La Russie renforce sa triade nucléaire

Modernisation des forces armées

La triade nucléaire russe a été renforcée en dressant fin décembre 2021 son dernier bilan, le ministre russe de la Défense Sergueï Choigou, a fait état du haut niveau de modernisation des forces armées du pays en soulignant que leur potentiel militaire avait été augmenté de 12,8%.

Le chef de la Défense russe a dressé son bilan des forces armées du pays dans le contexte des tensions accrues entre la Russie et l’Otan. « Toutes les tâches programmées pour l’année 2021 ont été accomplies par les forces armées. Leur potentiel militaire a augmenté de 12,8% », a déclaré Sergueï Choïgou. Les forces terrestres et la marine sont équipées à 71,8% en armements modernes. « En termes de modernité de nos forces armées, nous sommes parmi les leaders dans le monde alors qu’en termes de dépenses de défense nous sommes à la neuvième place » a-t-il révélé à la presse Russes.
Le niveau de modernité de la triade nucléaire a été porté à 89,1%, soit le niveau le plus élevé de toute son existence. Ainsi, un régiment des forces des fusées stratégiques de la Fédération de Russie a été complètement équipé des systèmes hypersoniques Avangard alors que deux autres régiments ont reçu les premiers missiles balistiques intercontinentaux Yars. De son côté, l’aviation stratégique a reçu quatre bombardiers modernisé Tu-95MS. La marine, elle, un sous-marin à propulsion nucléaire du projet Borei-A, armé de missiles balistiques Bulava. En 2021 un nombre de 690 installations de haute technologie ont été construites pour les forces nucléaires stratégiques. Une présence arctique, L’année a été également marquée, selon le ministre, par le déploiement de deux bases militaires dans la région de l’Arctique. La Russie est en train d’y reconstruire cinq aérodromes capables de recevoir tous les types d’aéronefs. «Ces mesures nous ont permis de protéger de manière fiable les frontières arctiques de la Russie contre les activités hostiles des pays étrangers», a ajouté le chef de la défense Russe. En ce qui concerne les Projets de l’année 2022, les forces des fusées stratégiques doivent recevoir 21 missiles balistiques intercontinentaux Yars, Avangard et Sarmat. Deux bombardiers stratégiques Tu-160M équiperont les forces aériennes, la Flotte recevra cinq sous-marins, dont un nucléaire de classe Borey-A ainsi que 14 bateaux. Cinq batteries de système S-400 seront mises au service des Forces aérospatiales. Sergueï Choïgou a rapporté que les militaires avaient utilisé avec succès pour la première fois des drones de frappe lors des exercices russo-biélorusses Zapad 2021. De plus, la Russie a terminé les essais d’un drone à longue portée Altius-RU. Lors de la même réunion, Vladimir Poutine a promis des mesures militaires et techniques en représailles si l’Occident et l’Otan maintenaient leur ligne agressive à l’encontre de la Russie. Tout en insistant sur la voie politique et diplomatique pour mettre fin à ces tensions, il a exprimé sa préoccupation envers le renforcement des forces militaires américaines et de l’Alliance directement à proximité des frontières. Soulignant que si les infrastructures de l’Otan étaient implantées en Ukraine, le temps de vol des missiles serait réduit à sept minutes, et celui des armes hypersoniques à cinq, ce qui deviendrait un défi majeur pour son pays.

Riposte à une frappe nucléaire
Les dirigeants russes disposeront de plusieurs dizaines de minutes pour prendre une décision de porter une frappe nucléaire de riposte, a annoncé aux médias le chef d’état-major de la 15e armée spéciale des Forces aérospatiales russe. « Le système russe d’alerte aux missiles offre assez de temps aux autorités russes pour décider comment riposter à une frappe nucléaire », a déclaré le chef d’état-major de la 15e armée des Forces aérospatiales russes, Anatoli Nestetchouk, cité par la radio Écho de Moscou. « Le temps d’approche varie en fonction de la direction : d’où ça vient et comment. Je ne vous dirai pas le chiffre précis. Mais, en général, il y a assez de temps : je ne parle pas de minutes ou d’une dizaine de minutes, mais de plusieurs dizaines de minutes », a indiqué le général. Selon les indications de la défense Russe, le système russe d’alerte précoce aux missiles fonctionne sur Terre et dans l’espace. L’élément terrestre du système comprend un réseau de radars transhorizon Voronezh capables de détecter des cibles spatiales, balistiques et aériennes. Selon M.Nestetchouk, les Forces aérospatiales envisagent de construire d’autres radars pour ce système, notamment près de Sébastopol, en Crimée, ainsi que dans la région de Mourmansk et la République des Komis, qui seront mis en service entre 2021 et 2024. «Nous avons créé un espace complètement couvert par les radars autour du territoire russe et cet espace a une double couverture radar sur certains axes», a-t-il noté. L’élément spatial du système d’alerte, est composé de nombreux satellites, d’après le général. «Nous ne jouons pas à la guerre des étoiles, mais nous disposons de toutes les informations sur la situation dans l’espace. «Nous avons 150 satellites en orbite dont plus de 90 fonctionnent pour le compte du ministère russe de la Défense», a indiqué M.Nestetchouk. Le chef d’état-major des Forces aérospatiales russes a déclaré au journal Moskovski Komsomolets que l’élément spatial du système russe d’alerte précoce aux missiles était doté de trois nouveaux satellites qui peuvent détecter le tir de missiles balistiques dans n’importe quel point du globe.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov avait déclaré en septembre 2020 que la situation actuelle sur la scène internationale présentait un risque de guerre nucléaire et que la Russie était préoccupée par l’impasse dans laquelle se trouvaient les négociations sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), informe-t-on .

Par Oki Faouzi