Redorer le blason terni et retrouver l’élite

77e anniversaire du RC Kouba

Le RC Kouba a fêté lundi 28 février, ses 77 ans d’existence, avec l’ambition de redorer son blason terni et retrouver dès la fin de cette saison 2021-2022, l’élite du football national après un purgatoire de 13 ans dans les divisions 2 et 3, dû surtout aux difficultés et tiraillements vécus alors par ce club algérois.Cette ambition de retrouver le lustre d’antan, qui a de tout temps animé la formation koubéenne, s’est renforcée davantage cette saison, et paraît de plus en plus plausible. Ce club occupe, en effet, la place de leader du Championnat de la Ligue 2 (Groupe Centre-Ouest) après quatre journées de la phase retour, avec 2 points d’avance sur ses poursuivants immédiats.
Une «relative renaissance» des Vert et Blanc qui semble renouveler les espérances des supporteurs avides de revoir leur club parmi l’élite. Malgré le huis clos, toujours en vigueur, imposé par la pandémie de la Covid-19, les fans koubéens ont recours aux terrasses et balcons des immeubles jouxtant le stade Mohamed-Benhaddad, et ce pour suivre les matches de leurs favoris. Samedi dernier, lors de la victoire (2-0) en Championnat face au GC Mascara, ils ont saisi l’opportunité pour célébrer, à leur manière, le 77e anniversaire du RCK. En effet, à la 77e minute du match RCK-GCM, coïncidant avec le chiffre 77 – celui du nombre des années du club – des fumigènes ont été lancés par les supporteurs koubéens, à partir des balcons et terrasses de la célèbre cité populaire El-Bahia, pourvoyeur de jeunes footballeurs, étant située à côté de l’enceinte sportive de Benhaddad. De longues banderoles ont été confectionnées pour commémorer cet anniversaire. Sur l’une d’elles on pouvait lire : «77 années d’existence : unis et engagés pour le Raed». Nombreux sont les joueurs qui ont défendu avec ferveur les couleurs du RCK en contribuant à lui offrir, dans un passé récent, une place de choix dans l’échiquier du football national. D’autres ont même défendu avec honneur les couleurs nationales au sein des différentes sélections algériennes. Parmi eux, figure le défenseur de charme de la génération dorée du RCK, Mohamed Chaib.
A propos de la dynamique que vit actuellement la formation koubéenne, Chaib en parle avec enthousiasme. Selon lui, il s’agit d’une belle opportunité à saisir absolument pour unifier les rangs et réussir l’accession en élite. «Notre équipe a accompli une phase aller en champion, malgré le manque de ressources financières… J’espère que les joueurs maintiendront le rythme pour rester leaders. Techniquement parlant et au vu des résultats enregistrés jusque-là, nous méritons l’accession. Il faut saisir cette opportunité. Notre absence de la Division 1 n’a que trop duré», a-t-il déclaré à l’APS.

Naissance d’un club aux traditions et valeurs sportives
A l’approche de la fin de la Seconde guerre mondiale, et dans la foulée du mouvement populaire en faveur de la cause algérienne contre le colonialisme français, et sur les recommandations du parti du Peuple, le club RC Kouba est créé, le 28 février 1945 dans le quartier Oued Kniss. A l’origine de cette création, figurent des personnalités éminentes de l’époque dont le premier président, Mustapha Ben Ouniche (président d’honneur à vie) et le Chahid Mohamed Benhaddad dont le nom a été attribué au stade de Kouba. Au lendemain de l’indépendance, le RCK a accédé en première division dès la deuxième saison en 1964-1965, avec un effectif comprenant notamment le redoutable ailier-gauche Boualem Amirouche et le célèbre défenseur central de l’équipe du FLN, Mustpaha Zitouni. Cette même équipe a animé la finale de la Coupe d’Algérie-1966 contre le CR Belcourt (défaite 3-1).
Le RCK s’est également distingué, en 1964, en créant la première école de football dirigée alors par Mustapha Al Kamal. Cette école a formé une multitude de joueurs pour le football algérien, dont plus de 120 joueurs pour les sélections algériennes des différentes catégories. Certains se sont illustrés au niveau africain, voire mondial, à l’instar du virevoltant attaquant Salah Assad, connu pour son célèbre «Ghoraf».
A partir de 1974, et grâce à une nouvelle génération de joueurs talentueux, issus de différents quartiers koubéens et formés par le Raed, le club est passé à une étape supérieure, avec une équipe restée fameuse dans les annales du football national, grâce à son beau jeu, mais aussi grâce à des valeurs nobles, comme le respect, la sportivité et le fair-play.
Ce nouveau groupe de joueurs était mené par le maestro Boualem Amirouche et par le quatuor d’internationaux Abdelaziz Sefsafi, Mokhtar Kaoua, Hocine Boumaâraf et le gardien Ilyès Teldja, médaillés d’or aux Jeux méditerranéens de 1975 à Alger, et qui avaient raté d’un cheveu le titre de champion d’Algérie pendant la saison 1974-1975, ayant terminé deuxième, à un point du Mouloudia d’Alger. Un groupe solide, qui s’est renforcé au fil du temps par d’autres joueurs talentueux, comme Salah Assad, Mohamed Kaci-Saïd, Mohamed Chaïb, Rachid Sebbar et bien d’autre encore, jusqu’à atteindre le Top niveau sur le plan national, et remporter ainsi le Championnat de la saison 1980-1981.
Un groupe qui, dans la foulée, a confirmé que cet exploit n’était pas le fruit du hasard, en remportant la première édition de la Supercoupe d’Algérie, et qui restent à ce jour les deux seuls titres majeurs au palmarès du Raed. A ce propos, Mohamed Chaïb, le capitaine de la sélection nationale «juniors» au Mondial-1979 dira : «Quand je repense à l’âge d’or du Raed, je suis épris d’une profonde déception en voyant sa situation actuelle. Notre équipe mérite un bien meilleur statut que celui qui est le sien actuellement, car elle a rendu de grands services au sport national par le passé, et au football en particulier» a-t-il tenu à rappeler.
«Notre équipe a surtout brillé par ses valeurs, car c’est grâce à elles qu’elle a pu atteindre les quarts de finale de la Coupe d’Afrique des club champions en 1982, sans oublier ses bons parcours en Coupe d’Algérie. Une épreuve dans laquelle elle a atteint des stades avancés, en rivalisant avec de grands spécialistes de l’épreuve, malgré le peu de moyens dont nous disposions par rapport à eux», a-t-il ajouté.

Affaire Lausanne-2009
et disparitions des autres
sections sportives
En effet, les valeurs qui ont permis au Raed d’atteindre les sommets ont fini par se perdre avec le temps, et les choses n’ont fait qu’empirer à partir de la saison 2008-2009, lorsque le club a été privé d’accession en première division, suite aux réserves formulées par l’USM El Harrach.
Une affaire qui avait pris tellement d’ampleur, qu’elle a fini par atterrir sur la table du Tribunal Arbitral du Sport (TAS), à Lausanne (Suisse) et qui a finalement donné gain de cause au Raed.
A partir de là, la Fédération algérienne a été obligée de revoir sa position et d’intégrer le RCK dans le Championnat élite, mais non sans conséquences, car cette décision avait pris tellement de temps qu’elle a fini par pénaliser sensiblement le club et dans différents aspects.
En effet, outre la préparation d’intersaison qui n’a pas pu se faire convenablement, pour permettre au Raed d’être à la hauteur du niveau de la première division, l’opération recrutement n’a pas pu se faire dans les règles de l’art, car toutes les potentielles nouvelles recrues s’étaient engagées ailleurs. A cela s’ajoutent les nombreux matches en retard, qu’il fallait enchaîner à un rythme infernal pour rattraper «le train de la D1» et qui ont fini par plonger le Raed dans une spirale d’échec.
Un calvaire qui ne s’était pas arrêté à ce stade, car la «politique de représailles» envers le Raed avait poussé l’investisseur Omar Rebrab à se retirer, en laissant de grosses dettes derrière lui. Un vrai coup dur pour le club banlieusard, dont il ne s’est d’ailleurs jamais remis, au point de se voir obligé de sacrifier d’autres discipline sportives, telles que l’athlétisme et la boxe pour pouvoir continuer à survivre.
A ce propos, Chaïb dira «nous avions certains parmi les meilleurs sportifs en athlétisme, notamment, Sakina Boutamine et Sakhri, sans oublier les boxeurs, dont un champion du monde militaire. Mais avec le temps, et à cause de la crise interminable dans laquelle a été plongé le club, tout cela a fini par se perdre».
Quoique, la saison en cours (2021-2022) semble porteuse d’une lueur d’espoir dans le perspective de ressusciter le Grand Raed, notamment avec le retour de l’enfant prodige Sid Ali Yahia-Chérif, qui est en train de mener l’équipe seniors de football vers un retour parmi l’élite.
«A présent, il faut songer à médiatiser le club, pour attirer de nouvelles ressources financières, qui serviront à mettre plus de moyens entre les mains des dirigeants et des joueurs, hissant ainsi le club à un niveau supérieur, qui lui permettra de viser beaucoup plus haut», a suggéré l’ex-international Mohamed Chaïb, aujourd’hui consultant sportif pour des chaînes de télévision.
«Le RCK est réputé pour être un club formateur et c’est là une caractéristique qu’il faut raviver, en s’occupant un peu plus des enfants du cru», a-t-il encore insisté.
R. S.