Le Marocain de l’équipe du FLN 

Abdellah Settati 

Abdellah Settati a fait partie de l’equipe du Front de libération nationale, celle que l’on surnomme l’équipe de la Liberté, le Onze de l’indépendance, un groupe de footballeurs professionnels acquis à la noble cause.

Lorsque des Algériens ont choisi les maquis pour combattre le colonialisme et la soldatesque française avec les armes à la main, les footballeurs professionnels algériens se sont ralliés à la cause nationale mais avec comme seul arme, un ballon de football, ils étaient trente deux et parmi eux, un footballeur de souche marocaine du nom de Abdellah Settati, un ancien pensionnaire des Girondins de Bordeaux, natif de la région de Settat et qui a vu le jour le 10 avril 1932.
Abdellah Settati a commencé à taper sur un ballon comme tous les jeunes dans les ruelles et il a signé une licence au Widad de Casablanca dans les années 1950 et 1960 avant de rejoindre le Racing et embrasser une carrière footballistique professionnelle en France plus spécialement au club des Girondins de Bordeaux en 1955.
Abdellah Settati a taquiné le ballon rond avec les Rachid Mekhloufi, Abdelaziz Bentifour, Mustapha Zitouni, Mohamed Maouche, Abdelhamid Kermali, Defnoun Abderahmane, Abderahmane Boubekeur, Bekhloufi et autres grandes stars du football algérien. Il a été contacté par les cadres du Front de libération nationale et c’est tout à son honneur d’avoir eu le privilège de faire partie de l’histoire combattante avec l’équipe du Front de libération nationale en obtenant l’aval des dirigeants politiques de l’époque.
Abdellah Settati a été l’entraîneur adjoint du technicien macédonien Blagoje Vidinic à la tête des Lions de l’Atlas lors de la phase finale de la Coupe du monde de 1970 au Mexique.
Abdellah Settati, ancien joueur et entraîneur marocain de renom a pourtant fait part de l’équipe de la Liberté, le fameux onze de l’indépendance mais la question qui se pose est de savoir comment un footballeur d’origine marocaine s’est-il investi dans le combat libérateur d’une Algérie colonisée avec la bénédiction du Front de libération nationale, la réponse est claire et nette et sans bavure, Abdellah Settati dont le vrai nom de famille est Hedhoud qu’il tient de son père qui était un Algérien immigré au Maroc et marié à une Marocaine a répondu à l’appel du Front de libération nationale pour faire partie de la composante de l’équipe combattante. Selon les dires de Abdelhamid Zouba : Abdellah Settati a rejoint le groupe tout seul à Tunis en 1958, il était en contact avec les responsables du FLN.
Abdellah Settati avait un bon gabarit, il fut un joueur infatigable, il excellait dans les duels et les marquages stricts, mais aussi dans la relance, n’hésitant jamais à prêter main forte à ses attaquants.
D’une sportivité exemplaire, Settati Abdellah apportait l’assurance et le soutien à ses coéquipiers et pour cela ses entraîneurs ne tarissaient pas d’éloges sur lui. Il accomplissait un travail de fourmi et tenait efficacement un rôle de relayeur, c’était un footballeur très utile soit en attaque soit en défense.
Abdellah Settati reste jusqu’à maintenant un exemple de joueur de football qui possédait un tempérament de gagneur, le joueur s’était montré tout au long de sa carrière d’un sérieux exemplaire sur le terrain et sa vie de tous les jours. D’une stature puissante, Abdellah Settati était très estimé par ses coéquipiers au sein de la formation du Front de libération nationale, il était adroit et très entreprenant et savait jouer très intelligemment. En plus de sa technique, Abdellah Settati se servait de sa force physique et de son sens aigu dans les balles à ras de terre pour déséquilibrer les adversaires. Son apport était précieux du fait qu’il produisait un calme olympien à toute épreuve et d’une gentillesse inégalable sur un terrain de football.
Que dire de Abdellah Settati, si ce n’est qu’il possédait une grande valeur morale très large avec une omniprésence, une clairvoyance et un volume de jeu très développé qui lui ont valu le respect du public d’outre mer ainsi que des Algériens qui suivaient avec acharnement son parcours dans le Championnat de France. Il était très aimé par le public marocain, il est devenu l’entraîneur adjoint de l’équipe nationale marocaine où il avait sous sa coupe des footballeurs talentueux à l’image des Mohamed Mahroufi, des Said Ghandi, des Driss Bamous, des Ahmed Faras, des Mohamed El Filali, il a participé à la qualification des Lions de l’Atlas à la Coupe du monde de 1970 qui s’est déroulée au Mexique avec le Maroc, devenant ainsi le deuxième pays de l’Afrique à participer à la Coupe du monde (après l’Egypte 1934).
Aussi, on oublie trop souvent que le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde est marocain… Just Fontaine est né le 18 août 1933 à Marrakech et ceci dit ce dernier entraîna les Lions de l’Atlas en 1979-1981 avec à la clé une troisième place à la CAN de 1980. Mais comme à l’époque, la quasi-totalité de l’Afrique était sous colonisation européenne et c’est la raison à laquelle Just Fontaine joua pour la France, et Abdellah Settati n’a jamais renié ses origines de Maghrébin. Il a porté l’emblème de l’Algérie dans sa lutte pour la libération de son pays, une fois l’indépendance acquise, il retourna dans son pays pour apporter son savoir au football marocain.
A l’indépendance de l’Algérie en 1962, Abdellah Settati rentre au Maroc pour entraîner entre autres le Maghreb de Fés lors de la saison 1965-1966 et lui assure la montée en première division. Avec ses connaissances footballistiques, il a formé de talentueux grands joueur de football et jamais un entraîneur comme lui n’a laissé une aussi grande impression dans le football maghrébin (Maroc et Algérie).
Abdellah Settati ne fait aucune différence entre le Maroc qui l’a vu grandir et l’Algérie qui l’a adopté, il fait partie de l’équipe combattante d’Algérie, du Onze de la liberté. C’est un personnage très aimé qui demeure inoubliable !

Kouider Djouab