En écrivant, je ne trempe pas ma plume dans l’encrier, mais dans la vie

Tremper sa plume dans la vie

La plume fait référence au moyen traditionnel d’écriture de l’ancien temps, l’encrier que l’on remplit d’encre pour écrire des mots : verbes, sujets, compléments que l’on aligne selon la stricte application des règles de syntaxe. Et lorsqu’on écrit, on s’inspire de la vie et non de l’encrier.

Cependant, l’encrier est un objet hautement symbolique qui renvoie à l’ancien temps au cours duquel on se servait de l’encre pour écrire, aussi bien à l’école qu’à la maison ou dans un bureau. On doit se souvenir de la classe où devant chaque élève, il y avait un encrier, encastré à l’avant de la table ; chaque élève muni de son porte plume, trempait sa plume dans l’encrier pour écrire ce qu’on lui dictait. On se souvient aussi du secrétaire de mairie qui a usé tant de plumes pour remplir, de sa belle écriture, les papiers d’état civil comme les fiches individuelles ou les fiches familiales. Mais lorsqu’on trempe sa plume dans l’encrier, on la trempe, en réalité dans la vie, source d’inspiration importante.
En effet, la vie représente le vécu de tout le monde et de chacun. C’est la vie qui alimente chaque individu en nécessaire pour vivre, échanges langagiers ; de plus, c’est dans la vie qu’on acquiert toutes sortes d’expériences, des gens avec des caractères, qu’on apprend à connaitre que chaque individu ne cherchant que ses intérêts. Les liens d’amitié sont fondés sur la compréhension mutuelle et toutes les qualités humaines ainsi que morales essentielles pour faire régner une confiance mutuelle.
La vie humaine est pleine d’imprévus, d’embûches, d’hypocrisie, mais aussi des situations encourageantes des âmes charitables ; bref, tout ce qui peut aider les hommes à vivre en bonne intelligence, à faire comme leurs ancêtres qui ont crée les conditions d’une vie sociale où toutes les familles établissent des liens basés sur le respect réciproque. Cela remonte au passé où on ne connaissait pas d’autre moyen d’écrire que la plume que l’on trempait dans l’encrier. C’était l’instituteur qui servait de modèle et donnait des modèles d’écriture à ses élèves qui devaient, à une certaine époque s’adonner à l’exercice de l’art d’écrire. Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib de la première génération d’écrivains algériens, parmi d’autres, enfants de familles modestes, sinon pauvres et qui ont réussi par eux-mêmes à écrire de manière très lisible. Il n’était pas donné à tout le monde de réussir comme eux par la volonté et l’envie de réussir.

Tremper sa plume dans l’encrier, un acte hautement symbolique
Lorsqu’on voulait écrire, c’est qu’on a quelque chose d’important à dire et qu’il faut mettre par écrit afin que cela ne s’oublie pas. C’est peut être un particulier qui veut écrire à son voisin ou un parent pour l’informer sur son intention de faire passer une conduite d’eau par un côté d’une parcelle de terre. C’est le secrétaire de mairie, mandaté par les membres de l’assemblée populaire qui trempe sa plume dans l’encrier pour rédiger un rapport, s’appuyant sur des arguments irréfutables et des preuves reconnues par tout le monde. Sa belle écriture doit suffire pour convaincre l’accusé et quiconque cherche à comprendre. C’est aussi l’écrivain qui trempe sa plume parce de nouvelles idées lui viennent et l’obligent à barrer, à faire des ratures. Ce qui montre que les grands écrivains font beaucoup de ratures. On n’a pas vu les pages entières raturées par Mouloud Mammeri, Mohamed Dib ou Kateb Yacine, on ne sait toujours pas pourquoi ils n’ont jamais montré leur manière d’écrire et leurs difficultés à rédiger toujours avec la plume, pourtant ils ont beaucoup à dire sur la plume, mis à part Kateb Yacine qui a fait part à des amis que quand il avait un ouvrage en chantier, il s’enfermait pendant des mois pour écrire, c’était sa période d’inspiration au cours de laquelle il était comme un torrent sous un orage inattendu, cette belle image métaphorique indique bien que quand il était fortement inspiré, il s’enfermait pour mettre en forme son nouveau livre. C’est de cette manière que travaillait Ibn Khaldoun qui s’est enfermé dans une grotte prés de Tiaret, appelée, me semble-il Tihert, pour écrire sa volumineuse « Mouqadima ». Et, il ne faut oublier d’ajouter que depuis ce quatorzième siècle jusqu’à la première moitié du vingtième siècle, on trempait le crayon en roseau dans de l’encre que l’on fabriquait de manière artisanale, pour écrire beaucoup de choses intéressantes et surtout le Coran qui s’écrivait sur des planches en bois.
L’écriture à la main avait cependant un inconvénient, certains avaient eux, involontairement, une écriture illisibles et rares étaient ceux qui pensaient à bien former les lettres en arabe et en français. Heureusement qu’il y a eu l’ordinateur qui a uniformisé surtout l’écriture, la lecture, et la transmission des écrits, les gens pourront communiquer facilement. L’encrier a eu une longue histoire, d’abord au fil du temps, le support a changé de forme et de plume et ce en fonction des générations, chacune les voulant plus performantes pour faire face aux besoins.

Ce que signifie tremper sa plume
dans la vie
Cela veut dire la tremper dans l’actualité et de tous les évènements que tout le monde a vécus et qui ont permis à chacun de se forger une personnalité. Il s’agit de l’actualité par le vécu de chacun et le vécu collectif. Chacun est passé par la vie qui a été une lutte. La lutte d’abord à l’école, pour avoir le meilleur classement qui plaise aux élèves eux-mêmes ainsi qu’aux parents, heureux d’avoir des enfants travailleurs et qui décrochent au mérite les meilleurs places, cela fait plaisir et c’est considéré comme un honneur. D’ailleurs chacun fait une rétrospective de son vécu par un examen de conscience qu’il fait chaque jour avant de dormir lorsqu’il est seul avec son moi intérieur et qu’on peut appeler sa conscience, cela consiste a faire passer le film de la journée au cours duquel il revoit tout ce qu’il a fait de bon et de mauvais dans la journée et ce, afin qu’il puisse se corriger pour le lendemain.
En fait la vie est plus complexe qu’on ne le pense. Après un bon examen de conscience, on fait l’effort de s’améliorer pour être parmi les meilleurs et n’avoir rien à se reprocher et ne pas avoir de regrets qui rongent au point de rendre le quotidien difficile à vivre. Celui qui écrit trempe beaucoup plus sa plume dans la vie que dans l’encrier. D’où arrive- t-il à s’inspirer pour avoir de la matière à travailler afin de bien meubler son texte. Pour écrire sur la vie en général, il se réfère à sa propre vie qui lui fournit les éléments nécessaires qui permette d’alimenter et de mettre en forme le livre qu’il a en chantier. Quand on connait une vie ou des tranches de vie, on essaie.

Œuvre littéraires en lien direct
avec la vie
Pour commencer, il faut d’abord parler de la poésie. Tous les grands poètes se sont adonnés à la versification, qu’elle soit classique ou libre pour parler de tout, des métiers nobles comme le laboureur, le boulanger, le médecin qui ont rendu de précieux services et qui méritent vraiment d’être loués pour leurs efforts au service des autres. Ils ont beaucoup parlé des être chers absents momentané et à vie « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé », ce sujet est souvent et diversement traité par des poètes de renom. Après vient en priorité la grand-mère ou le grand père que les enfants adorent pour leur bonté et leur disponibilité à leur raconter, le soir au coin du feu, des histoires amusantes et instructives, les grands parents sont sacrés pour la plupart des hommes de plume sensibles aux sentiments humains. Puis vient la maison familiale, modeste mais adorées par tous parce que c’est là que l’on se retrouve après une journée de labeur, Victor Hugo a consacré un très beau poème pour une cabane, abri de fortune pour les pauvres gens « La cabane est pauvre, mais bien close ». Beaucoup de beaux et longs poèmes pour les arbres, leurs préférence va pour les chênes « Le chêne et le roseau » est le titre d’une célèbre fable de La Fontaine qui se vante d’être un indéracinable, cette fable met en valeur le roseau qui se casse facilement, quand un vent fort a soufflé et a mis le chêne hors de terre; en écrivant cette fable, l’auteur a voulu donner une moralité. Ce ne sont que quelques exemples types mais la poésie est un domaine ancien et extrêmement vaste.
Le genre littéraire qui a puisé beaucoup de la vie, c’est le théâtre. L’exemple du théâtre de Kateb Yacine est là pour le prouver, surtout par célèbre trilogie « Le cercle des représailles » qui s’est inspiré de l’histoire de son pays, de ses traditions, des croyances anciennes et coutumes. Qui ne connait pas les pièces théâtrales de Molière qui a fait de la vie sa seule source d’inspiration, « L’Avare » en est un exemple type comme pièce théâtrale universelle, et l’universalité de tout le théâtre de Molière n’a pas pris une ride depuis sa création au 17ème siècle, il peut être joué partout dans le monde.
Boumediene Abed