Des manuscrits à présent accessibles au public

Jane Austen, les soeurs Brontë, Walter Scott

L’extraordinaire collection Honresfield, contenant des originaux et des premières éditions de certains des plus célèbres auteurs britanniques, tels Jane Austen, Robert Burns ou encore Sir Walter Scott, sera enfin accessible aux chercheurs.

En effet, un appel aux dons organisé par le Friends of the National Libraries, a permis de récolter pas moins de 15 millions £ (près de 18 millions €). De quoi acquérir les plus de 500 manuscrits, éditions originales et lettres autographes de la Bibliothèque Honresfield.
La collection de la bibliothèque Honresfield a été façonnée par l’industriel du XIXe siècle William Law, qui l’a lui-même acquise d’Arthur Bell Nicholls, veuf de la romancière Charlotte Brontë. La Honresfield House de Law se situe à une trentaine de kilomètres de la maison familiale Brontë, nous apprend le site Passéisme.
Elle contient un ensemble « remarquable » d’oeuvres des soeurs Brontë, y compris les premières éditions de Jane Eyre et des Hauts de Hurlevent. Mais également le carnet de poésie avec les annotations de Charlotte Brontë, six manuscrits « miniatures » avec l’écriture de l’auteure de Villette, des journaux illustrés rédigés par Emily et Anne, ou encore, entre autres, des lettres inédites de Jane Austen. Avant la découverte de la collection – tel le journal d’Emily Brontë –, nombre de ces trésors bibliophiliques et historiques étaient considérés comme perdus.

Inaccessibles depuis 80 ans
Un constat des spécialistes qui s’explique par l’inaccessibilité de la Honresfield House au cours des 80 dernières années, après que Sir Alfred Law, neveu de William, a hérité de la collection dès 1913. Les conditions ont privé, ces dernières décennies, les chercheurs de pouvoir examiner ces pièces d’une immense valeur.
C’est l’une des raisons qui ont mobilisé les Amis des bibliothèques nationales dans l’achat de ces objets exceptionnels, lorsque Sotherby’s a annoncé la vente de la bibliothèque aux enchères en mai 2021. D’abord scindé en trois morceaux pour trois ventes séparées, l’association a réussi à convaincre la maison de ventes de reporter la vente de la première tranche afin de donner une chance à la structure, soutenue par de nombreuses institutions britanniques, d’en acquérir l’intégralité. Une ambition très élevée étant donné la valeur de nombre des manuscrits et premières éditions de la collection, et un objectif atteint grâce à la levée de 15 millions £ en cinq mois. La collection retrouvera donc le domaine public.
Elle a été désormais confiée à la British Library, au Brontë Parsonage Museum de Haworth et à la Brotherton Library de l’Université de Leeds. Trois institutions qui devront garantir, à tous les lecteurs, universitaires et membres du public, un accès aux différents manuscrits, éditions originales et lettres autographes.

Un don de 8,9 millions €
Le secret de cette impressionnante collecte de fonds : l’importance de certains dons réalisés par d’importants philanthropes ou d’organisations britanniques. On peut citer le National Heritage Memorial Fund (NHMF) qui a versé une subvention impressionnante de 4 millions de livres sterling, ou encore la contribution de 1,2 million de livres sterling de la British Library.
Individuellement, Sir Leonard Blavatnik a fait un don de 7,5 millions de livres sterling du FNL. Pour reconnaître son apport décisif dans la réussite de l’acquisition complète des trois tranches, la collection sera désormais connue sous le nom de bibliothèque Blavatnik Honresfield.
Un don pour « égaler les 7,5 millions de livres sterling que nous avions collectées, garantissant ainsi le succès de notre campagne pour sauver la collection », a expliqué Geordie Grieg, président de FNL. Sir Leonard Blavatnik, né en Ukraine et d’ascendance juive, est aujourd’hui reconnu comme l’homme le plus riche de Grande-Bretagne.
« Sauver (la collection), c’est pour nous, comme ouvrir une tombe égyptienne et y découvrir pour la première fois des textes anciens et des trésors désormais accessibles à perpétuité pour les étudiants, les érudits et les amoureux des livres. Grâce à la campagne réussie de FNL, la collection sera diffusée dans les bibliothèques et les maisons d’écrivains dans tout le Royaume-Uni, restituant un trésor de manuscrits à leurs lieux de naissance. »
« C’est notre patrimoine littéraire est notre ADN culturel et cela doit être préservé pour les étudiants, les enseignants, les universitaires et les lecteurs ordinaires pour toujours », a déclaré le prince de Galles, patron des Amis des bibliothèques nationales.
H.B.