Intérêts croisés, l’Europe et l’Afrique réévaluent leur «relation économique»

Lamamra représente Tebboune au Sommet UE-UA à Bruxelles

Prévu initialement en octobre 2020, avant d’être reporté pour des raisons sanitaires (Covid-19), le 6ème Sommet Union européenne-Union africaine s’ouvre aujourd’hui, à Bruxelles (Belgique), quatre ans après le dernier Sommet, en novembre 2017. Plusieurs sujets d’actualités économiques, politiques et sécuritaires sont à l’ordre du jour de ce grand rendez-vous, tant attendu. L’Afrique ne veut plus être « la terre des grands affrontements des puissances économiques mondiales », désormais, elle veut bâtir ses relations sur des partenariats équitables, d’égal à égal. Une condition que l’Union européenne a vite acceptée pour contrer l’influence chinoise et russe sur ce continent. L’UE promet à l’Afrique un plan d’investissement de plus de 150 milliards d’euros, inscrits dans le cadre de son premier programme régional à destination des pays en voie de développement, notamment, africain.
L’Afrique est un indispensable relais de croissance pour l’Europe qui cherche à protéger ses intérêts dans ce continent potentiellement riche. Profiter également de ses jeunes compétences qui commencent à émerger, particulièrement, dans le domaine des technologies, start-ups. Les dirigeants africains doivent profiter de cet intérêt particulier, durant cette période, très mouvementée dans les deux continents afin de relancer leurs économies à travers l’impulsion de l’investissement. La Présidente de la Commission européenne a fait savoir la semaine dernière au cours d’une visite effectuée au Sénégal, que « lors du Sommet, les investissements seront au cœur des discussions car ils sont les moyens de notre ambition commune ». Promettant ainsi de mobiliser les moyens nécessaires pour aider les pays africains qui bénéficient annuellement d’une aide publique de 65 milliards d’euros de la part de l’UE qui promet, désormais, de « renforcer l’intégration économique tout en menant la transition climatique et numérique des économies ». L’objectif affiché des autorités européennes est de refonder un New deal économique et financier avec l’Afrique et s’accorder sur une nouvelle vision de coopération qui placerait l’Europe en tête des partenaires fiables de l’Afrique.
Clairement, l’UE veut barrer la route à la Chine et à la Russie qui commencent à se repositionner dans les pays africains, menaçant ainsi la présence européenne ainsi que leurs intérêts économiques. L’Union européenne, très active ces derniers mois en Afrique, veut regagner la confiance des populations africaines et promet de les accompagner dans leur lutte quotidienne contre la famine, la pandémie, les changements climatiques et les régimes militaires ou la violence. Ces déclarations interviennent au moment où plusieurs pays africains sont confrontés à la résurgence des coups d’Etats et au retour des militaires au pouvoir. Cependant, la situation en Europe est aussi inquiétante en raison des tensions accrues à la frontière ukrainienne avec la Russie, qui met sous haute tension l’Europe. Les Européens s’inquiètent de la crise énergétique qui les guette depuis des mois et comment leur gouvernement à trouver des solutions ou des alternatives énergétiques. L’Afrique constitue une solution à cette crise. Le gaz algérien, nigérian et nigérien peut substituer au gaz russe. C’est aussi ce qui motive le retour en force de l’Europe en Afrique. L’UE cherche en Afrique un partenariat prospère et durable. Renforcer les échanges commerciaux entre les deux continents, liés historiquement et proches géographiquement. Des avantages auxquels l’Europe ne veut pas renoncer malgré l’impossibilité de certains défis à relever car l’enjeu est de taille.
L’UE demeure « le premier partenaire multilatéral de l’Afrique, avec des échanges commerciaux dépassant les 227 milliards de dollars entre 2016 et 2020 ». Le cadre réglementaire relatif aux échanges commerciaux avec l’UE sera aussi débattu durant ce Sommet qui prendra fin demain, vendredi 18 février. C’est l’occasion pour les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA d’évaluer la franchise des pays membres de l’UE et sonder leurs intentions vis-à-vis des pays africains, notamment, ceux qui sont surendettés dont le nombre s’élève à 36 pays. L’UA devra relever les faits positifs, mais aussi « négatifs et toxiques » avec l’UE avant de signer de nouveaux engagements.
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, représente à ce Sommet le président de la République Abdelmadjid Tebboune, invité, pour rappel, au mois de janvier dernier par le Président français, Emmanuel Macron à participer à ce grand rendez-vous.
Samira Takharboucht