La Sonatrach se remet en position

energie Classée première compagnie africaine

On ne cesse depuis quelques semaines de s’interroger sur la nouvelle stratégie de l’Algérie pour tirer bénéfice de la crise énergétique qui secoue l’Europe depuis des mois. De nombreux experts ont déjà expliqué dans les médias leur point de vue concernant une «situation des plus profitables à l’Algérie» pour augmenter sa production de gaz naturel et ses exportations. Certains spécialistes estiment que la compagnie nationale des hydrocarbures, la Sonatrach pourrait même se substituer à la Russie, si cette dernière attaque l’Ukraine et ferme ses vannes aux pays européens, en panique. Mais, il faudrait être à la hauteur de ces objectifs et plus compétitive.
Certes, pour pouvoir approvisionner d’autres pays européens, en plus de ses clients traditionnels, la société publique des hydrocarbures devra renforcer sa production en la matière. Un engagement qui ne peut poser de problème à la compagnie qui prévoit d’investir près de 8 milliards de dinars pour développer ses activités au niveau national, même international, en 2022. Elle a validé un plan d’investissement de 40 milliards de dollars entre 2022 et 2026. Ce dernier lui permettra d’accélérer l’élan dans lequel elle se projette depuis des mois et tirer bénéfice de la réouverture des frontières terrestres avec la Libye et le Niger. Ainsi reprendre ses activités en Libye, en parachevant ses engagements contractuels dans les zones contractantes 065 et 96/95 (bassin de Ghadames) et aider les autorités de ce pays à reconstruire et entretenir des champs et des ports pétroliers et des programmes de forage en Libye.
Ce retour en Libye, éventuellement au Niger et la construction du gazoduc Transsaharien intervient dans un contexte assez complexe, mais idéal après la fermeture définitive par l’Algérie du Gazoduc Maghreb Europe (GME) à travers lequel, elle alimentait l’Espagne en gaz naturel en transitant par le Maroc. Aujourd’hui, la Sonatrach approvisionne l’Espagne exclusivement via le Gazoduc Medgaz. La décision de fermeture du GME a provoqué la peur chez le voisin de l’Est, la Tunisie qui craint la fermeture du Gazoduc qui transporte du gaz algérien vers l’Italie, en traversant son sol, après la finalisation du projet Galsi et le Gazoduc transsaharien, reliant le Nigeria à l’Europe à travers l’Algérie et le Niger.
Près de 65% des besoins de la Tunisie en gaz naturel, soit 3,8 milliards de m3, sont assurés à travers la redevance sur le Gazoduc, qui traverse le sol tunisien pour alimenter l’Italie. Ce qui est peu probable, en raison de la relation historique qu’entretiennent les deux voisins. La Sonatrach est plutôt occupée à maturer ses investissements en cours et œuvrer pour honorer ses contrats de livraison de gaz naturel à ses partenaires européens et faire face à des demandes supplémentaires en la matière. La compagnie publique devra nourrir davantage ses ambitions.
Samira Tk