L’homme cyborg

Vers une nouvelle humanité hybride ?

«Le progrès technique est comme une hache qu’on Ò1aurait mis dans les mains
d’un psychopathe.» Albert EinsteinDans cette réflexion, nous allons traiter de science et d’éthique et cela eu égard à leur impact sur ce qu’on croyait être l’humain. C’est un fait, la science bouscule d’une façon de plus en plus conquérante un certain nombre de «certitudes» avec lesquelles l’homme a vécues depuis l’avènement de l’humanité. On remarque que les sciences ne produisent plus seulement des visions du monde. Elles interviennent dans sa transformation. Ce faisant, elles sont tout autant cible qu’outil de formation de nos valeurs. Une question devient toutefois, de plus en plus récurrente : quelle est la définition de l’Humain ? Après l’homme de plus en plus réparé, voici venir l’Homme augmenté avec un certain nombre d’additifs qui boostent son intelligence et ces ajouts nous font basculer dans l’homme machine, le cyborg. Que reste-t-il donc de son humanité ?

Les médicaments intelligents qui nous surveillent !
Une nouvelle façon de soigner consiste à ingérer une puce au plus près de l’organe malade : «L’ère du micro-puçage et de la surveillance des individus est devant nous.» «Les industries pharmaceutiques ont commencé à implanter des micro-puces RFID (dispositif d’identification par radiofréquence) dans les médicaments, sous couvert de créer une technologie de «pilule intelligente». Des véritables capteurs traçables à distance qui autorisent «labos» ou médecins d’entrer au domicile des patients pour surveiller la prise de leurs traitements. Imaginez un monde où l’on surveille tout ce que vous mangez et buvez, et s’assure que vous prenez tous vos médicaments en vous faisant avaler une micro-puce «comestible» qui transmet des informations à distance à diverses autorités. Inconcevable n’est-ce pas ? Et pourtant, un tel monde devient réalité avec la «Smart Pills», pilule digne de Big Brother, brevetée par Proteus Biomedical à Redwood City, Californie. Une fois activée par l’acide de l’estomac, la micro-puce ingérée commence à détecter son environnement et à émettre des données à un récepteur utilisé par le patient. Ce récepteur est également un émetteur qui peut envoyer les données par Internet à un médecin.»
«L’idée derrière tout cela est de créer des «pilules intelligentes» qui peuvent détecter ce qu’il se passe dans le corps et délivrer cette information au médecin du patient. La puce fonctionne en étant incrustée sur le médicament lui-même. Elle est ingérée en même temps que vous prenez vos médicaments et enregistre à quel moment vous avez pris votre traitement. Une fois avalée, elle envoie à travers les tissus du corps un courant électrique de haute fréquence qui est modulé de telle manière qu’elle fournit un marqueur unique à la pilule. Le courant de haute fréquence est capté par le patch de surveillance porté par le patient. L’information peut ensuite être transmise sur les appareils mobiles ou l’ordinateur du médecin (ou tout autre individu capable d’intercepter ces données).»

Le fichage de l’humanité
«On nous présente donc cette puce sous ses meilleurs aspects afin de nous la faire accepter et de faire passer la… pilule ! Pour commencer, Novartis ne prévoit apparemment pas de réaliser des essais cliniques qui pourraient prendre en compte les problèmes de sécurité liés à l’ingestion de micro-puces.»
«Les micro-puces seraient faites d’ingrédients couramment présents dans les aliments, et sont superposés avec des composants en cuivre, magnésium et silicium. Les micro-puces informatiques ne sont pas de la nourriture ! Peu importe qu’elles soient composées avec des ingrédients soi-disant comestibles, les avaler représente un réel danger pour la santé. Les fréquences des ondes radio utilisées dans tout dispositif RFID, cassent les hélices d’ADN des cellules, permettant ainsi la mutation des cellules et le développement de tumeurs).»
«L’être humain réduit à l’état d’une simple machine, comparé à une voiture dans laquelle ils voudraient absolument implanter des capteurs, des traceurs, des analyseurs, des détecteurs, bref des mouchards, et ceci par tous les moyens possibles. Dans ce contexte, on ne peut que considérer que le micro-puçage des pilules profite seulement aux compagnies pharmaceutiques, non pas aux patients. (…) Nous savons tous que d’avaler des micro-puces informatiques qui retransmettent des informations par radio fréquence modulable n’est pas dans la nature humaine. Ces fréquences peuvent être modifiées, ce qui peut s’avérer très dangereux, et la traçabilité des données pose un réel problème d’intégrité et de vie privée. Personne ne peut nier que tout ce qui touche au domaine de l’informatique et au traitement des données peut être piraté, abusé, intercepté et retransmis, et une puce médicale qui retransmet des données par bluetooth est d’autant plus vulnérable.»
C’est un fait, nous allons vers le «big brother». Toutes les technologies surtout celles que l’on présente comme ludiques, voire gratuites sont d’une façon ou d’une autre des banques de données pour ceux qui tirent les ficelles et qui peuvent vendre ces données aux plus offrants, notamment les assurances qui vont dimensionner par exemple le montant de l’assurance en montant du risque qu’ils prennent connaissant le dossier médical des demandeurs. Nous sommes d’une façon ou d’une autre fichés il n’est aisé que de voir comment d’une façon anodine mais lancinante les réseaux sociaux vous harcèlent d’une façon lancinante pour connaître le maximum de renseignements sur vous. Nous sommes des victimes consentantes car nous l’avons voulu ayant fait une reddition en rase compagne. On nous offre des ersatz qui nous promettent du rêve qui nous donnent la sensation que nous sommes importants, que nous avons des centaines, voire des milliers d’amis. Rien n’est plus faut.

Changer de tête à la demande : l’avenir ?
La science conquérante envisage de s’emparer de tous les domaines à la fois physiques et psychiques de l’individu. Chacun se souvient que dans les années soixante-dix du siècle dernier le chirurgien sud-africain Chris Barnard avait ouvert «les hostilités» en greffant un cœur d’un homme dans le corps d’un autre ! Cette prouesse révolutionnaire fut saluée dans le monde entier. C’était en effet l’ouverture d’un vaste champ de la chirurgie réparatrice amenant à «l’homme réparé» comme une voiture où on arrive graduellement à remplacer les pièces défectueuses reculant graduellement les limites de la mort. Cependant, du point de vue éthique, depuis toujours on pensait que le coeur était le siège du sentiment, de l’émotion et pourtant, du jour au lendemain, la science nous a dit de chercher ailleurs pour placer ce qui dans l’imaginaire, la philosophie, l’éthique et les religions ce «supplément d’âme» qui accompagne le corps.
Dans un article paru sur le journal Le Monde, Pierre Barthélémy rapporte une expérience troublante sur la mémoire: «Visant à fabriquer de nouveaux organes pour remplacer ceux qui se révèlent défectueux, la médecine régénératrice est un domaine en pleine expansion. Un domaine qui pose aussi des questions inattendues lorsqu’il touche au cerveau : pour les personnes souffrant d’une maladie neurodégénérative comme la maladie d’Alzheimer, qu’arrivera-t-il aux souvenirs stockés depuis l’enfance lorsqu’on repeuplera le cerveau avec des neurones tout neufs issus de cellules souches ? Les informations seront-elles perdues comme des archives brûlées ou bien parviendront-elles à être conservées grâce à une sorte de mémoire dynamique en constant remodelage ?»
«La réponse à ces questions fascinantes, poursuit l’auteur, pourrait bien venir de… vers. Les planaires sont dotées d’un cerveau centralisé, avec une transmission synaptique et une gamme de neurotransmetteurs que l’on retrouve chez les vertébrés. (…) Dans une étude publiée le 2 juillet par le Journal of Experimental Biology (JEB), une équipe de l’université Tufts (Massachusetts) a voulu tester de manière radicale la dynamique du souvenir: une fois que sa tête a repoussé, la planaire décapitée se rappelle-t-elle quelque chose de sa vie d’avant ? (…) Toute la difficulté tient dans le fait que l’on doit prouver que la planaire se souvient de ce qu’elle savait avant qu’on lui coupe la tête. La meilleure manière de s’en assurer consisterait à lui apprendre quelque chose. (…) Ses auteurs ont mis au point des plates-formes expérimentales pour entraîner les planaires et tester leur mémoire. (…)»
«L’idée consistait à leur faire reconnaître cet environnement particulier et à leur apprendre à y trouver de la nourriture, sous forme de minuscules morceaux de foie de bœuf (les planaires sont carnivores). Alors que ces vers préfèrent d’ordinaire rester sur les parois des récipients et évitent la lumière, ils devaient apprendre à vaincre ces réticences pour manger car la nourriture était placée au milieu de la boîte et éclairée de manière assez vive par une diode électroluminescente. Avec un tel protocole, les chercheurs s’assuraient que le comportement de ces animaux résultait bien d’une décision prise par le cerveau et qu’il ne s’agissait pas d’un quelconque réflexe. Au bout d’une dizaine de jours d’entraînement, les planaires habituées aux «arènes» trouvaient beaucoup plus vite leur pitance que celles qui ne connaissaient pas cet environnement».
«Ensuite les chercheurs ont laissé leurs bestioles tranquilles pendant deux semaines, puis les ont testées de nouveau, avec succès. Si l’on veut tester sa mémoire après une décapitation, il faut en effet déjà être certain que l’animal est capable de garder un souvenir ! Les têtes ont été coupées de manière à ce que plus un milligramme de cerveau ne subsiste. Une fois que la repousse a été complète, les vers sont retournés dans l’«arène». Lors de la première séance, les résultats ont été «décevants». Mais dès le test suivant, le niveau de leurs performances est remonté à celui qu’il était avant la décapitation. Une fois rafraîchie, la mémoire leur était revenue ! Pour Michael Levin, Ce dont nous apportons la preuve, c’est que de manière remarquable, la mémoire semble être conservée en dehors du cerveau. Un peu comme si le cerveau tout neuf démarrait à partir d’un disque de sauvegarde.»
Ce qui paraît étrange le croyons-nous, dans cette expérience, est-ce que la mort n’a pas envahi le ver décapité ? Comment la vie du ver a-t-elle survécu dans la tête décapitée et transmise à l’autre corps ? A moins que d’admettre il existe «le souffle divin» véhiculé par des cellules souches aussi bien dans la «queue» du vers que dans la «tête».
Par Chems Eddine Chitour
(A suivre)