L’errance des enfants africains en hausse à Alger

Sans scolarisation, ils bravent seuls les dangers

En 2018, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) avait affirmé que près de 500 migrants arrivent chaque jour sur le territoire algérien. Depuis, le nombre de migrants franchissant la frontière a triplé. L’Algérie est considérée comme «une plaque tournante de l’immigration», selon Paolo Giuseppe Caputo, le chef de mission de l’OIM à Alger. Le phénomène d’errance des enfants africains dans les rues de la capitale reflète parfaitement cette montée vertigineuse de l’immigration clandestine.
Chaque année, le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la Femme affirme que son secteur œuvre à la prise en charge des immigrants clandestins et des réfugiés venus des pays du Sahel et africains, notamment concernant la scolarisation, comme droit élémentaire, des enfants subsahariens et africains, toutefois le phénomène et le nombre considérable des enfants africains dans les rues de la capitale contredisent ces dires. Ils sont partout, des centaines, ces enfants africains âgés entre 7 et 14 ans (certains portants des bébés) errants seuls dans les rues de la capitale.
Dans chaque coin de la capitale surtout au niveau des stations de bus et autres ronds-points de la ville d’Alger, des poignées d’enfants africains sont postées à la recherche des automobilistes pour laver les vitres des véhicules et gagner en contrepartie de l’argent. Un gain qui finira, par la suite, dans les poches de leurs parents qui eux sont chargés à d’autres tâches, beaucoup plus pénibles. D’où viennent-ils ces enfants africains ? Pourquoi ne sont-ils pas scolarisés ? Selon un rapport de l’OIM de l’année 2018, l’Algérie est envahie par l’immigration clandestine et par le nombre impressionnant des réfugiés venus du Mali, Niger, Sierra-Leone, Côte d’Ivoire, Nigeria, Bénin, Guinée, Sénégal, Cameroun. Un nombre considérable parmi les immigrants clandestins sont des enfants. Ces derniers peuplent aujourd’hui les grandes villes du pays, à l’image d’Alger où la présence des enfants africains est en train de s’amplifier. Leurs protections contre toute forme de violence est au cœur des préoccupations de l’Etat, comme en témoigne l’importance des budgets alloués aux différents ministères chargés de la protection des enfants. Parmi ces ministères, la Solidarité nationale, le département de la ministre Kaouthar Krikou, ce dernier et malgré tout les efforts consentis pour la prise en charge des familles africaines et de leurs enfants, toutefois la situation est déplorable. La Solidarité nationale est appelée à faire face au phénomène d’errance des enfants africains dans les rues de la capitale qui, au vue de leurs nombres sans précédents, posent déjà un sérieux souci aux autorités, notamment sur leur sécurité et leur scolarisation. Dans les stations de bus de la capitale, ici la présence des enfants africains est très visible, certains sont à peine âgés de 6 ans et le plus grand (ne dépassant pas les 14 ans) tient dans ses bras son petit frère, un bébé de deux ans, des images qui déchirent le cœur et qui témoignent d’une difficulté de vie à laquelle ces enfants font face dès cet âge précoce. Dans la station de bus de Ben Aknoun jouxtant le siège de la Police Africaine (Afripol), des dizaines d’enfants africains errent seuls tout en recourant à la charité. Sans êtres accompagnés par des adultes, notamment par leurs parents, ces enfants africains prennent les bus pour regagner d’autres points de la capitale. C’est ainsi que le nombre de ces derniers a grimpé à Alger. A Hydra, El Biar, Ouled Fayet, Rouiba, Réghaia, Hussein Dey, El Harrach, Kouba, Belouizdad, Bologhine, Ain Bénian, et bien d’autres communes d’Alger, la présence des enfants africains est signalée partout. Un phénomène qui a beaucoup inquiété les citoyens au vue des dangers que peuvent guetter ces enfants africains, circulant seuls à cet âge et sans la moindre présence de leurs parents. Un risque majeur.
Sofiane Abi