Témoignage de la solidarité entre les peuples algérien et tunisien

Massacre de Sakiet Sidi Youcef

Les massacres de Sakiet Sidi Youcef commis par les forces coloniales françaises un certain 8 février 1958 contre des civils algériens et tunisiens témoignent de l’esprit de solidarité qui lie les peuples d’Algérie et de Tunisie, réaffirment des universitaires à la veille de la commémoration du 64e anniversaire de ces événements.L’objectif de la France coloniale à travers le bombardement du village Sakiet Sidi Youcef, situé dans la région frontalière algéro-tunisienne, était de briser des liens historiques entre les deux peuples et de dérouter la lutte contre le colonialisme, ont souligné des universitaires à l’APS.
L’enseignant en histoire à l’université de Souk Ahras, Djamel Ouarti, a expliqué que «sur le terrain, la lâche agression coloniale n’a pas eu les résultats escomptés par la France coloniale. La révolution libératrice algérienne avait connu par la suite, de grandes évolutions politiques et militaires, le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) avait été créé et des batailles décisives avaient été menées par les moudjahidine».
Pour cet universitaire, «l’attaque brutale contre le village Sakiet Sidi Youcef où était implanté sur une colline une caserne de la Garde nationale tunisienne, et de l’autre côté des frontières, un centre militaire français dirigé par le capitaine René Allard, a été décidée par le ministère français de la défense de l’époque».

L’attaque a consolidé le soutien tunisien à la Révolution algérienne
L’enseignant universitaire rappelle que ce bombardement contre les civils pour lequel la France avait mobilisé 25 avions, et qui avait fait 79 morts, dont 11 enfants et 20 femmes et 130 blessés, outre la destruction totale des infrastructures vitales du village, avait également provoqué la chute de la IVe République et l’arrivée au pouvoir du général De Gaulle.
Abondant dans le même sens, le professeur d’histoire à la même université, Othmane Menadi, affirme qu’ «en dépit de l’atrocité du massacre de Sakiet Sidi Youcef, l’événement douloureux a concrétisé le sens de la solidarité et de l’unité entre les deux peuples et a édifié un autre pont de cohésion et de fraternité entre les deux pays».
Il a ajouté que cette attaque était motivée, selon l’administration française, par le soutien tunisien à la révolution algérienne, d’autant que la ville de Souk Ahras était à l’époque la capitale de la base de l’Est, et un carrefour des convois de ravitaillement d’armes et de munitions.
Cet universitaire a également rappelé que la cuisante défaite, essuyée le 11 janvier 1958 par l’armée française dans la bataille de «El Ouasta», près de Souk Ahras durant laquelle 15 de ses soldats furent tués et 4 capturés par l’Armée de libération nationale (ALN), avait provoqué l’ire de la France qui accusait la Tunisie de connivence avec les moudjahidine algériens, prétendant qu’ils étaient partis de la frontière tunisienne.
Malgré les pertes «lourdes» parmi les civils tombés lors de ce crime perpétré un certain 8 février, jour de grand marché hebdomadaire de Sakiet Sidi Youcef, l’attaque a consolidé la détermination du peuple tunisien dans son soutien à la révolution algérienne, et des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes tunisiennes devant les casernes de l’armée française, dont l’évacuation n’avait pas été encore parachevée.
L’attaque a également poussé le gouvernement tunisien à prendre la décision d’expulser cinq consuls français qui exerçaient dans les principales villes du pays, et une plainte officielle a été déposée par le président tunisien de l’époque, El Habib Bourguiba, auprès du Conseil de sécurité, réclamant une enquête sur ces événements sanglants.
Outre la fidélité à cette halte historique, signée par les deux peuples frères, la commémoration des événements de Sakiet Sidi Youcef demeure une source intarissable pour renforcer la solidarité et la coopération entre les deux pays et peuples et permettre un envol dans de nombreux secteurs, notamment pour les citoyens de la bande frontalière entre l’Algérie et la Tunisie, concluent les universitaires.
R.C.