Logique rentière ou productive, un difficile choix pour l’Algérie !

La hausse du pétrole sauve l’économie nationale en 2021

Depuis quelques semaines, le marché pétrolier renoue avec les gains après quelques séances de baisse, atteignant de nouveaux sommets depuis 2014, stimulés par la crise ukrainienne et la hausse de la demande. Cependant l’évolution des cours aujourd’hui, à plus de 90 dollars, ne correspond pas aux capacités de production de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et leurs alliés non-Opep et à la demande des investisseurs, aux aguets depuis des mois. L’Algérie, comme tous les autres pays producteurs de l’or noir, dont la relance économique dépend de la valeur de la rente pétrolière souhaite tirer profit de la crise énergétique actuelle afin de financer son plan de relance et réduire le déficit de la balance des paiements, entre autres. «Un baril à 80 dollars serait idéal» pour redémarrer l’économie nationale et retourner la page de la crise sanitaire et économique.
C’est l’avis des experts algériens qui tablent, dans les prochaines semaines, sur un baril à «100 dollars», comme l’avait aussi prédit le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab. Une hausse historique stimulée par la crise ukrainienne qui fait craindre le pire aux pays européens, notamment, ceux approvisionnés en gaz naturel par la Russie, accusée de chantage énergétique depuis des mois peut-être vue comme une opportunité. Mais que cela signifie-t-il pour l’Algérie ?
En effet, personne n’a vu venir la crise énergétique, causée au début par des problèmes d’approvisionnement de gaz par la Russie, ce qui a provoqué une pénurie générale et une hausse sans précédent des prix du gaz, dépassant les 100 dollars le mètre cube. Ce qui a profité à l’Algérie qui alimente en gaz naturel la Péninsule Ibérique (Espagne et Portugal) et l’Italie, lui permettant même de renégocier ses contrats avec ces partenaires.
Selon un article publié la semaine écoulée par l’Agence presse italienne, repris par des médias locaux, «le volume des exportations de gaz naturel algérien vers l’Italie s’élève à 1,5 milliard de m3, durant les trois premières semaines du mois de janvier», ce qui place l’Algérie à la tête des fournisseurs de gaz de l’Italie.
«Sur cette même période, les quantités de gaz russe livrées à l’Italie s’élevaient, quant à elles, à 1,2 milliard de mètres cubes, soit un écart de 300 millions de mètres cubes en faveur de la Sonatrach», a précisé le même média. Les experts redoutent une crise énergétique durable qui pourrait affecter le mode de consommation des populations, mais aussi l’évolution de leur niveau de vie, même après la pandémie. Le maintien de sa stratégie décidée de rouvrir modestement et prudemment les vannes de l’or noir par l’Alliance Opep+, serait, selon Washington (Etats-Unis) à l’origine de la crise énergétique qui menace la relance de l’économie mondiale.
Une relance à laquelle croient les pays producteurs du pétrole à l’instar de l’Algérie qui a réussi, malgré la flambée des prix agricoles et alimentaires à l’international à réduire sa facture d’importations à moins de 35 milliards de dollars en 2021 grâce à la hausse des cours du pétrole et de ses capacités de production. Durant la même année, le cours du brut algérien, Sahara Blend, a gagné plus de 28 dollars, s’établissant à plus de 70 dollars, après avoir chuté en 2020 à 5 dollars. Ce rebond signe un retour en force de la Sonatrach qui ambitionne à lancer un programme d’investissement de 40 milliards de dollars entre 2022/2026 et reprendre ses projets à l’international. Son objectif est de rehausser son niveau de production ainsi que le volume de ses exportations afin de renflouer les caisses de l’Etat et encourager la croissance.
C’est l’impact positif de la hausse des cours du pétrole propulsés ces derniers mois par la crise ukrainienne et les pénuries de carburants aux Etats-Unis. Mais ceci ne signifie, malheureusement pas une relance effective de l’économie nationale, laminée par une crise financière antérieure à la crise sanitaire et économique d’aujourd’hui, à cause de la flambée depuis 2021 d’un tiers des prix agricoles et alimentaires, par rapport à 2020. Les prix du café, du blé, du maïs, de la poudre de lait… etc. connaissent une hausse inédite sur le marché mondial qui se répercute sur le marché local. Ce dernier connaît depuis des mois une forte inflation qui a durement impacté les ménages et même les caisses de l’Etat. Les réserves de changes ont baissé à 44 milliards de dollars, alors qu’elles étaient à 200 milliards USD en 2014.
La hausse des cours du pétrole influence les places boursières ainsi que les cours des autres matières premières, notamment, transformées. Si l’Algérie a réussi à financer ses dépenses en 2021 grâce à l’augmentation des recettes, l’année 2022 s’annonce complexe et incertaine en raison de la flambée prolongée des matières premières agricoles et alimentaires, en particuliers. La hausse des cours du pétrole et du gaz n’aidera pas forcèment à redresser l’économie nationale, mais devrait accorder un délai supplémentaire pour les pouvoirs publics pour accélérer les réformes et la diversification de sa production. Une valeur sûre et pérenne pour asseoir une économie solide et résiliente.
Samira Takharboucht