Le secteur automobile toujours en «mal de relance»

En stagnation depuis 2019

Lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, tenue avant-hier, par visioconférence, le Médiateur de la République, Brahim Merad a présenté son bilan des actions menées depuis quelques mois pour libérer les projets d’investissement bloqués pour des raisons bureaucratiques ou abus administratif. « Le nombre de projets d’investissement ayant bénéficié d’une levée d’obstacles a atteint 915 projets «, a indiqué un communiqué de la Présidence de la République, assurant que ce déblocage permettrait « la création de 52.187 postes d’emplois directs dans 46 wilayas «. Ceci aide aussi les investisseurs, notamment, désespérés et qui ont perdu confiance en l’administration publique de développer une nouvelle vision d’ensemble du secteur industriel et mettre en synergie leurs actions. Ce qui laisse augurer une année 2022 riche en opportunités pour les investisseurs et jeunes porteurs de projets qui, selon les déclarations précédentes de M. Merad, sont « satisfaits «. Un constat qui n’est, malheureusement, pas le cas des opérateurs automobiles dont l’activité est l’arrêt depuis 2019 et dont l’avenir s’affiche incertain.
En somme, ces blocages trouvent leur origine dans « la mauvaise gestion ou faille réglementaire «. C’est le cas du secteur de l’automobile en Algérie qui connaît depuis 2019 un bouleversement d’ampleur inédite, suite à la décision de l’arrêt de l’activité d’importation de véhicules et la fermeture des usines de « gonflage de pneus «, prise par les autorités pour réorganiser le marché et mieux encadrer l’activité. Une solution avait été trouvée en 2020 pour la reprise de l’activité d’importation, en se conformant à un nouveau cahier des charges qui devait être déjà présenté et publié, à en croire les déclarations du ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, faites au mois de décembre dernier.
Aux dernières nouvelles, la publication du nouveau cahier des charges relatif à l’importation de véhicules était annoncée avant la fin du mois de janvier 2022, qui vient de s’écouler. Mais rien n’est encore publié.
A l’évidence, le dossier d’importation de véhicule n’en finit plus de se faire attendre.
Les importateurs de voitures, notamment, ceux qui ont reçu des agréments attendent toujours le feu vert pour relancer leurs activités, alors que d’autres opérateurs automobiles devraient envisager d’autres solutions pour faire face à leurs déboires financiers et protéger leur portefeuille d’actions contre les dérapages et les imprévus. Pour rappel, la semaine dernière, dans une nouvelle correspondance adressée à la Présidence, le groupement des concessionnaires algériens avait sollicité l’intervention du président de la République, Abdelmadjid Tebboune pour faire lever les contraintes, notamment, réglementaires qui bloquent ce secteur qui constitue un important levier de croissance. Il est classé parmi les secteurs à forte valeur ajoutée sur le marché. Son blocage a causé d’importantes pertes financières aux caisses de l’Etat et aux concessionnaires qui font face à l’impasse financière et réglementaire depuis deux ans, ce qui a ouvert la voie à la spéculation sur les prix des véhicules sur un marché en stagnation. Disons le mot, le secteur de l’automobile est en « crise et en chute libre « et les surcoûts risquent d’avoir des conséquences sur la relance de l’activité. L’attente se fait longue pour les opérateurs automobiles, d’autant que, dans le même temps, les autorités poursuivent la levée des obstacles à la croissance et qui entravent l’investissement au niveau local. Il est attendu de même pour le secteur automobile en mal de développement et en attente de pistes d’actions pour relancer l’activité d’importation de véhicules et même la construction automobile.
Le dossier de l’automobile a fait couler beaucoup d’encre depuis des mois et les autorités ne devraient peut-être pas tarder à agir pour démarrer cette activité, comme ordonné par le Président Tebboune. Pour rappel, lors de la réunion du Conseil des ministres, dimanche dernier, le chef de l’Etat qui place l’investissement comme seul ou premier objectif de son plan de sortie de crise a ordonné « de clarifier la nature des projets dans tous les secteurs, d’élaborer des rapports précis et détaillés concernant les chiffres, et de faire la distinction entre les petits et les grands projets «, a indiqué le communiqué de la Présidence. Et, parmi les dossiers en suspens, celui de l’automobile.
Samira Takharboucht