L’homme cyborg

Vers une nouvelle humanité hybride ?

La prouesse est double, non seulement la vie n’a pas disparu, mais de plus, la mémoire est transmise sans défaillance ce qui relance, dans une certaine mesure, l’inné et l’acquis et remet au goût du jour le «Lamarckisme»…

Justement à propos de tête, une tentative de greffe de tête humaine est envisagée !! «Dans une étude publiée il y a quelques jours par la revue Surgical Neurology International, le neurologue italien Sergio Canavero annonce qu’il est désormais possible de… greffer des têtes humaines. Pour être plus précis, si l’on considère que le cerveau, contenu dans le crâne, est le siège de la personnalité, de la conscience, et renferme ce qui rend chaque être humain unique, il vaudrait mieux parler de greffe de corps plutôt que de greffe de tête. L’auteur de l’étude écrit que les chirurgiens devront d’abord s’entraîner en réalisant des expérimentations sur des primates, voire sur des humains en état de mort cérébrale. Si tout avance comme sur des roulettes, la première greffe de tête humaine pourra avoir lieu dans deux ans assure Sergio Canavero.» Là encore nous sommes en face d’une énigme, quand on décapite la tête, que devient ce que l’on appelle l’âme ce que les religions juive et musulmanes appellent «rouh» que donc beaucoup de tétra/paraplégiques retrouveront l’usage de l’intégrité de leurs corps ? Cette expérience permettrait de déterminer plus précisément l’origine biologique de la conscience. La tentation de prolonger la vie, voire de rajeunir, va être bien grande, pour ceux qui en auront les moyens. Ceci combiné à l’allongement de la durée de la vie, la mécanisation du corps, et autres possibilités ne serait-ce pas considéré comme un premier pas vers «l’éternité»?
Une singularité sur le plan éthique, serait d’un vieillard espérant revivre avec un corps jeune. La question est de savoir si la quête de l’immortalité à n’importe quel prix entre dans la mission du médecin ? En fait, dans la quête de l’éternité, la solution finale serait la «copie» de cerveau, soit en recréant la matière grise in-vitro, soit en simulant parfaitement sont fonctionnement par un système logiciel et en copiant le «contenu» du cerveau dans ce système Le Human Brain Project, a pour objectif précisément de modéliser le cerveau.

Le «Human Brain Project», ou le fantasme de l’immortalité digitale
Financé par l’Union européenne, le «Human Brain Project», implanté à Genève, vise à créer un superordinateur capable de reproduire le comportement d’un véritable cerveau humain. Les chercheurs pourront ainsi mieux comprendre les maladies neurodégénératives. Le projet repose sur la création d’une simulation numérique totale d’un cerveau humain. «Le Human Brain Project» se fonde sur les recherches du neuroscientifique sud-africain Henry Markram. Henry Markram est à l’origine du lancement en 2005 du «Blue Brain Project», qui a abouti sur la reproduction trois ans plus tard d’une colonne corticale de souris, l’équivalent de 10 000 neurones. Cette opération a été réalisée à l’aide du supercalculateur Blue Gene d’IBM, d’une puissance de calcul totale d’un pétaflop, soit un million de milliards d’opérations à la seconde. Suffisant pour reproduire en théorie un cerveau de rat et ses 200 millions de neurones, mais encore loin des 90 milliards de neurones du cerveau humain. Les chercheurs auront alors besoin d’une puissance de calcul d’1 exaflop (1018), c’est-à-dire un milliard de milliards d’opérations à la seconde.»
Dans le même ordre du développement de l’intelligence artificielle on apprend que « Le géant américain Microsoft présente le système DeepCoder en collaboration avec l’université de Cambridge. Cette intelligence artificielle (IA) est capable de coder en assemblant des lignes de codes d’autres logiciels Le système DeepCoder basé sur le deep learning est en effet capable de coder en synthétisant des morceaux de codes déjà existants. DeepCoder utilise des réseaux neuronaux pour trouver les fragments de code qui fonctionnent le mieux ensemble. L’intérêt du recours à une telle intelligence artificielle pour ce type de tâche tient donc au fait que celle-ci travaillera plus rapidement qu’un humain tout en ayant la capacité de synthétiser une quantité de données bien plus importante. Il s’agit là d’une collaboration Homme-machine et d’une évolution à laquelle vous et moi pourrons un jour nous en remettre pour accomplir la partie la plus fastidieuse ou rébarbative du travail de programmation afin de se concentrer sur des tâches plus élaborées .
On sait que Google, s’intéresse déjà à la lutte contre le vieillissement au travers du projet Calico. «Ray Kurzweil, directeur de l’ingénierie de Google et figure du trans-humanisme, prédit ainsi que «l’immortalité serait accessible à l’être humain» dès 2045 Il reste un gouffre entre un esprit humain stocké dans un ordinateur et la vision de l’immortalité communément admise. L’idée d’un corps entièrement mécanique contrôlé par un esprit humain dans un cerveau synthétique, donnant ainsi accès à une véritable «immortalité digitale a» reste pour les spécialistes du domaine de la science-fiction.. «Nous pouvons créer des corps virtuels et une réalité virtuelle aussi réaliste que la réalité réelle», évoquait ainsi Ray Kurzweil lors de la conférence Global Futures 2045 International Congress of New York organisée cet été par le milliardaire russe Dmitry Itskov. (…)»

Que deviennent l’âme et l’esprit après la mort ?
Changer de corps, changer de tête, dans tout çà où est l’identité de l’Homme ? A partir du moment où nous partageons avec un exo cerveau, un exo squelette, en un mot avec la machine une partie de notre identité. Il arrive un moment où même avec les avancées du bricolage du génome par une méthode semble-t-il très simple la Crispc9, que reste t-il de notre part d’humanité qui mis des milliers d’années à évoluer pour finalement se faire « doubler » par une machine qui fait de nous un cyborg mi-homme mi machine, une chimère qui à un moment ou un autre cessera de vivre ou plus exactement de fonctionner ? Notre marqueur identitaire sera dilué et notre carte spirituelle, que devient-elle près la mort? Pour le père Souchon jésuite: «Ce que nous devenons après la mort est un bien grand mystère. Le mot même après”, qui suggère l’idée d’une continuité temporelle, est mal adapté pour parler de l’éternité (…) Le mot rouh (vent, souffle, esprit) est un mot très riche et complexe. C’est d’abord le vent, un des éléments de la nature, vent de tempête ou brise légère, «dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va» (Jean 3,8). Quand il est question de l’être humain, c’est la respiration, le souffle, la force et l’énergie vitale. Présent à la création, le souffle de Dieu (Son Esprit) est, en quelque sorte, le lien vital entre Dieu et l’homme.(…)»
Plus largement, les religions notamment révélées, devraient – de mon point de vue – montrer que la transcendance n’interdit pas d’aller vers la science notamment, pour réparer le corps, mais que l’existence de l’homme est un miracle non seulement en termes d’insufflation de la vie, mais même au vu des millions de contraintes physico-chimiques surmontées pour qu’il naisse. Il n’y a pas lieu pour les croyants, de tenter de se substituer au divin…
Einstein a bien raison ! De plus en plus les barrières éthiques sont de plus en plus dépassées au nom de la concurrence. Devant la science confucéenne qui a une autre vision de l’homme de sa présence sur Terre, les chercheurs n’ont pas d’état d’âme contrairement aux dernières digues qui commencent à sauter en Occident. Cette course vers l’abîme fait que l’homme ce tard venu à l’échelle des temps cosmiques se veut un destin prométhéen. Il veut arracher le feu aux Dieux et dans son hubris, il précipitera l’humanité vers le chaos car il fait des expériences en étant lui-même dans l’éprouvette ! Si l’humanité disparaitra du fait d’une catastrophe anthropique de causes multiples, comme les changements climatiques, le bricolage biologique, la Terre et l’univers ne la pleureront pas ! Que représente en effet quelques millions d’années sur quelques 13,82 milliards d’années ! un clin d’œil !

Par Chems Eddine Chitour
Suite et Fin