Les réformes pour relancer l’économie nationale du seul ressort des Algériens

Le rapport de la Banque mondiale

Chaque pays est souverain dans ses décisions, les hautes autorités du pays étant conscientes des difficultés que traverse le pays. Afin d’éviter des débats stériles qui n’apportent aucune valeur ajoutée, récemment avec la Banque mondiale, le Premier ministre en date du 31/12/2021 l’Algérie note avec justesse, je cite «certains médias ont exagéré dans l’analyse de la teneur du rapport de la Banque mondiale, en le présentant comme un document uniquement négatif, même si on n’est pas d’accord sur certaines données, ce rapport regorge d’indicateurs positifs devant toute critique avoir lecture approfondie afin d’éviter toute sensibilité entre ces institutions et l’Algérie». Certains soi-disant experts, dans un esprit de louange en contrepartie d’une rente, sans lire le rapport, ont contribué à cette mauvaise interprétation. C’est que l’Algérie a toujours des relations constructives avec toutes les institutions financières internationales, FMI, Banque mondiale, BIRD, organisation de l’Union africaine, organisation des pays arabes et bien d’autres dans le cadre du respect mutuel.Le niveau d’inflation est le résultat de la restriction des importations, de la dévaluation du dinar, la faiblesse de l’offre et des émissions monétaires sans contreparties productives, la masse monétaire ayant enregistré une croissance de 12,79% durant les dix premiers mois de l’année en cours 2021. Selon la banque d’Algérie en moyenne des onze premiers mois de l’année 2021, le dinar algérien s’est déprécié de 6,21 % contre le dollar américain par rapport à la même période de l’année précédente où les cours enregistrés étaient de 134,7387 USD/DZD en 2021 et de 126,3681 USD/DZD en 2020. Le PLF 2022 prévoit 149,3 DA pour un dollar 2022, 156,8 DA/dollar en 2023 et 164,6 DA/dollar en 2024, la cotation officielle avec un écart de plus de 50% sur le marché parallèle, (entre 213/215 dinars un euro cours achat/vente) du dinar étant le 23/12/2021 de 138,8054 dinars un dollar et 157,1277 dinars un euro. Malgré le dérapage du dinar pour ne pas dire dévaluation de 5 dinars vers les années 1970/1973 de 80 dollars entre 2000/2004 et actuellement entre 138/139 dinars un dollar, cela n’a pas permis de dynamiser les exportations hors hydrocarbures montrant que le bocage est d’ordre systémique avec la dominance du terrorisme bureaucratique qui bloque les énergies créatrices. Les exportations de biens hors hydrocarbures ont atteint 3,015 milliards soit en tendance fin 2021, environ 4 milliards de dollars. Cependant, le bilan officiel de Sonatrach 2020 donne 2 milliards de dollars des dérivés d’hydrocarbures avec une perspective de plus de 2,5 pour 2021 où selon les services des douane uniquement pour les engrais il y a eu augmentation de plus de 35% pour les 11 premiers mois, sans compter les autres dérivées d’hydrocarbures, et si l’on ajoute les semi-produits à très faible valeur ajoutée , le montant dépasse les 3 milliards de dollars restants aux produits à valeur ajoutée concurrentiels entre 1,5 et 1 milliard de dollars fin 2021. En réalité, avec les dérivés d’hydrocarbures les recettes en devises pour 2021 représentent entre 97/98% où en ce mois de décembre 2021, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach Du fait que plus de 85% des matières premières sont importées, le taux d’intégration faible, tant pour les entreprises publiques et privées, sans compter l’assistance technique étrangère, avec la dévaluation du dinar entre 2022 et 2024, l’inflation sera de longue durée. Comme conséquence de ce processus inflationniste, la détérioration du pouvoir d’achat, la détérioration l’extension des rentes spéculatives avec l’amplification de la sphère informelle contribuant à 50-60% au PIB en hors hydrocarbures, échappant à toute traçabilité, canalisant selon le président de la République entre 6 000 et 10 000 milliards de dinars, soit entre 44 et 73 milliards de dollars. A cette tendance, l’on devra relever d’au moins deux à trois points le taux directeur des banques afin d’éviter leur faillite, freinant par ricochet l’investisseur productif dont la rentabilité est à moyen et long terme. Pour plus d’objectivité, quant au niveau des réserves de change, l’on doit tenir compte du nombre de projets bloqués dont la réalisation aurait donné un déficit de la balance commerciale fin 2021 plus important. Si on avait mis en œuvre tous les projets bloqués, et en prenant en moyenne une sortie de devises pour des projets PMI/PME concurrentiels au niveau du marché mondial, le Premier ministère parle d’un montant d’environ 90 milliards de dollars dont une partie importante en devises avec seulement de 50/70 millions de dollars pour la partie devises, sans compter la partie dinars, et les projets hautement capitalistiques qui fluctuent entre les 2/4 milliards de dollars, auraient été pour les 402 projets entre 20 milliards et 28 milliards de dollars entre 2020/2021, ce qui donnerait fin 2021 entre 13 et 20 milliards de dollars de réserves de change. Quel sera l’impact sur le niveau des réserves de change pour 2022 où selon le gouvernement, il y aura relance de tous ces projets bloqués avec une part importante de sorties de devises, ainsi que de nouveaux projets afin d’éviter de vives tensions sociales sans un afflux conséquent des investisseurs étrangers en nette baisse entre 2019/2021 ? On évoque actuellement la nationalisation des unités des oligarques. Attention de ne pas renouveler les erreurs du passé, puisque selon les données du Premier ministère, des coûts d’assainissement durant les trente dernières années ont coûté au Trésor public environ 250 milliards de dollars et durant les 10 dernières années, selon les fluctuations du taux de change, les réévaluations environ 60/65 milliards de dollars. Pour éviter des remous sociaux, la loi de finances 2022 prévoit pour les subventions plus de 14 milliards de dollars au cours de 138 dinars un dollar, représentant 19,7% du budget de l’Etat.
En conclusion, du fait de l’ancienne culture, vouloir relancer l’économie à partir de lois, de codes, de commissions est un leurre, alors qu’ils ‘agit de lever les contraintes bureaucratiques qui paralysent l’épanouissement du savoir et les entreprises créatrices de richesses. Le véritable patriotisme devant reposer sur un langage de vérité, ni autosatisfaction, ni sinistrose d’où l’urgence de revoir le système d’information qui s’est effrité et la communication de certains responsables en déphasage avec la réalité, afin de mobiliser les citoyens. La vision purement monétaire de la restriction aveugle des importations pour préserver les réserves de change, sans vision stratégique de la relance économique, paralysant l’économie nationale ne peut que conduire à la déflagration sociale avec de graves incidences sécuritaires. L’Algérie, pays à fortes potentialités, sous réserve d’une nouvelle gouvernance, est un acteur déterminant de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine. L’année 2022 sera l’année de tous les défis : relance économique au sein d’une économie ouverte, en symbiose avec une profonde justice sociale ou régression sociale et diplomatique. C’est une question de sécurité nationale.
Professeur des universités, expert
international Dr Abderrahmane Mebtoul
(Suite et fin)