Penser une nouvelle stratégie de production, le dilemme de l’Opep+ !

Arrêt du financement des projets d’exploitation des énergies fossiles dès février

Ces deux dernières semaines, les cours du pétrole ont regagné de la vigueur au fur et à mesure de la hausse de la demande sur le marché et de l’accélération de la reprise économique internationale. Le prix du baril de Brent a atteint un nouveau sommet avant-hier, avant de retomber légèrement au cours de la séance d’hier affecté par la légère hausse des stocks de brut américains. Les cours de l’or noir maintiennent toutefois leur trajectoire de hausse, oscillant entre 87 dollars et 88 dollars. Cette tendance s’adapte à la discipline stricte des pays membres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et leurs alliés non-Opep qui, malgré leurs importantes capacités de production, refusent d’augmenter leurs quotas d’extraction pour maintenir l’équilibre du marché.
Le groupe informel reste indifférent aux appels des pays consommateurs, notamment, de Washington (Etats-Unis) qui exigent l’augmentation de l’offre, ce qui ne figure pas à priori dans les projets du cartel. Cette stratégie de production peut être un moyen de pression pour profiter de la dépendance des pays industrialisés aux énergies fossiles. Sachant que ces mêmes pays ont convenu lors de la Conférence sur le climat qui s’est tenue à Glasgow d’arrêter le financement des nouveaux projets d’exploitation et d’exploration des hydrocarbures, menaçant ainsi la stabilité financière des pays producteurs dont l’économie dépend hautement de la rente. L’annonce a été qualifiée par de nombreux responsables de pays producteurs de l’or noir d’«irrationnelle», à l’instar de l’Algérie qui estime que cette décision n’est qu’une «guerre d’intérêt».
La soif de brut des pays industrialisés n’est toujours pas étanchée, malgré leur «semblant» renoncement à l’utilisation des énergies fossiles au profit du renouvelable. Il reste aussi à convaincre les compagnies pétrolières mondiales d’abandonner leurs investissements dans ce secteur. Une tâche qui n’est pas aisée. Le géant français des hydrocarbures Total, l’un des groupes les plus actifs en Algérie, a refusé de renoncer à l’exploitation et à l’exploration des énergies fossiles, tout en exprimant leur grand intérêt au mix énergétique.
Pour Total et beaucoup d’autres compagnies pétrolières le mix énergétique serait la solution idéale. Ce qui est peu confortable pour le gouvernement français qui a déjà défini une «trajectoire d’arrêt des financements exports pour les projets de recherche et d’exploitation, en 2025 concernant les projets pétroliers et en 2035 pour les projets gaziers». Aucun pays ne peut prévoir l’avenir du marché pétrolier toujours instable en raison de la situation sanitaire et du repli de l’investissement. Le marché pétrolier influence de manière directe le marché boursier. L’évolution de ces deux marchés étroitement liés est tributaire des décisions des pays producteurs, des pays consommateurs, mais surtout de la situation sanitaire mondiale.
Les tensions entre les Etats-Unis et la Russie sur la situation en Ukraine, sur l’Iran et la Chine influencent également l’évolution des cours du pétrole. Le regain des cours du pétrole ces dernières semaines est soutenu par la discipline des marchés et le resserrement de l’offre, accentuant le déséquilibre déjà existant. De nombreux spécialistes tablent sur un prix du baril à 100 dollars, doutant par ailleurs de la capacité des pays de l’Opep+ de répondre à la forte demande du marché en raison de l’irrégularité de leur production et la baisse des investissements dans le secteur. C’est aux Groupe informel Opep+ de répliquer à cette remise en question. La nouvelle stratégie de production sera connue lors de sa prochaine réunion prévue le 2 février prochain.
Samira Takharboucht