Quels impacts, sans de profondes réformes et la stabilisation de la cotation du dinar, du blocage de certaines taxes sur le niveau de l’inflation et le pouvoir d’achat ?

Economie

Le caractère social de l’Etat ne doit pas reposer sur la rente des hydrocarbures et de versements de salaires ou de subventions sans contreparties productives mais sur le travail et l’intelligence pour un développement durable conciliant l’efficacité économique et une profonde justice sociale à laquelle je suis profondément attaché. On en peut comprendre le processus d’inflation et donc sa maîtrise, sans le replacer dans le cadre des mutations mondiales et du cadre macro économique et macro social interne.Troisièmement, quant à l’évolution de l’inflation taux officiel, de la période de 2000 à 2021, nous avons selon le site international financier Index Mundi – 2000, 2,0% – 2001, 3,0% – 2002, 3,0% – 2003, 3,5% – 2004, 3,1% – 2005, 1,9% – 2006, 3,0% – 2007, 3,5%– 2008, 4,5% – 2009, 5,7%, – 2010, 5,0% – 2011, 4,5% – 2012, 8,9% (après les augmentations de salaires) – 2013, 3,9% – 2014, 2,9% – 2015, 4,2% – 2016, 5,9% – 2017, 5,6% – 2018, 5,6% – 2019, 5,6%. – 2020, 2,4% -2021 4,2%.Les prévisions de la loi finances 2022 donne un .taux d’inflation 3,7% et selon la banque d’Algérie, par rapport au même mois de l’année précédente, l’inflation globale s’est accélérée de 5,96 point de pourcentage en une année pour atteindre 9,2 % en octobre 2021.

3.- La raison essentielle de l’inflation dépend de plusieurs facteurs interdépendants : de facteurs externes avec le retour de l ‘inflation au niveau mondial , dont le prix international des produits importés. La sécurité alimentaire mondiale étant posée, les prix des produits agricoles connaissent un niveau record et, selon la FAO, l’augmentation des prix s’est établie en moyenne à 127,1 points en mai 2021, soit 39,7% de plus qu’en mai 2020, où le prix des oléagineux a plus que doublé ; mais également de facteurs internes dont la faiblesse de la production et de la productivité interne, de la non-proportionnalité entre les dépenses monétaires et leur impact renvoyant à la corruption via les surfacturations ; de la déthésaurisation des ménages qui mettent face à la détérioration de leur pouvoir d’achat des montants importants sur le marché, alimentant l’inflation, plaçant leur capital-argent dans l’immobilier, l’achat d’or ou de devises fortes pour se prémunir contre l’inflation ; de la dévaluation rampante du dinar; de la dominance de la sphère informelle produit des dysfonctionnements des appareils de l’Etat où existent des liens dialectiques entre cette sphère et la logique rentière, avec des situations oligopolistiques de rente., cette sphère alignant le prix des biens sur la cotation de la devise du marché parallèle, pour les produits importés, contrôlant les segments des fruits/légumes, poissons/viandes, textile/cuir et bon nombre d’autres produits importés qui connaissent un déséquilibre offre/demande et enfin aux restrictions drastiques des importations par une gestion administrative , sans ciblage qui ont paralysé la majorité de l’appareil de production. Tous ces facteurs renvoient à la faiblesse de la gouvernance et il s’agit de ne pas renouveler les erreurs du passé pour le déblocage de certains projets sans des audits sérieux. Comment ne pas rappeler que l’Algérie a engrangé plus de 1150 milliards de dollars en devises entre 2000 et 2021, avec une importation de biens et services, toujours en devises, de plus de 1055 milliards de dollars ( le solde des réserves de change au 31/12/2021 étant d’environ 44 milliards de dollars) pour un taux de croissance dérisoire de 2-3 % en moyenne, alors qu’il aurait dû se situer entre 9-10 %. La loi de finances de 2022 prévoit une croissance de 3,3 % contre 3,4 % en 2021. Mais un taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente : un taux élevé en T2 par rapport à un taux faible en T1 donne un taux relativement faible. Le déficit budgétaire prévu est d’environ 4 175 milliards de dinars ,au cours au moment de l’élaboration de la loi de finances 137 dinars un dollar , un dollar, 30,50 milliards de dollars, 8 milliards de dollars de plus qu’en 2021.
L’Algérie, selon le rapport de l’OCDE, dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins d’impact en référence aux pays similaires, renvoyant à la mauvaise allocation des ressources. Selon le Premier ministère, l’assainissement des entreprises publiques a coûté au Trésor public environ 250 milliards de dollars ces trente dernières années, et plus de 90% d’entre elles sont revenues à la case de départ, outre 65 milliards de dollars de réévaluation, ces dix dernières années, faute de maîtrise de la gestion des projets. Selon le rapport du FMI publié fin décembre 2021, les exportations ont atteint, en 2021, 37,1 milliards de dollars (32,6 pour les hydrocarbures et 4,5 hors hydrocarbures) . Quant aux importations, en attendant le bilan officiel du gouvernement, selon le FMI elles auraient atteint 46,3 milliards de dollars , 38,2 milliards de biens et une sortie de devises de 8,1 milliards de services contre 10 à 11 entre 2010 et 2019. L’Algérie, selon le FMI, fonctionne, entre budget de fonctionnement et d’équipement, à plus de 137 dollars en 2021 et à plus de 150 pour 2022, malgré toutes les restrictions qui ont paralysé l’appareil de production avec des impacts inflationnistes. Se pose la question : la population dépasse 45 millions en janvier 2022 avec une population active de plus de 12 millions, nous assistons à une décroissance du PIB qui est passé de 180 milliards de dollars à prix courants en 2018, 171 en 2019 et à 160 milliards de dollars fin 2020, 153 milliards de dollars en 2021. Si par hypothèse, uniquement pour la partie devises. on avait amélioré la gestion pour 10% sans compter la dépense pour la partie dinars où existent des surfacturations, du fait de la non-maîtrise des circuits et des marchés internationaux (fluctuations boursières) et si on avait réduit de 10% les surfacturations, l’Algérie aurait économisé environ 210 milliards de dollars en 2020/2021, plus de quatre fois les réserves de changes actuelles.

En conclusion, les mesures annoncées ne doivent pas accroitre le déficit budgétaire qui accroit l’inflation et c’est une loi universelle et dans ce cas leurs impacts sera limité sur le niveau du pouvoir d’achat car tout déficit budgétaire accroit l’inflation et c’est une loi universelle. Comme effet, la non maîtrise de l’inflation a pour conséquence l’accélération du divorce Etat/citoyens. Outre les factures d’électricité et d’eau, du loyer, on peut se demander comment un ménage qui gagne entre 30 000 et 50 000 DA peut survivre, s’il vit seul, en dehors de la cellule familiale qui, par le passé, grâce au revenu familial, servait de tampon social ? Mais attention à la vision populiste: doubler les salaires sans contrepartie productive entraînerait une dérive inflationniste, un taux supérieur à 20% qui pénaliserait les couches les plus défavorisées, l‘inflation jouant comme redistribution au profit des revenus spéculatifs. L’action louable au profit des zones d’ombre serait un épiphénomène face à la détérioration du pouvoir d’achat de la majorité de la société. D’où l’importance de la rationalisation des choix budgétaires où l’Etat doit donner l’exemple en réduisant son train de vie. Cette méfiance du citoyen envers les discours officiels est accentuée par l’effritement du système de la communication officielle, devant mettre fin à certains discours qui jouent comme facteur de démobilisation. Comment ne pas se rappeler cette image de la télévision algérienne à la fin des années 1987 et après la grande pénurie, à l’ENTV, où un ministre algérien avançait avec assurance que le marché était saturé selon les données en sa possession, la présentatrice lui rétorquant s’il a fait un jour le marché et que la population algérienne ne mangeait pas les chiffres; vers les années 2004, où, à une question sur le taux de chômage, un ministre affirmer que les enquêtes donnent moins de 10% et qu’un journaliste lui répliqua : êtes-vous sûr de vos données ? Oui, répond le ministre. Ce à quoi le journaliste répliqua sous l’œil amusé de la présentatrice, non convaincue d’ailleurs, qu’il irait faire un tour dans les quartiers Algérie et qu’il dirait aux chômeurs que dorénavant leur appellation n’est plus chômeur mais travaille et la déclaration d’un ministre en 2011 à l’ENTV, en Algérie, il n’y a pas de pauvres mais des nécessiteux», quelle différence ?. Et récemment en mars 2021, que l’inflation est maîtrisée, que la relance économique améliorera la cotation du dinar, alors que la population impuissante assiste à l’effet inverse .Le véritable patriotisme des Algériens se mesurera par leurs contributions à la valeur ajoutée interne. Du fait des tensions budgétaires, de l’accroissement du taux de chômage et du retour de l’inflation avec la détérioration du pouvoir d’achat, s’impose la relance économique pour 2022, un large front national tenant compte des différentes sensibilités et un discours de vérité pour un sacrifice partagé, la lutte contre le terrorisme bureaucratique, éviter l’instabilité juridique et monétaire et la corruption qui étouffent les énergies créatrices. Car sans le retour à la confiance, renvoyant au Politique, aucun développement n’est possible. On ne décrète pas la création d’entreprises facteur de création d’emplois, ne devant pas confondre le tout Etat (solution de facilité des bureaucrates en panne d’imagination) avec l’importance de l’Etat régulateur stratégique en économie de marché. Devant tenir tenant compte de l’innovation destructrice, en ce monde turbulent et instable pour reprendre l’expression du grand économiste Joseph Schumpeter, force est de reconnaître qu’ existe un important décalage entre la réalité et les importantes potentialités de l’Algérie, acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine ( Interview au niveau international – in American Herald Tribune USA 28/12/2016, Pr A. Mebtoul «Any Destabilization of Algeria would Geo-strategic Repercussions on all Mediteterranean and African Space» et Pr A. Mebtoul, «Algeria Still Faces Significant Challenges, 11 août 2018 et 10 septembre 2021 Africapresse Paris « les axes de sortie de crise
Dr Abderrahmane Mebtoul professeur
des universités, expert international
(Suite et fin)