Annonce imminente d’un plan de restructuration du Complexe d’El Hadjar

Un patrimoine industriel à préserver

Renationalisé en 2016, le Complexe sidérurgique d’El Hadjar (ex-ArcelorMittal), connaît depuis plusieurs années un déficit chronique dû, particulièrement, à ses problèmes de trésorerie et de maintenance, mais aussi du manque de matières premières.Durant toutes ces années, c’est l’Etat qui épongeait très souvent ses dettes et renfloue sa trésorerie pour le sauver de la faillite. Au mois de septembre 2021, le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar a déclaré l’impossibilité de poursuivre le soutien financier du complexe au vu des « conditions financières actuelles du pays », évoquant la nécessité de développer une « nouvelle approche pour remédier aux lacunes constatées et élever le niveau de gestion du complexe ». Le groupe devra faire prochainement l’objet d’une importante opération de « restructuration » pour une meilleure gouvernance.
« Le Conseil des participations de l’Etat (CPE) examinera prochainement un projet de restructuration du Complexe sidérurgique d’El Hadjar (Annaba) », a-t-il indiqué, hier, lors d’une réunion de la commission nationale de suivi des projets d’investissement en suspens, consacrée à la définition des mécanismes de régularisation de la situation des projets d’investissement restants. En 2018, pour rappel, l’Etat a fait recours au rééchelonnement de ses arriérés évalués à 122 milliards de dinars. Le CPE a approuvé ce rééchelonnement sur 20 ans afin de permettre au groupe sidérurgique en difficulté financière de faire face aux dépenses de fonctionnement. Négligeant ainsi le problème managérial auquel peu de solutions concrètes ont été apportées. L’une des causes qui font qu’aujourd’hui, le Complexe d’El Hadjar n’arrive pas à sortir de ce cercle vicieux et son poids pèse toujours sur le Trésor public. La conjoncture actuelle du pays n’est pas favorable et même hostile au développement du groupe et l’amélioration de son rendement.
Devenu un fardeau pour l’Etat, sa restructuration n’est qu’une question de temps. « Nous comptons restructurer le complexe d’El Hadjar au titre d’un projet au niveau du CPE qui sera prochainement soumis au Premier ministre pour adoption », a réaffirmé, encore, le premier responsable du secteur lors de son passage sur les ondes de la radio nationale. Pour lui, la reconfiguration profonde de ce groupe est inévitable, insistant, à ce propos, sur « l’impératif de préserver le Complexe d’El Hadjar en tant que patrimoine industriel national ». Mais, il doit apprendre à compter sur ses capacités de production et ses compétences pour s’autofinancer » sans recours aux financements directs du Trésor », a-t-il ajouté. Adopter une nouvelle vision afin de retrouver sa dynamique sur le marché national et même régional. Miser davantage sur l’investissement et l’exportation. Le Complexe d’El Hadjar n’est pas la seule entreprise publique en difficulté. Le secteur privé a également pâti de la double crise sanitaire et économique, agonisant dans un climat des affaires mis à mal par une gestion bureaucratique et irrationnelle des projets d’investissement.
Les investisseurs alertent depuis des années sur la détérioration de l’écosystème de l’entreprise nationale. Un environnement instable et défaillant qui place aujourd’hui, les groupes industriels dans une situation gravissime. Mettre en place une « nouvelle vision pour le financement de ces entreprises basée sur des plans à moyen et long termes conformément à des objectifs définis soumis aux banques en vue d’obtenir des crédits » est la recommandation faite par M. Zeghdar aux dirigeants de ces entreprises lors de ladite réunion, précisant, toutefois que « les banques ont la liberté de décision dans le financement ou non de l’entreprise ».
En effet, la banque vérifie toujours la solvabilité de ses clients avant d’accorder des crédits.
Le ministre a exigé aussi des dirigeants des entreprises publiques de conclure des partenariats « efficaces » et de long terme pour encourager l’investissement et la productivité dans le secteur industriel. Il a évoqué, dans ce sillage, les avantages qu’offrait la nouvelle version du code de l’investissement pour les opérateurs économiques à l’échelle nationale. Il a assuré aussi la poursuite de l’effort du déblocage des projets d’investissement en suspens, affirmant que « 503 autorisations exceptionnelles sur un total de 864 entreprises concernées sont délivrées ». Près de « 360 projets sont entrés effectivement en phase de production qui sont à même de créer 24.000 postes d’emploi directs ».
Le ministre a répondu superficiellement à la question sur la relance de l’activité d’importation de véhicules qui attend toujours la publication du cahier des charges. Le dossier relatif à l’importation de véhicules n’en finit pas de se faire attendre. Les concessionnaires s’impatientent alors que les pouvoirs publics prennent tout leur temps.
Samira Takharboucht