La refondation des «partenariats économiques», au menu du Sommet UA-UE

L’UE veut contrer l’influence chinoise en Afrique

La France a pris depuis le début de l’année, et ce, jusqu’à six mois la présidence du Conseil de l’Union européenne, ce qui explique l’intérêt accru apportée par l’UE au continent africain que le Président français Emmanuel Macron considère comme «une priorité clé» et un fer de lance pour la reprise économique mondiale. La refondation du partenariat entre l’Afrique et l’Union européenne, en vue du Sommet UE-UA, prévu du 17 au 18 février 2022 prochain à Bruxelles (Belgique) obéira plutôt à une «vision et ambition française». Ce qui ouvrira, d’autre part, la voie aux autres partenaires européens pour investir en Afrique et mettre en place une alliance ambitieuse. Une ambition que partagent les dirigeants des pays africains qui espèrent aboutir, lors de ce Sommet important, à des accords commerciaux à bénéfices communs, surtout équitables.
Ce qui n’est pas de l’avis de tous. L’Algérie figure parmi les rares pays à remettre en question l’Accord d’association avec l’UE et appelle depuis des mois à une révision «clause par clause»de ce partenariat, mal négocié dès le départ. Le bilan des échanges commerciaux entre les deux parties, après seize ans d’application est plutôt «négatif et inéquitable». C’est peut-être l’occasion pour l’Algérie d’évoquer cette question de révision de l’accord de coopération avec l’UE afin de l’adapter aux intérêts communs des deux parties, ce qui permettra, par conséquent, l’entrée en vigueur tant attendue de la Zone de libre-échange, d’un côté.
D’un autre côté renforcer ses liens avec les pays africains qui ont, malgré toutes les contraintes sécuritaires, sanitaires, sociales et financières, réussi à créer leur propre bloc commercial intercontinental (Zlecaf). Ils veulent s’affranchir de leur dépendance au vieux continent en s’appuyant sur les jeunes compétences (start-ups) et l’intégration financière.
Ce continent tant convoité par les Occidentaux réclame aujourd’hui de nouvelles garanties et des bases plus équitables et bénéfiques. Un objectif difficile à atteindre en raison des concessions et de la flexibilité de nombreux pays africains, en crise. «La dette publique africaine a doublé entre 2008 et 2019 (passant de 28 % à 56% du PIB) et plus d’une vingtaine de pays africains seraient en position de surendettement ou en passe de le devenir», selon le Fonds monétaire international (FMI). Si l’objectif affiché par les pays membres de l’UE est de redresser les économies Nord-Sud à travers la signature de nouveaux partenariats afin de garder sa place de premier partenaire de l’Afrique sur le plan économique et commercial, entre autres, le véritable objectif est de contrer l’influence grandissante de la Chine sur le continent.
Au mois de décembre 2021, Bruxelles contrariée par le «positionnement de l’Empire du milieu»annonce «vouloir mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros (434 milliards de dollars canadiens) de fonds publics et privés d’ici à 2027 dans des projets d’infrastructures à travers le monde, notamment, en Afrique».
Le sixième Sommet UA-UE serait un rendez-vous décisif pour les deux parties. Samira Tk