«Les contours flous des contrats de management relevés»

L’industrie cimentière pointée par la Cour des comptes

Surévaluation des coûts d’investissements, absence du transfert du savoirfaire, non-respect des délais de réalisation des plans d’investissement et abandon des équipements inscrits dans le cadre de mise en oeuvre des contrats de managements conclus, entre 2005 et 2008, après évaluation de la valeur économique de chacune des cinq cimenteries publiques privatisées partiellement après leur évaluation par la CETIC.Ce sont les quelques lacunes relevées par la Cour des comptes, dans son rapport annuel publié mardi dernier sur son site web,
dans lequel, elle charge les cinq cimenteries et fustige la piètre gestion du groupe public Gica qui a enregistré une baisse des gains de sa productivité et des écarts de rendement assez significatifs entre 2019 et 2020. Selon, le même document les taux de rendement des contrats de managements signés avec des partenaires étrangers dans le cadre du programme de restructuration et de privatisation (totale ou partielle)
des entreprises publiques ont décroché rapidement sous l’effet de la concurrence privée, de la pandémie, mais surtout de l’incertitude de certaines clauses de ces contrats. « La Cour a observé que l’accroissement de la moyenne annuelle de production de la période 2013- 2020 a été atténué par la baisse de la production durant la période 2017- 2020 en raison essentiellement de deux facteurs à savoir, à savoir l’amplification de la concurrence durant cette période avec l’entrée en exploitation de nouvelles cimenteries du secteur privé qui ont pris une part importante du marché du ciment ainsi que les effets de la pandémie de la Covid-19 en 2020 sur le secteur du bâtiment et par conséquent
sur la production du ciment », a expliqué la juridiction financière dans son rapport, pointant la baisse de la production du ciment de quatre cimenteries, à « l’exception de la SCMI dont la production a augmenté de 6% en 2019 et de 8% en 2020 ». Le groupe public Gica a enregistré,
de son côté, une baisse de production du ciment de 16 et 20% entre 2019-2020 comparativement aux résultats de 2017», précise la même source qui a relevé dans son évaluation le manque d’engagement de la partie étrangère dans la formation et le transfert du savoir-faire de la
partie algérienne. « Le transfert du savoir-faire par le partenaire n’a pas été pris en charge », a relevé le même rapport, expliquent la baisse de performance de ces cimenteries par « des lacunes caractérisant l’élaboration des contrats de management dont les clauses contractuelles
n’ont pas suffisamment définis les objectifs de performance du manager, les modalités d’évaluation des objectifs contractuels, les critères de désignation du directeur général et les conditions de sa révocation, en plus de l’absence d’une prise en charge adéquate de la question de la formation et du transfert du savoirfaire». Ce qui nous rappelle, l’échec de la privatisation partielle de la cimenterie de Meftah, après le rejet au départ des pouvoirs publics de l’offre financière du repreneur portugais. Aujourd’hui, d’autres paramètres sont à l’origine de l’échec de ces
privatisations partielles dont le non-respect des plans d’investissement arrêtés pour la réalisation des objectifs de production, selon la Cour des comptes a recommandé dans son texte d’évaluation, la définition avec « rigueur des clauses du contrat de management relatives aux objectifs de l’entreprise notamment en matière de part de marché, de rentabilité, d’efficacité et de qualification du personnel avec un système adéquat de rémunération du partenaire manager », mettant l’accent sur la nécessité de « veiller à inclure dans le contrat de partenariat/management la clause concernant le transfert du savoir-faire et de l’expérience technologique qui font la réputation du partenaire/manager ». La juridiction financière reconnaît, par ailleurs, l’effort fourni par les deux parties dans l’amélioration des rendements de la production annuels des cimenteries, estimant, dans ce cadre qu’ « il ressort de l’évaluation que l’opération de partenariat-privatisation
de la filière ciment a, outre l’ouverture du capital social aux investisseurs étrangers, contribué à l’amélioration des rendements de production annuels des cimenteries. Cependant, les objectifs contractuels de production fixés dans les contrats de management de quatre cimenteries sur les cinq et l’objectif de mise à niveau de leurs outils de production n’ont pas été atteints, en dépit des opportunités qu’offrait, durant cette
période, le marché national du ciment, et la rentabilité des cimenteries et de leur aisance financière », a regretté la Cour des comptes dans son constat.
Samira Takhaboucht