Algérie, en 1980, à travers le secteur de l’hydraulique, l’expérience algérienne a démontré que les prêts accordés par cette institution – idem pour le FMI et les banques occidentales – sont souvent accompagnés d’atteintes inadmissibles à la souveraineté nationale, et pratiquement sans résultat profitable pour notre pays. Un impact plutôt désastreux. L’argent allait ailleurs grâce à de grossiers mécanismes de financements.
Lakhdar A.