Les associations dénoncent leur mise à l’écart

Opérations de sauvegarde de La Casbah

Des représentants d’associations pour la sauvegarde de La Casbah et la promotion du patrimoine culturel de la cité se disent «de moins en moins associés», voire «écartés» des opérations de restauration et de sauvegarde de ce site historique habité, patrimoine mondial de l’humanité, prises en charge par le ministère de la Culture et la wilaya d’Alger.
Approchés par l’APS, les membres d’associations pour la sauvegarde de la médina, ont fait part d’un «manque de volonté» d’associer le mouvement associatif dans les opérations entreprises dans le cadre de la restauration de ce site historique.
Athmane Bourras, membre de la Fondation Casbah, association pour la sauvegarde de cette ville active depuis 30 ans, pointe du doigt le «manque de volonté» des pouvoirs publics qui, dit-il, «s’opposent aux initiatives émanant de l’association dans le cadre de la préservation et la sauvegarde».
Il déplore la «rupture» des voies de dialogue depuis des années avec les autorités locales concernant la prise en charge de l’ensemble des problèmes soulevés par les habitants du site, inscrit en 1992 par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité.
«Nous trouvons des difficultés à entrer en contact avec les responsables locaux concernés. Si, par moment, on parvient à toucher un responsable, ce dernier se limite à prendre acte de nos doléances sans aucune suite…», a-t-il encore relevé. Mettant en avant le rôle «réduit» de la fondation, M. Bourras regrette la lenteur dans l’opération réhabilitation des maisons effondrées ou nécessitant consolidation et entretien.
Dans le cadre de ses actions culturelles de proximité, la Fondation a ouvert depuis 2015 une bibliothèque pour les enfants qui y trouvent une panoplie d’ouvrages en rapport avec La Casbah, ses héros et ses personnalités historiques, sportives et culturelles, un musée de photographies en noir et blanc de ses personnalités marquantes parmi les enfants de La Casbah, ainsi que ses martyrs tombés au champs d’honneur.
Pour sa part, l’association «Fen wa Assala» (Art et authenticité), engagée dans la préservation du patrimoine matériel de la capitale, se plaint d’obstacles entravant son adhésion «effective» dans la sauvegarde du patrimoine bâti de La Casbah.
Sa présidente, Nabila Fekhardji, relève dans un entretien, «une absence totale de coordination entre les associations et une rupture avec les pouvoirs publics, admettant toutefois que le dossier de La Casbah d’Alger est assez «complexe» et nécessite un statut particulier permettant une large implication de la société civile.
«Les associations sont une véritable force de proposition pour les autorités en charge de la sauvegarde et de la réhabilitation du plus vieux quartier historique d’Alger. Elles sont, malheureusement, mises à l’écart dans toutes les opérations de réhabilitation de ce site historique inscrit au patrimoine mondial de l’humanité», a-t-elle signalé.
Pour optimiser l’implication des associations, Mme Fekhardji préconise d’établir un «cahier des charges» qui seront tenues d’impliquer dans leur composante certains profils et professions comme les architectes, historiens et archéologues, a-t-elle suggéré.
Depuis sa création, «Fen wa Assala» œuvre à la promotion des métiers traditionnels comme la dinanderie et la céramique, autrefois répandus dans La Casbah, en plus des sorties pédagogiques sur les sites historiques d’Alger.
Depuis l’adoption du Plan de sauvegarde de La Casbah d’Alger en 2012, plusieurs associations s’activaient ou ont été créées dans le cadre d’une dynamique de sauvegarde et de mise en valeur, à l’image de l’Association de propriétaires, «Sauvons La Casbah d’Alger» ou encore «La Casbah autrement».
Aujourd’hui, bon nombre de ces organisations ont disparu, sinon elles se limitent à quelques rares activités.
En 2018, des experts de l’Unesco, réunis à Alger, avaient recommandé une plus grande implication de la société civile et des habitants de La Casbah, la création d’emplois et de petits commerces, ainsi que l’ouverture d’établissements de formation aux métiers et aux savoir-faire traditionnels nécessaires à la restauration.
R. C.