C’est le labourage des intelligences, mais toute terre ne donne pas une riche végétation

L’enseignement

L’enseignant s’intéresse à tous les élèves, mais quelques uns d’entre eux peinent à suivre.L’enseignement est un art qui exige un certain nombre de conditions de celui qui l’exerce : beaucoup de qualités morales et intellectuelles comme la patience, l’esprit d’abnégation, le savoir apprécier, le savoir faire, savoir être sévère mais juste, avoir un bon niveau de culture ainsi que des capacités d’expression orale et écrites. Jadis, c’était un modèle d’homme à qui on se confiait parce qu’il apporte des solutions à toutes sortes de problèmes, on le voit comme quelqu’un qui connait tout pour donner des réponses à toutes questions. Mais les temps ont changé et le véritable maître d’école a pour mission de transmettre à ses élèves le meilleur de lui-même : savoir écouter pour saisir au vol tout ce qui est dit par le maître, ne jamais se laisser dépasser dans une aucune matière, faire les exercices d’application au jour le jour.
Normalement, si les élèves suivent à la lettre les consignes données par le maître, les choses doivent aller d’elles mêmes ; le bon maître fait l’effort de rendre accessibles ses cours et les élèves ne font qu’assimiler. Lorsque les cours sont bien présentés, les élèves n’ont aucun mal pour apprendre ce qu’ils ont bien compris.
Le terrain débroussaillé, les élèves n’ont aucun mal à suivre, les connaissances sont toutes fraichement transmises, ils n’ont qu’à les mémoriser et à se constituer progressivement un bagage intellectuel. Mais dans un ensemble d’apprenants, il y’a des éléments qui frôlent l’excellence.
D’autres qui sont complètement déconnectés, on les appelle des ratés, paresseux, vauriens. Ces derniers, bien qu’ils disposent de tous les moyens pour réussir, ne sont pas arrivés à suivre, d’où leur retard et leur laisser aller qui les ont condamnés à être exclus du cycle scolaire et de partir vers l’inconnu, les aléas d’une vie difficile ; les exclus du système scolaire sont des drames pour les parents démunis qui n’ont personne pour les aider à les récupérer. Au début les élèves disposent des mêmes atouts pour réussir, puis au fur et à mesure de leur parcours, ils comment à donner les signes d’un déphasage, travaillant de moins en moins, ils ont de mauvais résultats et finissent par décrocher. Quant aux meilleurs, ils réussissent, des fois brillamment.

L’enseignement est le labourage
des intelligences
C’est pour employer les mêmes termes, la mise en valeurs de cette faculté innée, c’est-à-dire le défrichage de la terre, on veut dire par là, que l’enfant qui a apporté à la naissance l’intelligence, attend que les autres viennent les fertiliser, les placer en terrain favorable qui leur permettent de se développer, c’est tout ça qu’on veut faire comprendre par le labourage des intelligences que les responsables de l’éducation essaient de mettre en valeur pour les rendre fonctionnelles, c’est-à-dire productives et contrairement aux intelligences qui n’évoluent pas et qui s’atrophient.
Les intelligences ont besoin de conditions favorables pour se développer. Un travail scolaire étalé sur des années mené par des enseignants qui ont pour souci majeur et de manière à rendre les enfants toujours meilleurs de manière à devenir productifs à l’avenir et à s’épanouir. Pour cela, il faut un enseignement de qualité qu’on désigne par un labourage efficace qui puisse rendre fertiles les intelligences, c’est-à-dire productives. Le processus est long et difficile, il faut éviter qu’il y ait un décrochage en cours de route. Pour éviter un accident entrainant des dommages souvent graves, le suivi pédagogique doit être performant. Un enseignement qui apporte aux intelligences de quoi s’alimenter régulièrement pour se maintenir dans le processus d’apprentissage et espérer avoir une récompense, est de rigueur, mais à condition que les conditions de travail soient satisfaisantes.
Le succès revient à ceux qui ont peiné pour assurer la transmission du côté enseignant et une bonne réception suivie de l’assimilation, du côté apprenants. L’image symbolique «labourage des intelligences» renvoie à l’idée de remuer les cerveaux de manière à les rendre aptes à recevoir de quoi pouvoir s’enrichir moyennant de nouveaux apprentissages qui leur assurent un développement. Le cerveau qui reçoit chaque jour un apport de connaissances nouvelles, s’enrichit. Et cet enrichissement progressif entraine le développement des facultés naturelles : l’intelligence, la mémoire, l’imagination, le raisonnement, la réflexion ; ces facultés innée chez l’être humain sont celles qui s’acquièrent par l’apprentissage des mathématiques qui entrent au programme scolaire, à partir de la première année du primaire jusqu’en classe de terminale. On ne peut pas concevoir un enseignement général, sans l’apprentissage des mathématiques et l’obtention d’un diplôme sans une base mathématique est peu valable.
Les mathématiques développent la capacité à raisonner juste et qu’on appelle la logique, et à force de raisonner juste en mathématique, on apprend à raisonner dans d’autres domaines dans la vie. Ce qu’on appelle la culture mathématique à la base de toute culture. C’est de ça qu’il s’agit par « remuer les intelligences » comme le laboureur remue la terre en profondeur pour la rendre fertile, à condition qu’elle ait été fécondée par de bonnes pluies.

Mais toute terre ne donne pas une riche végétation
Cela dépend de la qualité du travail, lorsque la végétation n’est pas florissante, c’est qu’il y eu défaillance dans la manière de travailler. Ce labourage des intelligences qui n’a pas eu d’impact bénéfique auprès de tous les sujets, est à l’image de quelques éléments qui n’ont pas bien suivi les cours parce qu’ils ont été distraits ou qu’ils ont été perturbés au point de se laisser dépasser et de ne plus pouvoir suivre. Et l’expérience nous a montré qu’un élève qui perd les pédales est considéré comme perdu à moins qu’il ait des parents nantis qui veuillent bien s’occuper de lui sérieusement en lui payant des cours de rattrapage. Voilà ce qui arrive quand un enfant est en situation de décrochage et qui se fait exclure. il est trop jeune pour travailler et a dépassé l’âge des études. C’est un drame pour les parents qui doivent courir pour essayer de lui trouver une place ailleurs.
Généralement, quand ils commencent à prospecter ici et là pour essayer de x ou y sur recommandation, ils maudissent le sort de leur avoir donné un fils raté, pendant que d’autres travaillent et avance normalement grâce à la persévérance.
Les filles réussissent beaucoup mieux que les garçons, elles travaillent avec acharnement parce qu’elles savent que les études sont leur seule planche de salut qui les délivrera de leur infériorité par rapport aux garçons et du mépris dont elles sont victimes ; pourtant elles ne bénéficient pas de bonnes conditions de vie. En tous les cas, les parents ont moins de problèmes avec les filles. Au départ, quand les enfants rentrent en première année du primaire, ils sont à égalité, au fur et à mesure, les filles s’accrochent bien pendant que du côté garçon, il y a déperdition. Arrivés en classe de terminale, il y a beaucoup plus de filles que de garçons qui arrivent dans cette classe et qui réussissent au bac. On vous a cité une fois le cas d’une fille qui a fait des miracles. C’était une fille de condition modeste dont le père ne fut qu’un simple employé de bureau qui a habité à Alger-Centre depuis 1962.
La fille est rentrée à l’école au début des années soixante, elle a vite percé, et après avoir été admise brillamment au concours d’entrée en sixième, elle au lycée à Alger-Centre, elle suit normalement les cours sans jamais faillir, arrivée en terminale, elle obtient le bac avec la mention très bien et rentre à l’université où elle réussit à tous les examens et jusqu’au doctorat en physique qu’elle a obtenu brillamment et au mérite. Elle est passée au stade de la recherche et on l’a perdue de vue.
Exemple d’une fille de pauvre, qui a eu cette seule chance de commencer et de terminer ses études à Alger-Centre, sans jamais avoir à se déplacer. Elle a saisi cette opportunité et elle a fait d’excellentes études.
Le plus bel exemple de réussite scolaire d’une fille extrêmement intelligente, représentée par le symbole d’une riche végétation au milieu d’une diversité d’espaces allant de la verdure exubérante aux sols abandonnés, en passant par des terrains ayant peu de verdure et broussailleux, aux terrains allant du trop vert à quelques rares pousses. Voilà une image de la réalité qui doit aider les jeunes à prendre conscience du travail sérieux et sans lequel on ne peut guère réussir.
Boumediene Abed