Comment faire pour baisser les prix avant le Ramadhan?

Pomme de terre

Les prix de la pomme de terre connaîtront-ils une baisse avant le mois de Ramadhan, qui commence dans trois semaines ? Il faut espérer que des quantités de la nouvelle récolte dans plusieurs wilayas, soient au rendez-vous pour avoir un impact significatif sur les prix, en plus de la poursuite des opérations de déstockage.

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural qui estime que la hausse actuelle des prix de la pomme de terre est injustifiée, alors que la production est jugée suffisante, vient d’annoncer, jeudi, dans un communiqué, le lancement d’une opération de déstockage de 15.000 tonnes de pomme de terre de consommation dès cette semaine pour stabiliser le prix de ce produit. Cette mesure de déstockage vise à «stabiliser le prix de ce produit de première nécessité qui a connu récemment une hausse importante», selon la même source. Le ministère fait remarquer que le prix de revient du kilogramme de pomme de terre ne dépasse pas les 40 DA selon la structure des prix des produits agricoles établie par les professionnels de la filière. Mais les consommateurs constatent qu’elle est en vente dans les marchés à 120 DA/kg et plus. Le ministère de l’Agriculture compte sur les points de vente de proximité ouverts par les structures sous tutelle pour agir sur les prix de la pomme de terre.
Depuis que le secteur public a été exclu du commerce de détails, notamment après la disparition des Souk El Fellah qui permettaient aux consommateurs d’échapper à la hausse des prix, en particulier pour la pomme de terre, les marchés des légumes et fruits sont soumis à un système de prix abusifs qui ignore les intérêts des consommateurs. Pourquoi ne pas accorder une place dans le commerce de détail, au système de distribution du secteur public qui a fait ses preuves ? Le système actuel ne répond pas aux intérêts de la population.
Aujourd’hui, la voie est laissée libre au monopole des spéculateurs qui n’ont d’autres buts que de réaliser des profits indus rapidement par tous les moyens au détriment de l’approvisionnement des Algériens. Le mois dernier, des éléments de la brigade territoriale de la Gendarmerie nationale dans la commune d’Ouled Khlouf, dans la wilaya de Mila ont saisi 800 quintaux de pomme de terre, stockées à des fins de spéculation au niveau d’un entrepôt et arrêté son propriétaire qui sera traduit devant les autorités judiciaires compétentes au tribunal de Chelghoum Laïd.
L’enquête a conclu que les quantités stockées n’étaient pas déclarées auprès des services agricoles et stockées sans l’autorisation de l’inspection territoriale du commerce, et que les semences n’étaient pas agréées par le Centre national de contrôle et de certification des semences et plants (CNCC). Il y a un mois, le ministère de l’Agriculture et du développement rural a annoncé qu’une superficie de plus de 14.000 hectares de production de pomme de terre, contrôlée sur le terrain par ses représentants, était prête à être récoltée au niveau de la wilaya d’Oued Souf, correspondant à une production de plus de 400.000 tonnes. Cette production «permet d’approvisionner le marché en quantité largement suffisante pour couvrir les besoins». On sait que des spéculateurs achètent sur pied des récoltes, notamment de pomme de terre, et ne procèdent pas aux récoltes pour faire monter les prix. Face à cette situation, le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations a déclaré qu’il envisage de prendre des mesures «rigoureuses» à l’encontre des producteurs de pomme de terre qui refusent de procéder au ramassage de leurs récoltes pour augmenter les prix du produit sur le marché. Les services de contrôle du ministère du Commerce effectuent, en coordination avec les services du ministère de l’Agriculture, des opérations de contrôle au niveau des différentes wilayas productrices de pommes de terre afin d’endiguer ce phénomène. Pour rappel, la loi sur la spéculation illégale, entrée en vigueur, prévoit des peines de prison allant de 5 à 10 ans pour les personnes impliquées, voire jusqu’à 30 ans dans certains cas (lors d’une crise sanitaire ou de catastrophe naturelle par exemple). Des voix se sont élevées pour appeler à libérer l’importation de pomme de terre pour casser la spéculation, mais à quel prix ? Faut-il jeter les rares ressources en devises dans l’importation de la pomme de terre – alors que le production nationale est suffisante – au lieu de consacrer cet argent à des besoins intérieurs plus pressants ?
Lakhdar A.