Trafic, cambriolage et détournement

Quand le crime se conjugue au feminin

La présence de la femme dans la criminalité organisée s’est étendue au fil de ces cinq dernières années pour atteindre des seuils alarmants. Passant d’une simple complice à une vraie cheffe d’un réseau, de nombreuses femmes sont devenues des livreuses de drogue, elles portent des ceintures bourrées de kif traité attachées tout au long de leur panse.

Chaque année, près de 3.000 femmes impliquées dans le crime organisé sont arrêtées au niveau national. Un phénomène qui ne cesse d’augmenter. La gent féminine intègre davantage la criminalité organisée. Une moyenne de vingt-cinq femmes est chaque jour arrêtée pour crime organisé. Elles sont de plus en plus tentées par la criminalité. Elles sont âgées entre 18 et 45 ans. Beaucoup de ces femmes « hors-la-loi » ont endossé le maillot de la « criminalité » suite à des problèmes ou conflits familiaux qui déchiraient leurs avenirs, d’autres ont, en revanche, enrôlées les réseaux de trafic à des fins financiers.
Partant de leurs calvaires, ces femmes ont fini par intégrer les rangs des trafiquants. Du jour au lendemain, de nombreuses femmes sont devenues de véritables criminelles après leurs premiers forfaits. Aujourd’hui, elles s’adonnent au trafic de faux billets, drogue, cocaïne, héroïne, psychotropes, elles cambriolent aussi des véhicules, des maisons et même des sociétés, elles racolent leurs victimes, souvent des étrangers, notamment à travers des lieux luxueux et le pire elles sont de plus en plus nombreuses à commettre leur premier homicide volontaire, cela sans compter celles devenant des contrebandières de renoms. Les enquêtes diligentées par les services de sécurité ont révélé beaucoup de secrets sur le parcours de ces femmes « hors-la-loi ».

Les quatre femmes officiers de douane et les pots-de-vin

La participation des femmes dans la criminalité s’est étendue au fil des ces cinq dernières années pour passer au crime organisé. Ce qui s’est passé en octobre 2016 est un cas de figure flagrant. Ici, quatre femmes occupants d’importants postes au Port d’Oran, des officiers à la Douane, avaient été arrêtées dans le cadre d’une vaste affaire de détournement de deniers publics menée, à cette époque, par les gendarmes de la Section de Recherche.
En plus des quatre femmes officiers impliquées lors de cette grosse affaire de détournement, 25 autres personnes, notamment des transitaires, déclarants en douane et un importateur avaient été, à leurs tours, arrêtés.
L’enquête menée par les gendarmes avait livré beaucoup de secrets sur la manière, dont les quatre femmes, avaient mené leur acte organisé.
Pour les enquêteurs de la Section de Recherche relevant du Groupement de la Gendarmerie nationale d’Oran, les quatre douanières avaient commencé leur activité illégale depuis 2010.
L’enquête des gendarmes de la Section de Recherches avait été lancée sur la base d’une plainte déposée contre des officiers de douane et certains transitaires, par le receveur principal des douanes du port d’Oran qui avait constaté, lors d’une opération de comptabilité annuelle, un trou de caisse évalué à près de 12 milliards de centimes.
Les investigations entreprises par les gendarmes de la Section de recherches d’Oran avaient conduit à la saisie de sept faux titres de versement de taxes douanières et la découverte d’enregistrements dupliqués de titres d’acquittement des droits douaniers sur la base de données informatisées, avec de faux renseignements.
A cette époque, les gendarmes avaient constaté au cours de leur enquête la disparition d’une somme d’argent estimée à 47.615.433 DA, non versée à la Recette des Douanes par les transitaires avec la complicité d’un importateur. Aussi, une seconde somme d’argent estimée à 12,43 millions de dinars algérien avait été détournée aussi.
Partant de ces révélations, les gendarmes avaient arrêté 29 personnes impliquées dans cette affaire classée y compris les quatre femmes douanières. Ces dernières avaient avoué avoir détourné de l’argent public.
Les femmes officiers de douane avaient déclaré avoir touché des pots-de-vin après leur coopération avec les transitaires et l’importateur.
Ce qui s’est passé en été 2017 dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès est un cas de figure flagrant sur l’enrôlement et la participation de plus en plus importante de la femme au sein des réseaux de trafic de drogue. Ici, les pelotons d’autoroutes relevant du Groupement territorial de la Gendarmerie Nationale de Sidi Bel-Abbès en mission de routine sur la voie rapide Est-Ouest avaient interpellé, en juillet 2017, trois jeunes femmes en possession, chacune, d’une ceinture bourrée de 20 à 30 kg de drogue.

Les trois femmes et les ceintures bourrées de drogue

Les trois femmes se trouvaient à bord d’un taxi inter-wilaya, elles avaient l’intention de regagner la ville d’Oran, après avoir réceptionné les quantités de kif auprès des acolytes dans la wilaya de Tlemcen.
Ces jeunes femmes avaient été recrutées par des réseaux de trafic spécialement pour transporter des quantités de drogue. Une fois enrôlées, elles se verront confier par la suite des « missions » très particulières. La plus jeune d’entre-elles était âgée de 25 ans, originaire de la wilaya frontalière de Tébessa, là où cette femme trafiquante de drogue avait bâti une luxueuse villa avec des accessoires de très haute qualité à partir de l’argent provenant de ses missions de livraison.
Elles gagnent beaucoup d’argent en contre-partie de leurs « missions » qui leur ont été confiées, en guise de récompense elles perçoivent des sommes d’argent très considérables pouvant atteindre, pour une seule mission, quelques 100 millions de centimes.
Ce mode opératoire est utilisé par des centaines de filles qui, aujourd’hui, n’hésitent pas à faire ce genre d’usage pour s’enrichir très rapidement. Selon les chiffres des services de sécurité, plus de 300 femmes sont interpellées chaque année pour le trafic de drogue.

Arrestation de deux jeunes filles qui racolaient des étrangers à Zéralda

En 2018, et lors d’une opération offensive menée par les gendarmes relevant de la Brigade territoriale de Zéralda, un réseau de malfaiteurs composé de cinq individus, dont deux jeunes filles avait été démantelé. Ledit réseau de malfaiteurs avait ciblé particulièrement les bars-restaurants, boîtes de nuit, cabarets et complexes touristiques à la recherche de proies, où les deux jeunes filles avaient pour mission d’attirer les touristes étrangers vers un lieu isolé. Agées toutes les deux de 22 ans, les deux jeunes filles étaient des complices de ladite bande de malfaiteurs. Elles agressaient et volaient des ressortissants étrangers tout comme leurs acolytes.
C’est à partir d’une filature des gendarmes de la section de recherche que le réseau avait été éliminé et ses membres arrêtés y compris les deux filles.
Ces dernières sont originaires de Béjaïa et d’Oran. Elles étaient chargées de repérer leurs victimes, des étrangers qui fréquentent régulièrement les hôtels luxueux de Zéralda, puis de les attirer vers des bungalows afin d’y passer la nuit ensemble. Mais une fois dans la chambre, les trois acolytes exécutaient le reste du plan, c’est-à-dire, ils agressaient et volaient l’argent en devises, les objets de valeur et les véhicules appartenant à leurs victimes.
En tout, deux ressortissants serbes, une Roumaine et un Italien sont tombés dans les filets des deux jeunes filles de Béjaïa et d’Oran.
Sofiane Abi