Algérie : 2021, une année financière contrastée !

Vers un changement de cap souhaitable en 2022

L’année 2021 qui se termine aura été caractérisée par la pandémie de la Covid-19 qui fait encore peser des incertitudes sur la nouvelle année. Marquée par des moments de gloires et de déboires sanitaires, mais aussi financiers qui ont dicté aux autorités de nouvelles orientations des politiques budgétaires et monétaires, influencer les mécanisme d’indexation des prix des produits de large consommation et des services, chers.

La hausse des prix de produits alimentaires, du logement et des services ont compliqué la gestion budgétaire de nombreux ménages algériens, notamment, ceux qui ont perdu leur emploi à cause de la crise sanitaire. Une centaine d’entreprises nationales notamment publiques et les banques nationales ont connu aussi depuis le début de l’année une disgrâce rapide causée par des problèmes de trésoreries et le manque de financement, ce qui a contraint les autorités à intervenir pour éviter leur effondrement.

Une réforme bancaire à minima en 2021
« 2 100 milliards de dinars » est le montant levé par la Banque d’Algérie pour refinancer les banques commerciales et lutter contre la crise de liquidité qui a créé un choc sur l’épargne et la consommation des ménages. Egalement secouru par les pouvoirs publics qui ont décidé au titre de la loi de Finances 2022 (LF 2022) de réformer le système des subventions publiques et instituer une allocation chômage aux primo-demandeur d’emploi. Des meures visant à soutenir le pouvoir d’achat des Algériens, mais aussi pour instaurer une certaines justice sociale et fiscale à travers la révision de certains indicateurs financiers.
Les revenus des Algériens ne suivent plus la cadence depuis le début de la pandémie, contrairement à l’inflation qui ne cesse de grimper atteignant à la fin du mois d’octobre écoulé plus de 9%, ce qui est inquiétant, voire insécurisant pour les ménages qui redoutent l’aggravation des indicateurs économiques en 2022. L’Etat a promis de donner un coup de pouce financier aux personnes durement touchées. Même engagement pris pour les entreprises nationales fortement impactées par la double crise sanitaire et économique concernée, désormais, par un programme de réforme profonde de leur système de gestion afin de l’intégrer dans une dimension globale et une importante dynamique productive. Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune a appelé son Gouvernement, les opérateurs économiques et les citoyens à défendre jalousement leur économie et le produit national et à contrer tout ce qui entrave le développement national par le pouvoir des lobbyings et de la bureaucratie. Ainsi ordonner, la levée des verrous administratifs et la lutte contre la corruption et la fraude fiscale qui ont vidé les caisses de l’Etat.
Le ralentissement marqué de l’investissement, de la production et de la croissance pour la deuxième année consécutive, s’est répercuté sur les prix à la vente qui se sont dérapés en spirale inflationniste forte. Quant à l’industrie publique n’arrive même plus à trouver son niveau d’après Covid-19 à cause du manque d’une vision stratégique dans le secteur, un secteur public déstructuré et la mauvaise gestion des portefeuilles de projets. Remettant ainsi l’efficacité de tous les rouages administratifs et l’encadrement réglementaire en cours de révision pour plusieurs secteurs. Plusieurs décisions importantes ont marqué l’année 2021 sur le plan financier et introduites, principalement dans la LF 2022. Sur les soutiens budgétaires, le chef de l’Etat a ordonné la révision du système des subventions publiques des produits de bases pour mettre un terme progressivement aux divergences de niveau de vie et lutter contre la fraude et le marché parallèle estimé à plus de 10 000 milliards de dinars.

Révision de la politique
des subventions, des conséquences contrastées !
Le remplacement du système des subventions publiques par un dispositif de compensation monétaire divise, mais la décision est appréciée majoritairement par les experts qui s’interrogent tout de même sur les conditions et le montant de l’aide financière.
Aujourd’hui, l’objectif est autre que celui d’acheter la paix sociale, selon les pouvoirs publics qui prétendent vouloir instaurer une justice sociale, mais aussi éviter au Trésor public des pertes inutiles. Le montant alloué à l’aide sociale s’élève à 1.900 mds DA en 2021, soit 23.78% du budget de l’Etat. Pour 2022, la LF prévoit « un montant de 1.942 milliards de DA pour les transferts sociaux, soit 8 % du produit intérieur brut (PIB), dont 597,7 milliards de DA pour la subvention des produits de base (céréales, lait, sucre, huile de table), 247 milliards de DA pour l’habitat et 361,1 milliards de DA pour la santé ». Ce n’est demain la veille que l’Etat algérien renoncera à son caractère social, un principe ancré dans sa politique sociale de toujours.
Autre équation positive, l’institution d’une allocation chômage inscrit dans le cadre de la réforme du système d’aide sociale, tout comme le système des subventions de l’Etat qui se « fera à travers le recours aux virements au profit des familles nécessiteuses ». Les détails seront connus au cours de l’année 2022 qui connaîtra une forte hausse des dépenses publiques, selon le texte de LF 2022 qui prévoit des dépenses budgétaires à 9.858,4 milliards de DA, tandis que les recettes budgétaires prévues s’élèveront à 5.683,22 milliards de DA, dont 2.103 milliards de DA prévus au titre des ressources de la fiscalité pétrolière, à condition que le prix du baril ne chute pas au dessous des 45 dollars, le prix référentiel de la LF 2022. Depuis la découverte du variant Omicron les prix du pétrole sont devenus volatiles effrayant les investisseurs.

La Covid-19 a servi de catalyseur
aux réformes financières et fiscales
Ce contraste creuse le déséquilibre financier des comptes publics et fait grandir le déficit budgétaire estimé, selon le même texte à plus de 4.200 milliards de dinars. Pour couvrir les déficits publics, l’Etat a décidé de recourir aux marchés financiers intérieurs et à l’impulsion de l’investissement pour générer de la devise, de l’emploi (baisser le chômage estimé à plus de 14%) et de croissance. Sachant que les réserves de changes ont atteint 44 milliards de dollars, hors et la dette publique en hausse de plus de 51% si elle n’est pas relativisée, elle pourra impacter la croissance du pays, prévue à 3,3% en 2022.
Ce qui est sûr les autorités sont décidées à maintenir cette dynamique de la dette intérieure qui peut avoir un effet soudain sur la croissance et les ménages. D’autres parts, l’Etat refuse fermement de recourir aux services des Institutions de Bretton Woods et au financement non-conventionnel (6.500 milliards de dinars de création monétaire en 2017) qui ont laissé des cicatrices que les autorités actuelles tentent de résorber. Difficilement. Pour compter sur un recouvrement fiscal pour renflouer les caisses des collectivités locales, un programme de décentralisation des administrations fiscales et la remise en état de certaines usines ou entreprises locales à l’arrêt pour créer de l’emploi et de la richesse a été lancé. Il est aussi prévu, dans le cadre de la LF 2022 l’instauration de la taxe sur la fortune pour une meilleure justice sociale. L’Etat a évoqué aussi l’amnistie fiscale pour inciter les entreprises nationales à régulariser leur situation fiscale. Une technique qui a toujours fait recette pour renflouer les caisses de l’Etat qui repense sa stratégie de développement local et économique. Il prévoit d’injecter 433,03 milliards de DA au soutien à l’activité économique (dotations des comptes d’affectation spéciale, bonification des taux d’intérêt), alors que 390 milliards de DA sont alloués aux dépenses imprévues.
Désormais, l’Algérie ne veut prendre aucun retard dans l’effort des réformes structurelles qui devrait être en continuité avec la transformation économique afin de franchir le barrage des nouvelles technologies.
Amorcer en simultané la transition énergétique pour aussi éviter la crise énergétique à l’horizon 2030. Promouvoir un secteur agricole valorisant et valorisé pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. En 2020, la production agricole a atteint une valeur de 25 milliards de dollars, ce qui a contribué à faire baisser entre autres la facture des importations du pays aussi en 2021, permettant pour la première fois depuis six ans a enregistré un excédent commercial au mois de novembre dernier de 1,5 milliard de dollars.
De nombreux experts se sont alors interrogés sur la capacité de l’Algérie à renouer avec la croissance. De son côté la Banque mondiale prévoit 50 milliards de dollars d’importation en 2021 pour l’Algérie et recul de la croissance selon le Fonds monétaire international (FMI) qui pointe le retard de mise en œuvre des réformes structurelles.
La LF 2022 prévoit un nouveau cadrage macro-économique plus solide pour maintenir les déficits et la dette publique à des seuils soutenables. Un petit bémol est la difficulté d’opérer un cadrage budgétaire en raison de l’instabilité sanitaire, des cours du pétrole et la dépréciation du Dinar (+ de 6% durant les premiers 11 mois de 2021). Dans une approche plus structurante, les autorités veulent investir dans la grande transformation pour relancer le secteur de l’industrie nationale et restructurer en parallèle les chaînes de valeur au niveau national et régional. Avant de s’attaquer aux grands chantiers de la réforme, le Gouvernement veut promouvoir un climat des affaires favorable et garantir la stabilité financière pour les investisseurs locaux et étrangers et tenter de retrouver la fluidité commerciale nationale et régionale meilleure à travers la restructuration des entreprises portuaires en crise. Ainsi sortir de la logique de la rente qui a montré ses limites depuis années et franchir un nouveau cap économique.
Samira Takharboucht