Les terroristes éliminés étaient-ils en mission d’éclaireurs ?

Infiltrés depuis le Niger et abattus à In Guezzam par l’ANP

Neuf mois après l’attaque sanglante contre la base de vie de Tiguentourine (In Amenas), les groupes terroristes en activités au Sahel tentent toujours de conquérir le territoire algérien à travers des infiltrations via les frontières.Dans une opération antiterrorisme de qualité, les forces de l’Armée nationale populaire (ANP) relevant du 6ème Région Militaire d’In Guezzam ont abattus, dans la soirée du jeudi passé, deux dangereux terroristes et récupérés un lot d’armes de guerre ainsi qu’un Pick-up, suite à un accrochage avec un groupe armé sur la bande frontalière de Hassi Tiririne séparant l’Algérie du Niger. Malheureusement, deux militaires sont morts. Les deux terroristes se sont introduits en territoire national à partir du Niger, un pays instable en matière de sécurité, où ils ont réussi à rouler quelques kilomètres à bord d’un véhicule de type 4X4 avant d’êtres localisés et abattus par les éléments de l’ANP. Aucune information n’est, pour le moment, livrée par les autorités militaires concernant l’identité et la nationalité des deux terroristes éliminés. Toutefois il semblerait bien que ces derniers se trouvaient en mission sur le territoire national, des éclaireurs. Il est important de rappeler que cette incursion terroriste intervient quelques mois seulement après la décision des deux pays, l’Algérie et le Niger, de rouvrir le poste frontalier et de relancer les échanges commerciaux.
En effet, il y a près de six mois de cela, les deux chefs d’Etat, algérien et nigérien, se sont rencontrés à Alger où ils ont décidé de rouvrir, après plus d’un an de fermeture pour cause sanitaire, le poste frontalier reliant les deux pays pour donner un nouveau souffle aux échanges commerciaux. Cette relance économique et commerciale entre l’Algérie et le Niger semble devenue une source de dérangement pour de nombreuses parties y compris pour les groupes armés. Long de près de 1.000 km, le tracé frontalier entre l’Algérie et le Niger fait l’objet d’incursions terroristes répétées durant ces dernières années. Des frontières d’une extrême importance sur le plan sécuritaire mais également dans le domaine économique et commercial, car il existe aussi une troisième ligne droite de 560 km jusqu’à la tripointe séparant l’Algérie, le Niger et la Libye au niveau du massif du Gharat Dhireout El Djmel dans le parc national du Tassili N’Ajjer, un axe frontalier très important. Cet immense espace désertique fait l’objet d’une surveillance terrestre et aérienne très rigoureuse de la part des forces de l’Armée nationale populaire appuyé par les Groupements de Gardes-frontières (GGF) relevant du Commandement de la Gendarmerie nationale. Cette nouvelle tentative d’incursion terroriste sur la bande frontalière algéro-nigérienne est synonyme d’un plan criminel qui se prépare en cachette et sur l’autre côté des frontières. L’enjeu est de taille y compris pour les groupes terroristes qui, désormais, mènent des attentats criminels à des fins géopolitiques et géostratégiques. Ce qui se passe actuellement au Sahel avec le revers français, l’émergence du terrorisme et les coups d’Etat militaires dans de nombreux pays sahéliens, tels que le Mali, Burkina Faso ou encore la Guinée, engendrant des conséquences sur la sécurité de la région du Sahel y compris de l’Algérie. L’incursion terroriste du jeudi passé à Hassi Tiririne en est un exemple parfait. L’Algérie est sur ses gardes depuis l’attentat sanglant perpétré contre la base de vie de Tiguentourine à In Amenas en janvier 2013, un attentat revendiqué par le groupe terroriste d’El-Moulathamoune du tristement célèbre chef terroriste Mokhtar Belmokhtar, et durant lequel 42 employés étrangers et trois autres algériens travaillant pour des sociétés hydrocarbures ont péris. La vigilance de l’ANP pour préserver la sécurité et la stabilité du territoire national, a permis de faire échecs à plusieurs d’autres projets criminels similaires depuis.
Sofiane Abi