Le pouvoir des mots, de la parole, du discours

Communiquer

Parler ou écrire est un besoin naturel pour s’extérioriser dans ce monde de brutes, prendre les autres à témoins, les inciter à réagir grâce à la magie du verbe. Ce qui donne tout son sens à cette citation du linguiste Bakhtine : « Le mot est un pont entre moi et les autres ».
Heureusement que nous avons, en société, cette possibilité de communiquer les uns avec les autres pour se soulager, sortir de l’isolement, apporter un plus à la différence, avoir l’impression d’exister, rester en relation interactionnelle pour mieux travailler, s’exposer à la critique constructive, tirer profit de la différence enrichissante, transmettre des connaissances et en recevoir dans tous le domaines scientifiques, historiques, culturels, psychologiques.

Le langage, pour forger sa personnalité
Quiconque n’a pas eu cette chance de participer aux débats publics formateurs, n’a pas eu l’occasion de se frotter aux autres, de se mesurer à eux pour mieux se connaître, à l’inverse de la citation aussi pernicieuse que juste et qui dit : « Connais-toi, toi-même ». L’auteur de cette pensée, Socrate, a sans doute voulu faire comprendre le contraire.
La société signifie, ensemble d’individus vivant dans un espace rural ou urbain, dans le respect de la diversité des valeurs, coutumes, mœurs, pratiques et croyances religieuses. Pour qu’il y ait harmonie dans les relations interindividuelles, la complémentarité, les sentiments qui font la vie humaine, le bonheur pour tous, la langue joue un rôle primordial. En effet, l’usage de la parole, de l’écrit ou du langage en général dans un cadre de courtoisie, est plus que jamais nécessaire pour l’évolution des mentalités, le progrès social, la créativité, la sécurité, les projets d’avenir, l’esprit d’entraide donnant un sens à la vie et apportant la sécurité et l’espoir en l’avenir. La langue et la société, dans les conditions normales doivent connaître un développement fondé sur l’interaction. La loi de la réciprocité est là-dessus dominante ; c’est pourquoi on dit que la langue ne vaut que ce que vaut la société qui la parle. Ainsi, la prospérité économique rend la langue plus performante sur le plan de la recherche scientifique et technique, de la production et de la pensée. Dans le cas contraire, c’est la misère et l’immobilisme qui font péricliter la langue et le peuple qui la parle.

Le discours n’a pas uniquement vocation à communiquer ou à informer
On entend par discours non pas seulement celui du domaine politique ou scientifique, mais toute prise de parole visant à influencer, à mettre en garde, à donner des orientations de travail. C’est le discours du père pour donner des recommandations à ses enfants, un entrepreneur à ses ouvriers, d’un chef religieux aux fidèles, d’un technicien désireux de faire comprendre le fonctionnement d’une machine en faisant des efforts langagiers pour devenir convaincant et la liste est longue.
Le locuteur, auteur de discours oral ou écrit sait que lorsque le sens de ses combinaisons de mots n’est pas clair, c ‘est la déconnexion avec les interlocuteurs réels ou virtuels, et de plus, il n’y a point d’interaction. Par exemple, dans n’importe quelle discipline pour qu’un cours soit efficace et rendre les apprenants réceptifs, il doit se dérouler dans n processus interactif et sous la conduite d’un professeur rompu aux meilleures méthodes pédagogiques ou du moins conscient de la nécessité de rendre actif le public. Toute communication orale ou écrite doit être suivie d’effets si elle est bien menée et si l’objectif visé est motivant, sinon c’est l’échec cuisant. S’il y a différence de niveau de langue entre locuteurs et récepteurs, il n’y a aussi aucune chance pour que les mots, discours soient reçus, la différence de registre de langue entraîne toujours ce type de déphasage. Donc, pour qu’il y ait réception de messages, il faut une identité de niveau de langue. Il en va ainsi des genres écrits comme la lettre, l’affiche, la notice d’emploi, la note, je journal, le livre ou pour l’oral comme le dialogue, la conversation, le débat, l’exposé. Et quel que soit le type de support, toute communication repose sur des éléments essentiels à l’interprétation, la situation, le nombre de participants des côtés émetteurs ou récepteurs dans une relation en face à face, en différé, selon la forme orale ou écrite entraînant une interaction unilatérale ou bilatérale.
Abed Boumediene