3ème fournisseur de gaz pour l’Europe, l’Algérie a un important rôle à tenir

La guerre en Ukraine aggrave la crise énergétique

L’offensive russe menée en Ukraine a propulsé les prix du gaz de plus de 44%, poussant ainsi les pays européens dépendant à plus de 40% du gaz russe à chercher d’autres alternatives à l’international. L’Algérie est considérée, dans ces moments durs, comme un allié parfait pour les sauver d’une crise énergétique imminente, si la Russie décide de fermer totalement les robinets du gaz à l’Europe. Une décision qui risque de tomber à n’importe quel moment vu la cascade des sanctions financières et économiques prises par l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis contre la Russie. Couper le gaz aux pays européens, en plein hiver, aura des conséquences désastreuses sur leur économie, notamment, après l’arrêt spontané des projets de constructions des stations nucléaires ou de l’exploration de gaz naturel sur leur terre, ce qui a créé leur dépendance au gaz naturel. Des partis écologistes pointés du doigt dans cette affaire. Pour s’approvisionner en gaz naturel, l’Europe se tourne vers le gaz algérien, qatari et iranien. Cette option n’est ni certaine, ni simple à cause des difficultés de ces pays à acheminer le gaz naturel vers l’Europe.
Lors de leur dernier Sommet organisé à Doha (Qatar), les membres du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) ont confirmé, explicitement, qu’ils ne pourraient pas « aider l’Europe à compenser dans l’immédiat les quantités du gaz russe qui viendraient à manquer ». C’est ce qu’a affirmé aussi le Président-directeur général de la compagnie publique des hydrocarbures, Sonatrach, Toufik Hakkar, qui s’est montré, toutefois, flexible quant à la « disposition de l’Algérie à fournir du gaz naturel à l’Europe en cas de difficultés », mais elle doit d’abord « honorer ses engagements » pris envers ses partenaires de long terme.
L’Algérie achemine la totalité de ses exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Espagne et le Portugal via le Gazoduc Medgaz, soit 8 à 10 milliards de mètres cubes par an. Un volume appelé à augmenter selon les besoins des partenaires, après la fermeture officielle par le Président Abdelmadjid Tebboune, du Gazoduc Maghreb Europe (GME) transitant par le Maroc. Elle peut, également, compter sur ses huit méthaniers pouvant transporter jusqu’à un million de mètre cubes de GNL vers l’Europe, mais le pays ne peut se substituer à la Russie qui approvisionne le marché européen à hauteur de 40% en gaz naturel. Le reste de l’approvisionnement est assuré par la Norvège et l’Algérie. Malheureusement, ces pays n’ont pas vraiment de capacité de production supplémentaire pour couvrir la demande en gaz du marché européen dépendant de cette ressource. La majeure partie de sa demande est couverte par le groupe des hydrocarbures russe Gazprom qui a « fourni un total de près de 200 milliards de mètres cubes de gaz aux pays européens, dont 81 % à destination de l’Europe occidentale ». Des quantités énormes difficiles à compenser même par le premier producteur du gaz naturel du monde, le Qatar qui a aussi confirmé son incapacité à couvrir à lui seul les parts du marché russe. Épuisement des réserves.
Le plan des Etats-Unis pour trouver des approvisionnements alternatifs en cas de coupure de gaz à l’Europe par la Russie, n’est apparemment pas encore achevé vu la détresse qui gagne aussi les Etats-Unis qui négocient depuis des semaines avec les pays du Golfe et n’exclut pas l’Iran de son plan de sortie de crise. Sachant que ce pays est toujours sous embargo. A ce stade, toutes les pistes sont à explorer pour éviter un effondrement brutal de l’industrie européenne et américaine dépendante également des minerais stratégiques russes. La rupture d’approvisionnement du marché mondial en gaz, blé et minerais russe prend le pas sur un autre problème aussi grave : l’inflation. La hausse des cours du gaz (108 euros) et du pétrole (100 dollars) aura une conséquence directe sur les prix du carburant et le consommateur, aussi. La France, l’Allemagne, l’Autriche et plusieurs autres pays européens cherchent désespérément une alternative au gaz russe auprès de ses alliés, en vain. La course contre la montre est lancée depuis des semaines. De son côté, l’Italie n’hésite pas, malgré la hausse des prix du gaz naturel, à demander l’augmentation de ses exportations de gaz à l’Algérie.

L’Algérie rassure l’Italie
Au lendemain de l’annonce faite par le P-DG de la Sonatrach sur la possibilité d’approvisionner l’Europe en gaz, en cas de difficulté, l’Italie a dépêché son ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, à Alger. Il a été reçu par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en présence de M. Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, ainsi que le P-DG du groupe Sonatrach, M. Toufik Hakkar. Les discussions entre les deux parties ont porté sur le développement de la coopération bilatérale dans divers domaines, notamment, énergétique. L’objectif de cette visite est de discuter « du renforcement de la coopération bilatérale, notamment pour répondre aux besoins européens de sécurité énergétique, à la lumière du conflit en Ukraine », a indiqué, dans un tweet M. Luigi, hier.
Samira Takharboucht