Le vandalisme mémoriel contre la statue de l’émir Abdelkader

France

L’œuvre représentant le héros de la résistance algérienne, devenu pionnier du dialogue interreligieux, a été découpée à la meule, samedi 5 février, à quelques heures de son inauguration officielle.Le monument avait été «érigé dans une volonté de rapprochement entre la France et l’Algérie», explique Laurent Vignaud, sous-préfet de Chinon.
L’émir Abdelkader (1808-1883) a été amputé de la partie basse de sa gandoura au petit matin du samedi 5 février à Amboise (Indre-et-Loire) à quelques heures de l’inauguration officielle d’une statue érigée en son honneur. L’acte de vandalisme ne visait à l’évidence pas que l’œuvre de Michel Audiard, artiste familier des portraits ciselés dans une feuille d’acier rouillée. Il ciblait avant tout le symbole de ce héros de la résistance algérienne à la conquête française devenu, après sa captivité et sa résidence surveillée au château royal d’Amboise (1848-1852), un pionnier du dialogue interreligieux, bref une figure de l’amitié franco-algérienne, note le journal Le Monde.
Les auteurs du forfait avaient apparemment mûri leur projet, attendant la fin des rondes de gendarmerie, à 4 heures du matin pour actionner leur meuleuse.
L’hommage qui devait lui être rendu, et qui fut maintenu malgré l’outrage, s’inscrit dans la série de gestes préconisés par le rapport de l’historien Benjamin Stora sur la réconciliation mémorielle entre la France et l’Algérie.
Après avoir découvert le forfait, la petite assemblée d’élus, de représentants de l’Etat, d’officiels algériens et d’Amboisiens a exprimé son émotion. Le maire d’Amboise, Thierry Boutard, a dénoncé la « bêtise » d’un « saccage ignoble » dans une « période où certains se complaisent dans la haine des autres » et la « réécriture de l’histoire ». L’ambassadeur algérien en France, Mohamed Antar Daoud, présent sur les lieux, a appelé à « dépasser ce qui n’est qu’un acte de vandalisme », affirmant que le « combat pour l’amitié entre la France et l’Algérie continue ».