Ils ont ouvert la voie vers l’indépendance

Décès de Othmane Belouizdad, membre des 22

Ils étaient quelques uns à avoir planifié le déclenchement le 1er novembre 1954 de la Guerre de libération nationale contre le colonialisme français. Militants politiques forgés par de longues années d’activité au grand jour ou clandestine, pour l’indépendance et contre le joug colonial français, ils savaient que le peuple était mûr pour le combat décisif. Ils en étaient convaincus. Beaucoup d’entre eux ont perdu la vie durant la lutte armée et n’ont pas vu leur pays accéder à son indépendance. Ceux qui ont survécu ont pu ensuite apporter leurs témoignages sur non seulement la lutte armée mais aussi et surtout sa longue préparation politique et militaire. Othmane Belouizdad a fait partie des survivants du groupe des 22 qui ont ouvert la voie vers l’indépendance. Il a eu le privilège d’avoir été membre de l’OS (Organisation spéciale) qui, dès les années 1940, dans le secret le plus total, a planifié la sortie du peuple algérien de l’ère coloniale que lui ont imposée plus d’un siècle avant, les envahisseurs français. Comme l’indiquent son témoignage et ceux de ses compagnons, l’affranchissement de l’Algérie du joug colonial français a exigé de très lourds sacrifices. En fait, ces sacrifices ont été consentis depuis les premiers instants de la colonisation. Les commentaires et discussions qui ont suivi le décès de Othmane Belouizdad ont confirmé l’exigence de poursuivre avec sérieux l’œuvre d’écriture de l’histoire de la lutte anti coloniale dans toutes ses phases. L’histoire de l’Algérie de 1832 à 1962 est quasi exclusivement faite de cette lutte anti coloniale incessante : face aux premiers occupants français, face aux dépossessions des terres et des biens, face aux actes de génocide visant à faire disparaître le peuple algérien pour le remplacer par les colons venus d’Europe, aux tentatives d’acculturation, à travers l’école, dans la future élite autochtone, pour faire disparaître en particulier la religion et la langue ainsi que le passé historique et inculquer à leur place la religion chrétienne, la langue française et les ancêtres gaulois.
En octobre dernier, en réponse aux propos non démentis- jugés irresponsables par l’Algérie- attribués nommément au Président français, Emmanuel Macron, par plusieurs sources françaises, un communiqué de la Présidence de la République avait précisé que ce sont « 5.630.000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leurs vies dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la Glorieuse Révolution de libération nationale ». Ce communiqué rappelait que « les crimes de la France coloniale en Algérie sont innombrables et répondent aux définitions les plus exigeantes du génocide contre l’humanité. Ces crimes qui ne sont pas prescriptibles, ne sauraient faire l’objet d’une manipulation des faits et d’interprétations atténuantes », citant « les exactions, massacres, enfûmades, destructions de villages, des centaines de ‘’Oradour-Sur-Glane’’, éradications de tribus de résistants, qui sont des génocides en séries que les acrobaties conceptuelles et les raccourcis politiques ne parviendront jamais à occulter ». Certains milieux en France ont l’incorrigible défaut de tendre vers la promotion d’une version apologique du colonialisme au détriment de la vision établie par I’Histoire de la légitimité de luttes de la libération nationale, alors que rien ni personne ne peut absoudre les puissances coloniales de leurs crimes. Pourtant, les massacres d’Algériens par la police française en octobre 1961 ont eu lieu à Paris.
Les Algériens font face à cette action de désinformation sur l’histoire de la colonisation. Ainsi, à titre d’exemple, le musée du Moudjahid de Laghouat a commémoré au début décembre 2021, le 169ème anniversaire de la résistance de Laghouat, où le 4 décembre 1852 les forces coloniales françaises ont commis l’un de leurs plus atroces massacres contre le peuple algérien, recourant même à l’utilisation d’armes interdites. Le 1er novembre 2021, des moudjahidine de la région de Blida ont été nombreux à déposer leurs témoignages et à participer ainsi à l’écriture de l’histoire de la Guerre de libération, dans le cadre de l’initiative d’enregistrement des témoignages historiques des moudjahidine, lancée depuis plusieurs années par le ministère des Moudjahidine en vue de préserver l’histoire et le patrimoine des Algériens.
A Chlef, c’est la bataille de Beni Boustour, le 16 janvier 1958 dans les environs de la commune de Beni Bouâtab, à 50 km au Sud de Chlef, qui a été commémoré.
Lakhdar A.

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