Trois processus complémentaires, pour une transition vers l’économie de marché

Dans le cadre d’une totale transparence, la privatisation, la démonopolisation et le partenariat public-privé

Il y a actuellement une importante confusion entre privatisation partielle ou totale, la démonopolisation et le partenariat public privé, chaque opération répondant à des actions spécifiques la privatisation est une cession d’actifs soit par appel avis d’offres ou via la bourse avec un rôle stratégique de l’Etat régulateur, mais pouvant exister des privatisations sans transfert de propriété.L’expérience algérienne mitigée s’explique par différents facteurs. D’abord sur le plan politique, l’absence de visons stratégique, avec la neutralisation des rapports de forces, du fait d’un non consensus social avec des divergences profondes entre les conservateurs rentiers et les réformateurs. Cela explique les chevauchements entre différents acteurs qui se télescopent alors que s’impose pour le pays en transition qui ont réussi ce processus, une nette volonté politique de libéralisation et un organe unique de coordination. La bureaucratie étouffante principal obstacle, la dévaluation régulière du dinar alors que la stabilité du régime des changes est un critère fondamental pour les investisseurs afin d’éviter les fameux conflits des pertes de changes, le changement perpétuel du cadre juridique, la non délimitation du patrimoine, l’absence de titres de propriétés clairs, du fait de l’absence d’un cadastre actualisé, condition capitale pour attirer tant l’investissement national qu’international.
Les filialisations se sont opérées d’une manière administrative, privilégiant l’offre inadaptée au nouveau contexte mondial, avec des comptabilités défectueuses (la plupart des entreprises n’ayant pas de comptabilités analytiques), et des créances importantes au niveau des organismes bancaires.
La privatisation répond à de nombreux objectifs qui ne sont pas tous compatibles et qu’il convient de hiérarchiser dans la formulation d’un programme quantifié. Les objectifs peuvent varier et être adaptés en fonction de l’activité ou de l’entreprise, où je recense plusieurs axes fondamentaux : parvenir à une grande efficience de l’économie; substituer des critères de gestion économiques à des critères politiques ; éliminer les rigidités administratives ; alléger les contraintes budgétaires : à moyen terme, elles peuvent permettre de réduire le poids de la dette publique et la contrainte de solvabilité de l’Etat si les recettes de privatisation sont affectées au désendettement et/ou aux dépenses d’investissement ; contribuer à la compétitivité et à la modernisation des places financières. Les privatisations, qu’elles soient totales ou partielles menées dans une totale transparence, présentent l’avantage de renforcer la capitalisation boursière d’une place, d’augmenter considérablement le nombre des transactions et d’améliorer la liquidité du marché et, partant, la capacité d’attraction de l’épargne étrangère ; favoriser la transparence des opérations et lutter contre les pratiques contraires à la déontologie ; lutter contre les rigidités syndicales; développer l’actionnariat populaire et la participation des salariés au capital de leur entrepris, promouvoir des équipes de managers et développer une classe moyenne porteuse de dynamisme social.
En conclusion, le président de la république dans son programme d’action, se propose de relancer le processus de privatisation, la démonopolisation reposant sur le secteur privé productif et non prédateur et le partenariat public /privé. Sans une vision stratégique, évitant tout monopole, qu’il soit public ou privé, la nécessité d’une totale transparence et une large concertation sociale et politique, l’échec est inévitable. Évitons toute démagogie, n’existant pas d’économie de marché spécifique mais des contextes sociaux spécifiques où chaque pays en fonction de ses réalités et des contraintes, se doit de mettre en place les politiques économiques les plus adaptées. Ce qui est stratégique aujourd’hui ne peut pas l’être demain, et doit être appréhendé, non en statique mais en dynamique en fonction des nouvelles mutations tant internes que mondiales.
La gestion privée, encadrée par le rôle stratégique de l’Etat régulateur devra être dominante et la Chine l’a bien compris avec des entreprises concurrentielles au niveau mondial. L’égalité n’est pas l’égalité du modèle de l963-2O21 mais recouvre la nécessité d’une transformation entre 2022/2025, de l’Etat providence par la formulation d’un nouveau contrat social qui devra concilier les principes de l’efficacité économique et la cohésion sociale.
Professeur des universités, expert
international Dr Abderrahmane Mebtoul
(Suite et fin)