La justice administrative refuse d’ordonner l’expulsion du Libanais Georges Abdallah

France

La justice administrative française a refusé jeudi d’ordonner l’expulsion de l’un des plus anciens détenus du pays, le Libanais Georges Ibrahim Abdallah, condamné à la perpétuité en 1987 pour complicité d’assassinat de diplomates américain et israélien. Cet arrêté d’expulsion de France était, selon sa défense, une étape nécessaire en vue d’une possible libération. Incarcéré depuis près de 38 ans, Georges Ibrahim Abdallah a vu ses neuf demandes de libération conditionnelle rejetées. Dans sa décision, consultée par l’AFP, le tribunal administratif de Paris explique qu’il ne peut ordonner au ministère de l’Intérieur de prendre un tel arrêté. «Aucune disposition législative ou réglementaire, ni aucun principe général, n’impose au ministre de l’Intérieur de prendre une mesure d’expulsion à l’encontre d’un ressortissant étranger qui, toujours en détention, ne constitue pas une menace à l’ordre public», indique le tribunal. Contacté par l’AFP, le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaité réagir. Georges Ibrahim Abdallah est libérable depuis 1999. La justice avait répondu favorablement à sa demande de libération en 2013, sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion du ministère français de l’Intérieur, que le ministre de l’Intérieur d’alors, Manuel Valls, n’a jamais pris. En 2020, Georges Ibrahim Abdallah a tenté à nouveau sa chance avec l’actuel ministre, Gérald Darmanin. Ses courriers restés sans réponse, il a alors saisi le tribunal administratif. «Pas surpris» par la décision du tribunal, son avocat Jean-Louis Chalanset a regretté que l’«on tourne en rond» : «Tant qu’il n’y a pas de garantie d’expulsion on ne peut déposer une nouvelle demande de libération». «Une nouvelle fois, le pouvoir politique et exécutif empêche la libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah», a-t-il lancé. A l’audience fin janvier, la rapporteure publique avait recommandé le rejet de sa requête, sur la base de l’argument repris par le tribunal dans sa décision. «Une telle solution n’est guère satisfaisante, mais aucune autre ne nous paraît envisageable dans le cadre juridique», avait-elle commenté. «Il est bien évident que le maintien en détention» de Georges Abdallah «obéit à des considérations de nature extra-juridiques et qui vous échappe», avait-elle conclu, espérant que sa situation «puisse évoluer par d’autres voies». Au début des années 80 et alors que le Liban était en pleine guerre civile, Georges Abdallah avait cofondé les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), groupuscule marxiste pro-syrien et anti-israélien qui a revendiqué cinq attentats, dont quatre mortels, en 1981-1982 en France. Il avait été arrêté à Lyon (centre-est de la France) en 1984 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité après avoir été reconnu coupable de complicité dans l’assassinat à Paris en 1982 de deux diplomates, l’Américain Charles Ray et l’Israélien Yacov Barsimantov, et dans la tentative d’assassinat du consul général des Etats-Unis, Robert Homme, à Strasbourg (Est), en 1984.