Les concessionnaires s’impatientent, ils font appel à Tebboune

Le nouveau cahier des charges traîne toujours en longueur

Le marché de l’automobile en Algérie connaît depuis plus de deux ans une pénurie inédite de véhicules causée par l’arrêt des importations et la mise en pause des usines de montage. Ce blocage a plongé les comptes des concessionnaires dans le rouge, ce qui a fait réagir pour la énième fois le Groupement des concessionnaires automobile d’Algérie (GCAA) qui compte 70 opérateurs. Dans un message adressé au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, les concessionnaires ont tiré à nouveau la sonnette d’alarme et déplorent la situation dans laquelle ils sont plongés depuis quelques années.
L’annonce de la reprise partielle de l’activité de montage de l’usine Renault Algérie, située à Oued Tlelat (Oran), prochainement, serait peut-être à l’origine de ce nouveau cri de détresse dans lequel les concessionnaires expriment leur désarroi et inquiétudes, refusant d’«attendre plus longtemps, en raison des pertes financières importantes qu’ils ont subies au cours des deux dernières années». Leurs pertes s’élèvent à plus de «1.000 milliards de centimes »provoquées par «le cumul des coûts des locations de foncier, de la location et l’acquisition de sièges sociaux et leur sécurisation, de l’embauche de personnel et de l’investissement dans les services après-vente», ont été expliqué dans leur message. Dans cette lettre les concessionnaires font appel au Président Tebboune pour faire lever le blocage et ordonner la «libération des licences d’importation le plus tôt possible». C’est la troisième correspondance qu’ils envoient à la présidence de la République pour faire bouger les lignes au niveau du ministère de l’Industrie.
Ce dernier traîne les pieds dans ce dossier depuis plusieurs mois, alors qu’au début du mois de décembre dernier, le ministre de tutelle, Ahmed Zeghdar avait révélé que «le nouveau cahier de charges fixant les conditions d’importation des véhicules sera prêt en janvier 2022». Ce nouveau cahier des charges n’est toujours pas présenté, ce qui a accentué les inquiétudes du groupement. «Il y a une année, le ministère de l’Industrie avait délivré sept licences d’importation provisoires, mais à ce jour, aucune licence définitive n’a été délivrée», a-t-il souligné dans sa lettre, s’appuyant dans leur argumentation sur la nouvelle version du cahier des charges (toujours en cours de révision) qui stipule que «les dossiers des concessionnaires complets auront des réponses favorables ou défavorables dans un délai maximum de 20 jours».
Le retard de la délivrance des licences d’importation, déjà validées pour certains concessionnaires, est à l’origine de la crise que connaît le marché de l’automobile depuis des mois. Ce blocage «a provoqué la hausse démesurées des prix des voitures, dépassant toutes les limite», a noté le groupement, précisant que «par rapport à 2016, les prix du véhicule sur le marché national ont augmenté de plus de 200%», à cause de l’absence d’alimentation du marché en voitures, ce qui engendré, entre autres, «une grave pénurie de pièces de rechange», ont expliqué les concessionnaires. Selon eux, «le marché national a, actuellement, besoin d’environ 1/2 million de véhicules neufs». Le groupement s’attend à un dénouement rapide de la situation, devenue insoutenable.
Des concessionnaires voient en la décision de reprise même partielle de l’activité de Renault Algérie un espoir pour la relance de l’activité. Décider, également, du sort des parcs sous scellés judiciaires dont l’état se détériore chaque jour un peu plus. Les autorités doivent intervenir vite pour régler aussi ce dossier. Le marché de l’automobile est en crise depuis des mois, ouvrant la voie à la spéculation et aux arnaques.
Samira Takharboucht