Le trafic d’or, une enquête sans fin

Algérie

A en croire le dernier rapport de l’entreprise d’exploitation des mines d’or Enor, l’Algérie a exporté plus de 848 kg d’or depuis 2011. Il reste à savoir pourquoi le stock d’or de l’Algérie n’a pas bougé depuis 2009 alors que notre pays s’est lancé déjà dans l’exploitation du gisement d’or d’Amesmessa qui a un objectif de hausser sa production aurifère à 3 tonnes d’or annuellement, a fait savoir le responsable d’Enor.

L’Algérie est classée 4e en Afrique avec un produit intérieur brut évaluée à 155,31 milliards de dollars avant le Nigeria avec un produit brut de 466,88 milliards de dollars. Le dernier rapport du Conseil mondial de l’or a positionné l’Algérie à la 22e place au niveau international et en 3e position dans la région arabe après l’Arabie saoudite «14e» et le Liban « 16e » qui détient des richesses en la matière. Selon ce rapport, les réserves d’or au courant de l’année 2009 avaient été de 173,6 tonnes, indique-t-on avec une valeur de 6,05 milliards de dollars, soit 4,4 % des réserves mondiales. Les réserves de changes d’autre part étaient de 160 milliards de dollars en juillet 2011, une situation positive qui a permis à l’Algérie d’occuper la 1re place en Afrique en termes de volume de réserves en or. Le sol algérien a gardé ses réserves aurifères intactes depuis 20 ans.
L’Arabie saoudite dispose de 339,6 tonnes suivie du Liban avec 286,8 tonnes estime le rapport du conseil mondial de l’or qui notamment souligne que les Etats-Unis détiennent toujours une plus grande réserve d’or au monde avec plus de 8133 ,5 tonnes d’or. De ce point, il faut savoir que les réserves d’or de l’Algérie favorisent le pays en faveur de la tendance haussière qui caractérise l’or depuis le début de la crise financière mondiale. Les explorations engagées dans le sud du pays font permettent d’augmenter les stocks déjà présents.

Le marche noir de l’or : une affaire qui rapporte bien
La marché de l’or connaît à Annaba actuellement une hausse vertigineuse depuis déjà un certain temps et l’enquête que nous avons mené, nous a permis de découvrir les nombreuses bijouteries de la ville dont la majorité est basée à la rue Ibn Khaldoun. On a remarqué une envolée des prix de l’or qui a augmenté par rapport à 2010 de 30% à 40%.
Durant notre enquête que nous avons effectuée récemment nous avons constaté que le marché de l’or à Annaba connait actuellement une envolée où les prix actuels du gramme d’or local oscillent entre 6135 DA et 8183 DA alors que celui d’importation italienne se vend entre 7500 et 8200 DA, l’or blanc quant à lui s’échange entre 7800 DA.
Le marché national qui est inondé par des importations frauduleuses dans lequel certains connaisseurs de l’activité révèlent un certain développement de faux poinçons et une absence de toute marque spéciale dans la fabrication de l’or jaune. Quelques bijoutiers de la wilaya estiment que le marché est aujourd’hui inondé d’or truqué et issu de la récupération de bijoux sous forme d’or cassé.
A en croire le propriétaire de l’une des grandes bijouteries de la ville, l’or jaune importé légalement ou irrégulièrement provient essentiellement de la Libye, d’Italie et surtout de la Turquie et de Dubaï. Les lots qui sont importés de France sont majoritairement issus des ventes aux enchères. Les mesures prises par l’Etat dans l’assainissement de ce créneau se sont traduit par des échecs compte tenu de nombreux fraudeurs et des saisies importantes d’or hors normes effectuées dans plusieurs régions du pays, souligne-t-on. A titre illustratif il est à rappeler que les services de répression des fraudes relevant de la direction des impôts avaient opéré durant le mois de mai 2010 des descentes au niveau de plusieurs bijouteries d’Annaba. Or, ce sont, révèle-t-on, près de 28 kg d’or qui avaient été récupérés par ces services qui avaient évalué cette saisie à près de 8 milliards de centimes, soit indique-t-on 77 infractions avaient été constatées lors de ce contrôle rigoureux. Parmi les commerçants incriminés, sept avaient été poursuivis en justice suite à leurs activités irrégulières.
A cet effet il est important de signaler que ces derniers mois l’or à Annaba a connu une réelle augmentation des prix pratiqués par les bijoutiers et vendeurs informels. Les clients aujourd’hui nous avouent quelques bijoutiers se font rares et hésitent d’acheter des bijoux, certains d’entres eux qui sont obligés d’acheter pour des fêtes de mariages payent en trois ou quatre tranches leurs bijoux. Nos informateurs ont dénoncé certains bijoutiers malhonnêtes qui mélangent des matières jaunes comme celles des pièces de monnaies de 20 et 50 DA avec l’or pour gagner en poids. Pour ce qui concerne les pièces de louis d’or Napoléon de 18 carats qui sont commercialisées sur le marché, celles-ci sont très demandées pour un prix de près de 30 000 DA. Or, le marché de gros de l’or est une forteresse en Algérie qui possède des réseaux bien structurés implantés en Italie, en France et en Turquie ; les plaques tourmentes du grand trafic en or restent les régions de Tébessa, Guelma, Constantine et Oran.
Selon des renseignements plausibles, le lingot d’or importé coute entre 1,3 et 1,5 million de DA. Ce créneau très porteur et très juteux a ouvert des portes à plusieurs gens qui s’adonnent corps et âme à ce métier de marchand d’or. Sur les trottoirs de la rue Gambetta à Annaba comme ailleurs, des jeunes personnes offrent leurs services à des passants à des prix différents de ceux pratiqués par les bijoutiers réglementées. Leur clientèle est constituée généralement de femmes on leur proposant un bracelet, une chaine ou une bague et c’est constate-t-on des liasses de billets de banque qui sont comptés en pleine ruelle.
Les artisans bijoutiers quant à eux estiment que l’Etat algérien perçoit des milliards de dinars par an sous forme d’impôts où le Trésor public ramasse quotidiennement plus de 300 millions de DA sous forme de règlement de diverses formes fiscales seulement en provenance de ce métier d’or, a-t-on informé encore. De plus en plus de magasins ont récemment ouvert dans la wilaya pour vendre le plaqué or, qui notamment offre un large éventail de modèles, soit des bijoux qui possèdent une garantie de 7 à 10 ans ; une grande affluence a été constatée chez ces boutiques spécialisées dans le plaquage de l’or surtout à l’approche de l’été particulièrement en cette période des mariages.
Oki Faouzi